Mise en place du semis à la volée pour diminuer les coûts de production

De Triple Performance
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Champ de blé semé à la volée


Michaël Pavan, jeune agriculteur céréalier gersois, s’est installé en 2018 sur l’exploitation familiale en formant le GAEC Couylas avec son père. Cette exploitation spécialisée en grandes cultures entame sa transition en agriculture biologique cette année et s'est lancée dans le semis à la volée pour réduire ses coûts de production.


Présentation du GAEC

Productions

En 2021, l'assolement est composé de :

  • Soja : 91 ha
  • Blé : 67 ha (Variétés Izalco CS, Centurion et Togano, très tolérantes à la plupart des maladies)
  • Maïs consommation : 33 ha sur des parcelles irrigables
  • Maïs popcorn : 34 ha
  • Prairies : 19ha


Habituellement, l'assolement de l'exploitation est également composé d'orge et de tournesol.

La réduction de l'assolement en 2021 est directement liée au passage en bio. Certaines parcelles de l'exploitation sont encore en première année de conversion, Michaël et son père ont donc fait le choix de ne pas cultiver d'espèces peu rentables en conventionnel, tout en supportant l'augmentation des charges de production due à la transition en agriculture biologique.

En 2022, les parcelles seront en deuxième année de conversion, le colza ne pouvant être valorisé en AB, l'assolement sera : blé, soja et un peu de maïs.

Le conseil de Michaël

Pour faciliter la transition en agriculture biologique il est intéressant d'un point de vue économique et agronomique de diversifier les cultures dans l'assolement et de réaliser une rotation de 4 ou 5 ans pour diminuer la pression des maladies et des ravageurs.

Contexte de l'exploitation

  • SAU : 245 ha
  • des parcelles sont en coteaux
  • des parcelles sont en plaines

Caractéristiques pédoclimatiques

  • Les sols sont sablo argileux, principalement composés de boulbènes et d'argiles lourdes terreforts : argiles rouges et argiles noires (taux d’argiles de 40 à 50%).
  • Les réserves hydriques sont très différentes d’une parcelle à l’autre. Les sols sont hydromorphes.
  • Les parcelles sont soumises au vent d’Autan.


Les conditions pédoclimatiques de l'exploitation ne permettent pas d'atteindre des rendements élevés en blé :

  • En hiver, l'hydromorphie des sols asphyxie les racines.
  • Au printemps, en cas de sécheresse et de vent d'Autan, il y a échaudage du blé, ce qui baisse significativement le poids spécifique et le rendement final de la culture.

En général, les exploitations du Gers produisent 60 quintaux de blé en conventionnel et 15 à 25 quintaux en agriculture biologique.

Irrigation

80 ha de l'exploitation sont irrigués :

  • 2 lacs de 35 000 m³ et 16 000 m³
  • Prélèvements en rivière (sous quotas)
  • Matériel utilisé :
    • 2 enrouleurs
    • 3 pivots achetés cette année pour gagner en temps et en efficacité

Modes de commercialisation

  • Les cultures sont vendues à des négociants agricoles car cela permet une flexibilité plus ample pour fixer les prix.
  • Les récoltes sont conservées en stock à plat à la ferme.

Le semis à la volée

Motivations

Michaël Pavan s'est intéressé au semis à la volée à la suite de différents témoignages lus sur Internet. Cette technique répond à un objectif précis sur le GAEC Couylas : limiter au maximum la consommation de gasoil et le temps de travail.

Mise en pratique

Couvert de féverole semé à la volée.

Le semis à la volée est utilisé pour les cultures d'automne et les couverts végétaux sur chaumes de soja, de tournesol, et de blé. Michaël sème de la fèverole à une densité de 160kg/ha.


  • Le semis à la volée demande une grande adaptation de l'itinéraire technique aux conditions météorologiques.
  • De plus, cette pratique est d'autant plus efficace lorsque le semis est réalisé dans de la terre fine afin d'optimiser le contact sol / graine. Pour cela, Michaël travaille parfois au déchaumeur à disque : sur un petit chaume de maïs ou de soja, cela fait un petit mulch mélangé à de la terre fine permettant d’enfouir facilement graines et engrais.
  • Pour sécuriser les semis à la volée, Michaël sème les parcelles irrigables en premier.
  • Le semis à la volée se fait avec l’épandeur d’engrais déjà présent sur l'exploitation à une densité de 190 à 200 kg/ha pour le blé. Le semis est ainsi mené en 18m à 12 km/h et le recouvrement est réalisé à la herse étrille en 12m à 7 km/h.
  • L’idéal pour le semis à la volée serait d’avoir une trémie frontale avec 2 compartiments : semis et engrais en un seul passage puis passage du rouleau si besoin.


Cette pratique demande également d’adapter les choix de variétés, notamment pour les blés : il faut des blés alternatifs.


Lors des semis de blé à l’automne, un temps très sec pousse à adapter les conditions de semis à la volée :

  • Dans le cas où les variétés semées sont très précoces, on peut décider de semer le blé jusqu'en décembre pour s'assurer qu'il pleuve peu de temps après le semis. Attention tout de même à ne pas semer les blés après janvier au risque d’avoir un rendement mauvais, surtout en agriculture biologique : pas plus de 20 kg/ha dans ces conditions!
  • Dans le cas où le semis est déjà réalisé et qu'il n'y a aucune prévision de précipitations, Michaël conseille de passer un rouleau Cambridge. Si la pluie tarde trop, il est nécessaire d'arroser la parcelle.
  • Si le semis est déjà réalisé, que le temps est très sec et que la parcelle n'est pas irrigable, il faut passer la herse rotative.


En 2021, les conditions de semis ont été compliquées :

  • Difficulté à moissonner le soja et le maïs donc libération des parcelles tard
  • Météo très pluvieuse

Malgré ces conditions, le semis à la volée suivi d’un passage d’une petite herse étrille a permis d’avoir des résultats concluants. Le semis à la volée nécessite uniquement l’utilisation d'outils légers permettant ainsi de rentrer sur la parcelle avec un petit tracteur et de limiter le tassement du sol.

Michaël est satisfait des résultats obtenus par le semis à la volée : ils sont similaires au semis réalisés avec des semoirs combinés ou rapides.

Bénéfices

Michaël Pavan
  • Economie de gasoil et de temps.
  • En condition humide, le semis à la volée permet d'éviter tout tassement du sol.
  • La répartition des graines / m² étant plus élevée en semis à la volée, les adventices sont mieux gérées si les blés prennent le dessus dès la levée (pas de semis en ligne donc les blés couvrent bien les parcelles), c’est pour cela qu’il est intéressant de mettre de l’engrais au semis pour booster les blés.

Difficultés

Michaël risque de rencontrer une impasse supplémentaire avec le passage en bio et le semis à la volée : il va travailler le sol finement en surface donc les graines de mauvaises herbes risquent de se retrouver à lever en même temps que le blé.

Annexes et liens

  • Cet article a été rédigé à la suite d'un entretien avec Michaël Pavan réalisé le 19/05/2021.


Leviers évoqués dans ce système

Matériel évoqué dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées

Bioagresseurs évoqués


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