Impacts et actions suite à un stress thermique en élevage bovin

De Triple Performance
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Vache Prim'Holstein, Morbihan.jpg

Le stress thermique désigne l’incapacité du bovin à maintenir une température normale lorsque la température et l’humidité sont élevées. Le rumen étant un gros fermenteur, il dégage de la chaleur. L’optimum thermique pour la vache laitière se situe donc entre 5 et 15°C. Au-delà de ces valeurs, l’animal va mettre en œuvre des mécanismes de compensation pour maintenir la température corporelle constante. Passé un certain seuil, ces mécanismes sont dépassés et la température rectale s’élève : le bovin est alors en stress thermique.

Les conséquences de ce stress thermique sont nombreuses, c'est pourquoi il faut savoir le repérer et le limiter.

Détecter le stress thermique dans son troupeau

Observer son troupeau

Idéalement, le stress thermique s’évalue en mesurant la température des animaux à priori en bonne santé. En temps normal, cette température se situe autour de 38-38.5°C et s’élève en cas de stress thermique. Il est possible d’observer un stress thermique en comptant les mouvements respiratoires.

Score d'halètement et température corporelle (T°C) des vaches laitières [1]
Score d'halètement Description Respirations par minute Stress thermique
0 Normal sans halètement. <60 -
1 Halètement léger, bouche fermée sans salivation. 60-90 Stress léger à modéré

T°C > 38,5

2 Halètement rapide avec salivation. Pas de halètement bouche ouverte. 90-120 Stress modéré à sévère

T°C > 40

3 Halètement bouche ouverte et hypersalivation. Cou étiré et tête souvent levée. 120-150 Stress sévère

T°C > 41

4 Bouche ouverte avec langue complètement sortie pendant de longues périodes et hypersalivation, hypersalivation souvent associée à un cou étiré vers l’avant. >150 Stress très sévère

Cela ne donne qu'une indication sur la température mais les vaches sont aussi très sensibles à l'humidité.

L'ITH (Indice Température/Humidité)

L'ITH (ou en anglais THI : temperature-humidity index) tient compte de la température et de l'humidité relative de l'air. Ce n'est pas l'indicateur le plus complet mais il présente l'avantage de pouvoir être calculé facilement et à grande échelle, ces deux paramètres étant mesurés dans chaque station météorologique et étant publiquement disponibles. Les signes de stress thermique apparaissent dès que le THI atteint 68. Pour plus de précision, voir les annexes.

Echelle pour évaluer l'ITH

Il est possible de faire une courbe prévisionnelle de l'ITH pour anticiper les grandes chaleurs et mettre en place des actions préventives.

ITH prévisionnel


Il existe aussi des applications mobiles qui estiment au jour le jour l'ITH et qui prévoient ainsi les épisodes de stress thermique : Thermotool[2] de CCPA et Heatstress [3]de Phileo.

Les risques du stress thermique

Modification du métabolisme

Les besoins d'entretien de la vache augmentent avec la température. Le métabolisme va en effet être modifié pour maintenir la température corporelle autour de 38,5°C. Ainsi, on observera une augmentation de la fréquence respiratoire, une transpiration plus abondante et une augmentation du rythme cardiaque. Si ces mécanismes de régulation ne sont pas suffisants, les températures rectales et vaginales vont augmenter.

Modification du comportement de la vache

Les vaches vont réduire le temps passé allongées d'environ 30% pour rester debout afin de mieux dissiper la chaleur. Elles vont aussi chercher activement des points d'abreuvement et d'ombre. Si elles boivent plus, elles se nourrissent moins et ruminent moins longtemps pour limiter la production de chaleur. Cette baisse d'ingestion (10 à 35%) sera plus prononcée chez les animaux nourris avec une ration composée majoritairement de fourrages. De plus, la rumination stimule la production de salive qui permet le bon fonctionnement du rumen. Une diminution de rumination et d'ingestion sera donc accompagnée d'une limitation de la capacité de production de la vache.

