Gel
Problématiques liées au gel : prévention, adaptation, traitements curatifs, assurances, ...
Le gel est une menace récurrente pour les cultures, provoquant des pertes économiques importantes. Pour minimiser ses impacts, les agriculteurs doivent adopter des stratégies de prévention et d’adaptation.
Les différents types de gel
Différents mécanismes de formation
Il existe différents types de gel en fonction de leur mode de formation, et connaître les différences permet de mieux anticiper les risques.
- Gel radiatif : Il est lié au refroidissement du sol par transfert de chaleur du sol vers l’atmosphère (c’est ce qu’on appelle le phénomène de radiation). Une inversion thermique se produit : la température en altitude devient plus élevée que la température au sol. Les conditions météorologiques caractéristiques de ce type de gel sont un vent faible voire l’absence de vent (ce qui empêche le mélange des couches d’air et favorise l’inversion thermique) et un ciel clair qui favorise la perte de chaleur vers l’atmosphère (les nuages absorbent le rayonnement thermique et émettent à nouveau vers le sol).
- Gel advectif : Il se forme à cause de l’arrivée d’une masse d’air froid avec un vent fort (>15km/h). Il n’y a pas d’inversion thermique en raison du vent qui mélange les couches d'air.
- Gel d’évaporation : Il est dû à la perte de chaleur par évaporation de l’eau à la surface de la plante[1].
En fonction du taux d’humidité dans l’air il y a également deux types de gelées :
- Gelées blanches : Ces gelées se forment lorsque l’air est très humide. L’humidité associée au froid forme un dépôt de glace sur les plantes.
- Gelées noires : Ces gelées se forment lorsque l’air est sec. Il n’y a pas de dépôt de glace sur les plantes, le nom de ces gelées provient de la couleur que prennent les feuilles après destruction par le gel.
Différentes saisons
- Gelées de printemps : Elles surviennent après le débourrement des plantes et peuvent donc être dévastatrices car elles interviennent au moment où la plante est fragile.
- Gelées d’automne et gelées d’hiver : Elles sont moins dangereuses pour les cultures car les bourgeons sont en dormance, mais les plants peuvent toutefois mourir si les gelées sont importantes et durent dans le temps.
Anticiper les risques de gel
La prévention est essentielle pour réduire les dégâts liés au gel. Elle repose sur des techniques visant à préparer le terrain et les cultures avant l’arrivée du froid.
Choix du terrain
Dans les terrains en pente, l’air froid a tendance à rester en bas car il est plus lourd. Pour limiter cet effet, l’agriculteur peut installer des haies en haut de la pente pour bloquer l’arrivée de l’air froid[2]. Il faut éviter les haies en bas de la pente pour empêcher une accumulation d’air froid.
Pratiques culturales
Certaines variétés notamment en viticulture sont plus résistantes au gel car leur débourrement est plus tardif (par exemple les cépages Carignan et Mourvèdre). Le choix de ces variétés est un levier efficace de lutte contre le gel de printemps.
Article détaillé sur le gel en viticulture : Protéger les vignes du gel
Bien planifier le travail du sol
Le travail du sol juste avant une gelée (3 à 4 jours avant) augmente les dégâts sur les cultures. En effet, un sol travaillé est aéré ce qui favorise l’évaporation de son eau et augmente le taux d’humidité au sein des parcelles[3]. Une parcelle de vigne travaillée mécaniquement entraîne 30% d’humidité supplémentaire au niveau des bourgeons[4]. Il est donc préférable de ne pas travailler son sol en cas de risque de gelée, et de travailler le sol au minimum une semaine avant un épisode de gel. Un sol bien préparé, non tassé et sans excès d’humidité favorise une meilleure résistance au gel.
Lutte directe contre le gel
Lorsque le gel est imminent ou déjà présent, il existe des solutions pour protéger les cultures.
- Aspersion : L’arrosage crée une couche de glace protectrice autour des bourgeons, empêchant leur température de descendre sous -1 °C.
- Brassage d’air : Utiliser des tours antigel, des drones ou des hélicoptères pour mélanger l’air chaud en altitude avec l’air froid au sol.
- Chauffage : Les chaufferettes, brûleurs ou bougies augmentent la température ambiante et protègent contre des températures allant jusqu’à -9 °C.
- Couverture : Recouvrir les vignes avec des bâches ou voiles anti-gel (interdits en AOC) ou recouvrir le sol avec de la paille ou du plastique pour limiter la perte de chaleur. Cependant cela peut aggraver la situation en cas de gel advectif car le froid s’accumule sous la couverture.
- Voile de fumée : Créer un voile de fumée ou un brouillard artificiel pour limiter la perte de chaleur par rayonnement notamment dans le cas d’un gel radiatif.
Assurances
Face aux épisodes de plus en plus fréquents de gel, souscrire à une assurance adaptée peut être une solution pour assurer ses revenus.
Assurance multirisque climatique
Solution d’assurance la plus couramment souscrite par les agriculteurs pour se protéger contre les risques climatiques comme le gel, c’est une assurance subventionnée en partie par l'État qui propose différents niveaux de couverture avec des options pour mieux adapter la protection aux risques spécifiques de chaque exploitation.
Assurance paramétrique
Les outils technologiques actuels permettent de disposer de données climatiques fiables qu’il est possible d’analyser. L’assurance paramétrique s’appuie sur ces paramètres ainsi que sur des indices prédéfinis et corrélés aux pertes pour mieux assurer les exploitants. L’indice peut être :
- Climatique (température, pluviométrie…)
- De rendement
- Lié à un phénomène exceptionnel
Une fois un seuil critique dépassé, cette assurance permet une indemnisation rapide et automatique sans nécessiter d’expertise de terrain. Pour souscrire à un contrat d’assurance paramétrique, l’agriculteur doit pouvoir fournir des données fiables issues de son terrain (via une station météo installée sur l’exploitation par exemple).
Sources et références
- ↑ https://www.pleinchamp.com/actualite/les-differents-types-de-gel-et-leurs-parametres-de-developpement
- ↑ https://fr.blog.sencrop.com/comment-lutter-contre-le-gel/
- ↑ https://www.reussir.fr/vigne/quels-effets-de-lherbe-et-du-travail-du-sol-sur-le-risque-de-gel-en-viticulture#:~:text=Un%20travail%20du%20sol%20r%C3%A9cent,augmente%20la%20sensibilit%C3%A9%20des%20bourgeons.
- ↑ https://www.vitisphere.com/actualite-98525--pas-de-travail-du-sol-dans-les-vignes-avant-un-gel-sinon-bonjour-les-degats-.html