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Gestion du salissement des parcelles et vente directe de graines pour la consommation humaine

De Triple Performance
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Pour trier et commercialiser les graines, les agriculteurs ont investi dans une chaîne de triage dernier cri.


Virginie Bernard aime se lancer des défis. En 2017 elle passe son exploitation en Agriculture Biologique. Elle produit des graines comestibles et n’a pas hésité à investir dans une chaîne de triage haut de gamme.

Fiche d'identité

  • Exploitation : SCEA Bernard.
  • Localisation : Les Thilliers-en-Vexin, Eure (27).
  • Date d’installation : 1993.
  • Situation : Vice-présidente du Cercle d’échange de l’Eure.
  • UTH : 3 associés, 4 salariés.
  • SAU : 170 hectares dont 17 ha pour un poulailler avec parcours.
  • Productions : blé (70 ha), luzerne pour déshydratation (40 ha), colza (11 ha), lentille (30 ha), pois chiche, lin fibre, quinoa, chia, tournesol, œufs plein air.
  • Cahier des charges : Agriculture Biologique.
  • Commercialisation : Coopérative et vente directe.

Contexte de la mise en œuvre

Virginie Bernard a hérité de l'exploitation céréalière familiale avec atelier poules pondeuses plein air en 1993. Elle travaille avec ses deux fils Marius et Eliott en tant qu'associés ainsi qu'avec 4 salariés en temps plein.

La conversion à l'agriculture biologique a commencée en 2017 et s'est terminée en 2021. Avant de franchir le cap, Virginie Bernard avait deux craintes : le salissement des parcelles et un mauvais résultat économique. Mais "Après avoir vu plusieurs parcelles, notamment chez Dominique Collin en Seine-et-Marne, j’étais convaincue que l’on pouvait faire du bio tout en gardant des cultures propres". Pour son autre crainte, un employé du GRAB est venu faire une étude et lui a dit "ça passe il y aura les deux années de conversion qui seront difficiles mais sinon après vous devriez avoir le même revenu", raconte l'agricultrice.

Mise en place

Pour garder des cultures propres, les céréaliers se sont équipés de nouveaux outils tels qu'un semoir d’un écartement de 16 cm, d'une bineuse de 3 m50 et d'une herse étrille, "les agriculteurs qui sont en bio depuis longtemps chez qui ça reste propre ils binent, ils binent tous", explique Virginie Bernard.

En parallèle de cette adaptation technique, elle réfléchit aux cultures qu’elle va mettre sur sa ferme. "Je voyais bien que les graines comestibles commençaient à prendre de plus en plus de place dans les habitudes de consommation des Français", indique la céréalière. "Comme j’aime les défis, j’ai semé des pois chiches, des lentilles, du quinoa, de la cameline et du tournesol ". Alors, la première année, ils dédient 11 ha de leurs 170 ha à la culture de ces légumineuses. Aujourd’hui, ils en comptent 30 ha.


Une rotation-type de l'exploitation est luzerne - luzerne - blé - lin fibre - graines consommation humaine (lentilles/pois chiche/quinoa/ cameline/tournesol/chia) - blé - luzerne.


Pour valoriser les graines, l’agricultrice et un de ses fils ont décidé de les conditionner et également de les transformer en huile. "Nous avons acheté une presse à huile Écoléa pour transformer nos graines de tournesol, lin, cameline et colza", détaille Virginie Bernard.

Les produits sont commercialisés sous la marque « Pousses de Là » dans deux distributeurs automatiques à la ferme : "on est sur une route très passante..." explique l'agricultrice.

De plus, on peut les retrouver dans les Amap, les magasins bio et de producteurs dans un rayon de 80 km autour de la ferme : "On a démarché des magasins bio pas mal sur Rouen, tout ce qui est Normandie en fait, on est un peu les premiers."


Deux distributeurs automatiques ont été installés dans la cour pour faciliter la vente directe

Investissements

Afin de contrer le salissement des parcelles, Virginie Bernard a investi dans un nouveau semoir, une bineuse Garford et une herse étrille.

La réussite de la vente de graines à déguster n’aurait pas pu être possible sans l’investissement conséquent nécessaire au triage. Cette étape, essentielle pour commercialiser des graines, a demandé un investissement de 360 000 € dans une chaîne de triage complète avec un nettoyeur séparateur, table densimétrique et un trieur optique.


Pour rentabiliser cet investissement conséquent, Virginie et ses fils ont proposé des services de triage à des voisins agriculteurs. Aujourd’hui, cette activité va prendre une autre dimension : "Nous venons d’être sélectionnés dans le cadre du Plan de Relance mis en place par le ministère de l’Agriculture", confie Virginie Bernard. Par conséquent, l’exploitation va être aidée à hauteur de 40 % pour l’installation d’un pont à bascule, d’une fosse, de deux cellules et d’un silencieux. Ainsi, les graines en vrac des autres agriculteurs et même de certaines coopératives vont pouvoir être triées à la ferme.

Bilan

Virginie Bernard et ses fils, Eliott à gauche, et Marius à droite.
  • La conversion en bio de l'exploitation a permis de générer de l'emploi : "Je suis hyper fière, mon père, quand il a commencé, avait 22 salariés. Quand j'ai repris je n'en avais pas et aujourd'hui on est 7 et ça va a priori grimper", se félicite Virginie.


  • Un sentiment d'autonomie : "C'est très agréable de maîtriser de la graine qu'on sème jusqu'à l'assiette du consommateur. On maîtrise totalement la filière".


  • Grâce à la vente directe, il y a plus de contacts avec les acheteurs et ça permet aux céréaliers de s'épanouir dans leur travail : "en fait on est beaucoup plus fiers de nos produits. Si le consommateur me demande comment c'est produit je peux lui expliquer, je peux lui partager nos valeurs. Pour rien au monde je reviendrais en arrière."


  • "Mon métier me plaît beaucoup plus aujourd'hui qu'il y a 4-5 ans, il y a plein de trucs à faire et plein de possibilités. On peut tout créer et puis il y a beaucoup de gibiers dans la plaine et ça sent bon !"

Perspectives

La mère et ses deux fils continuent de développer leur activité, ils ont commencé à démarcher des cantines locales et des grossistes.


Depuis quelques jours, les premiers sachets de pâtes et de farine fabriqués à la ferme à partir des céréales et des légumineuses de l’exploitation viennent de rejoindre les graines et les huiles.



Sources






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