Pâturage des ovins dans les repousses de colza pour faire face à la sécheresse

De Triple Performance
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Brebis pâturant des repousses de colza. Crédit photo : Samuel Foubert.


Nous retrouvons Samuel Foubert berger de plaine sans terre dans l'Eure, mais cette fois en mode système D. La sécheresse estivale provoquant une pénurie de couverts pâturable, Samuel se démène pour trouver de quoi nourrir ses brebis. Grâce à ses voisins céréaliers, il a pu mettre ses brebis à pâturer dans des parcelles occupées par des repousses de colza.

Présentation

Samuel Foubert. Crédit photo : Samuel Foubert.

Motivations

Samuel n'ayant pas de terre, et ne souhaitant ni enfermer, ni nourrir ses brebis avec des granulés, a pour habitude de faire pâturer les couverts végétaux chez des céréaliers qui souhaitent éviter toute intervention chimique ou mécanique pour détruire leurs couverts. Mais cette année (2022) à cause de la sécheresse estivale, les couverts n'ont pas pu être semés et Samuel se retrouve sans ses parcelles habituelles. Il n'a donc pas le choix, il doit trouver du vert pour faire pâturer son troupeau s'il ne veut pas perdre d'animaux.

Heureusement la coopération entre agriculteurs et éleveurs n'est pas un mythe et il peut compter sur ses voisins céréaliers.

Mise en place du pâturage des repousses de colza

Repousses de colza. Crédit photo : Samuel Foubert.

Samuel a osé appeler un céréalier voisin avec qui il n'avait encore jamais travaillé. Ce voisin avait des repousses de colza dans ses parcelles et il a accepté tout de suite l'idée de faire pâturer les repousses par les brebis de Samuel. Il y a même vu un bénéfice pour ses terres par rapport à la fertilisation par les agnelles. Le soir même les paddocks étaient en place sans que l'agriculteur et l'éleveur ne se soient jamais rencontrés !


Le céréalier a mis 5ha à disposition des brebis de Samuel du 10 août au 15 octobre 2022. Les repousses de colza étant bien homogènes et grasses, Samuel a décidé d'y mettre ses 24 agnelles. Il a mis en place un pseudo pâturage tournant : il bouge les agnelles dès qu'un carré est nettoyé et espère pouvoir les faire repasser une fois dessus d'ici le 15 octobre.


En parallèle Samuel a trouvé un autre céréalier ayant lui aussi des repousses de colza à mettre à disposition de son troupeau. Bien qu'étant plus grande, cette parcelle est moins belle car le colza y est moins bien développé et est envahi par de la renouée persicaire. Les brebis passent plus de temps dans ces parcelles car elles commencent par manger le colza qui est plus appétant que la renouée, il leur faut un temps d'adaptation avant de se décider à y goûter.

Parcelles des agnelles

Avant/Après pâturage. Crédit photo : Samuel Foubert.
  • Superficie à disposition : 5 ha.
  • Taille du paddock : 4000m².
  • Date d'entrée : 20 août 2022.
  • Etat de la parcelle : déchaumage superficiel après la récolte du colza. Les repousses de colza sont bien développées (4 feuilles au 30 août).

Parcelles des brebis

  • Superficie à disposition : 9 ha.
  • Taille du paddock : 8000 m².
  • Date d'entrée : 10 août 2022.
  • Etat de la parcelle : broyage assez ras juste après la récolte du colza, présence de renouée persicaire.

Points de vigilance

La santé des animaux

L'alimentation

Le pâturage du colza étant assez nouveau pour Samuel, il garde un œil sur la santé de ses brebis, d'autant plus qu'il a entendu dire qu'il pouvait y avoir des phénomènes de météorisation.

Comme ses agnelles étaient sur de l’herbe très sèche avant d'arriver sur ces parcelles et qu'elles sont passées directement sur ce colza bien gras, il se pose aussi la question d'un risque d’entérotoxémie lié à des changements d'alimentation sans transition comme ici.

Pour le moment tout se passe bien, les brebis ont même l'air d'avoir repris de l'état après le coup de chaleur qu'elles ont subi. Il a également a entendu dire que le colza aurait les mêmes effets que les concentrés alimentaires, il surveille donc tout cela de près.

La chaleur

Les brebis de Samuel ont une belle vue. Crédit photo : Samuel Foubert.

Les parcelles, étant destinées à des cultures céréalières, ne sont pas des plus adaptées au pâturage car il n’y a pas d’arbres, ni de haies où les brebis peuvent s'abriter de la chaleur. Elles sont donc moins actives, restent en troupeau et mangent moins en journée, mais elles sont de nouveau actives le soir. Samuel les fera tondre fin septembre car, grâce à la laine, elles sont quand même isolées du chaud en journée et du froid la nuit.

Le surpâturage

Repousses de colza après pâturage. Crédit photo : Samuel Foubert.

Ici ce n'est pas un problème car de toute façon les repousses de colza étaient destinées à être détruites. Elles le seront à moindre coût.

Perspectives

Samuel a un stock de foin au cas où la situation ne s'améliorerait pas, mais il n'est pas sûr que les céréaliers accepteront qu'il installe un râtelier sur leurs parcelles. Mais il espère que les semis des couverts vont vite pouvoir être faits et que la moutarde se développera rapidement.

En conclusion

"Il faut s’adapter à la situation, comparé à un éleveur en bergerie qui a juste à acheter des granulés et le problème est réglé. Là c’est motivant, même si c’est stressant."


En cette période difficile l'entraide est de mise ! Il faut savoir oser demander si on est face à des difficultés, mais il faut aussi savoir proposer son aide quand on le peut, alors avis à ceux qui ont de quoi faire pâturer des troupeaux ! Ca vous évitera un désherbage et vous apportera des bénéfices agroécologiques !


Samuel fera un suivi de la culture suivante (un blé) par rapport à l'effet du pâturage sur la pression limace et s'il y a eu d'autres impacts positifs ou négatifs sur la culture suite à ce pâturage improvisé.

Pour en apprendre plus sur le pâturage du colza par les ovins

Source

Interview de Samuel Foubert réalisée le 30-08-2022.

Annexes

Leviers évoqués dans ce système

Matériels évoqués dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées


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