Réduction de la production laitière

La baisse de production est liée à la diminution de l'ingestion mais surtout à la modification du métabolisme. L'intensité de cette baisse dépendra :

  • De l'intensité et de la durée du stress : plus l'ITH est grand et plus le stress est long, plus la baisse de production sera conséquente.
  • Du niveau de production initial de l'animal : plus la vache est productive, plus la baisse sera importante.
  • De son stade de lactation : la production des vaches en milieu de lactation est plus impactée que celles en début ou en fin de lactation. D’après une étude menée par Brian Lang en 2011, pour les vaches produisant plus de 45 kg de lait par jour, le calcul de l’ITH devrait prendre en compte une température de 5°C supérieure à la température réelle.

Altération de la composition du lait

La teneur en lactose n'est pas affectée par le stress thermique.

La matière grasse est tantôt non impactée et tantôt plus faible en cas de stress thermique. Un suivi de la teneur en acides gras peut être un bon indicateur de la santé des animaux.

La teneur en protéines a elle tendance à diminuer en cas de stress thermique.

On peut aussi souvent observer une hausse de score de cellules somatiques pendant les périodes où l'ITH est élevé.

Dégradation de la reproduction

Chez les femelles, on peut observer plusieurs modifications du fonctionnement du système reproducteur :

  • Baisse de la qualité des follicules et des ovules.
  • Baisse de l'intensité et de la durée des chaleurs.
  • Taux de conception plus faible.
  • Mortalité embryonnaire accrue.

Tout cela compromet la fertilité et la fécondité des vaches.

Bien-être et santé compromis

On peut observer en cas de stress thermique :

  • Des comportements de compétition lorsque l'ombre disponible est limitée et pour les points d'eau.
  • Une perturbation du fonctionnement du rumen : vaches plus susceptibles d'entrer en acétonémie.
  • Des risques accrus de problèmes de pattes (boiteries).
  • Des cas de mammites cliniques plus fréquents.

Souffrance des femelles taries, des jeunes et des fœtus

Les veaux, dont les mères ont été soumises à un stress thermique en fin de gestation, présentent un poids de naissance plus faible et ont accès à un colostrum de moins bonne qualité, ce qui peut menacer leur survie.

De plus, les lactations seront plus faibles pour des femelles dont les mères ont été soumises à un stress thermique en fin de gestation.

(Source : Cniel)

Activer des leviers pour limiter le stress thermique

Adapter la gestion quotidienne du troupeau

(Source : Eilyps)
  • Si les animaux sortent au pâturage, garder-les plutôt en bâtiment la journée et sortez-les la nuit. Sinon, des arbres au pâturage peuvent permettre de créer des points d'ombre. L'agroforesterie générera un microclimat bénéfique au confort et au bien-être des animaux.
  • L’abreuvement est un point clé pour limiter les effets du stress thermique. La consommation peut facilement augmenter de 50% et passer de 85L à plus de 120L/j. Il faut donc veiller à l’approvisionnement en eau des abreuvoirs, les nettoyer quotidiennement et rajouter des points d’eau supplémentaires s’il le faut. Il faut également s’assurer que la température de l’eau n’augmente pas trop, autrement dit, éviter que les abreuvoirs soient en plein soleil. Il est conseillé que chaque vache puisse avoir accès à au moins 10 cm de longueur d'abreuvoir.
  • L'idéal est de multiplier les distributions alimentaires pour proposer des quantités réduites à chaque fois. Cela permettra d'éviter des pics de fermentation ruminale et d'éviter que les vaches trient leur nourriture. Si on souhaite limiter le nombre de distributions, la ration doit être majoritairement ingérée le soir et au petit matin. Les distributions auront lieu en priorité en fin de journée pour éviter l’échauffement et augmenter l’ingestion.
  • Il peut être intéressant d'ajouter 3 à 5 litres d'eau par vache dans la ration pour en améliorer l'appétence et augmenter l'apport d'eau aux animaux. L’utilisation d’un stabilisateur de fourrages comme l’acide propionique aide aussi à limiter l'échauffement de l'auge.


Adapter l'alimentation

  • L’ingestion étant moindre et les besoins énergétiques accrus, il faut densifier la ration en énergie et en protéines tout en maintenant un taux de cellulose suffisant (18%) pour préserver la rumination et l’équilibre de la flore ruminale.
  • Les pertes minérales sont importantes lors de stress thermique, notamment via les urines, la transpiration et la respiration. Une augmentation temporaire du complément minéral et vitaminique permet de pallier ces pertes tout en apportant des vitamines et oligo-éléments supplémentaires limitant le stress oxydatif et donc le déficit immunitaire.
  • Les risques de sub-acidose sont majorés ces jours-là. L’apport de bicarbonate permet de réduire ce risque.
  • Des compléments nutritionnels à base de levures, de plantes stimulant l’appétit, des suppléments en oligo-éléments et vitamines permettent de maintenir des performances correctes même en cas de fortes chaleurs. Vous pouvez avoir recours à un complément alimentaire comme ThermoSan®[4], disponible chez San’Élevage, qui aide les vaches laitières a mieux supporter les pics de température.


Avoir un bâtiment adapté

La fréquence des pics de chaleurs nous force à réfléchir aux moyens efficaces pour améliorer le confort et le bien-être du troupeau. Avant de débuter des travaux d’aménagement dans le bâtiment, il faut vérifier les points suivants :

  • Le bâtiment laisse-t-il suffisamment circuler l’air ? Les entrées et les sorties d’air sont-elles bien positionnées ?
  • La litière des vaches est-elle adaptée ? Reste-t-elle saine et sèche ?
  • Si le système de ventilation naturelle est inadapté, est-il possible d’installer un système de ventilation dynamique type brasseur d’air ou brumisateur ?

Les vaches doivent rencontrer à l’intérieur des bâtiments des conditions qui atténuent l’impact des fortes chaleurs. L’été, le bâtiment doit ressembler à un parasol sans aucun frein à la circulation de l’air.


Limiter le rayonnement des parois, de la toiture et de l'environnement du bâtiment

  • Limiter la hauteur des murs exposés au soleil car ils restitueront la chaleur en fin de journée et ralentiront ainsi le rafraîchissement du bâtiment.
  • Les zones vertes herbagées autour du bâtiment doivent être maintenues le plus possible.
  • Ne pas poser de plaques translucides en toiture sur les côtés exposés au soleil (le cas échéant, elles doivent être recouvertes de l'intérieur par une peinture d'ombrage).
  • Isoler la toiture, notamment quand elle est proche des animaux. Une épaisseur de 4 cm de panneau isolant est suffisante. L'intérêt de l'isolation dans les bâtiments volumineux est réduit mais dans les bâtiments de faible volume elle réduit la température ressentie d'en moyenne 1,5°C.
  • Choisir des couleurs claires pour la toiture pour réduire la chaleur emmagasinée.

Bénéficier de la ventilation naturelle

Bâtiment très ouvert (Source : Idele)
  • La ventilation est plus efficace dans les bâtiments étroits et exposés aux vents. Les longs pans ne doivent pas être obstrués par des constructions telles que des silos, le bloc de traite, la nurserie...
  • L'ouverture des portails est bénéfique sauf quand ils sont exposés au soleil.
  • Ouvrir davantage les bâtiments : les vaches laitières sont très peu sensibles au froid, la construction d'un bâtiment très ouvert est envisageable dans beaucoup de régions. Côté Est, Sud et Sud-Ouest, les ouvertures doivent être protégées des rayons du soleil en période estivale grâce à l’aménagement de débords de toiture ou avec des filets d’ombrage légers. Côté Ouest, des rideaux brise-vent peuvent être posés, quand le soleil décline, en décalage de la façade pour apporter de l’ombre tout en facilitant la circulation de l’air.
  • Pour apporter des vitesses d’air au niveau des animaux, la solution en ventilation naturelle est d’aménager des ouvertures libres les plus basses possibles en long-pan.


La ventilation mécanique pour compléter

Quand les solutions précédentes ne suffisent pas, on peut avoir recours à la ventilation mécanique. Pour plus de détails sur la ventilation mécanique, cliquez ici.

Ordres de priorité de l'équipement des ventilateurs (Source : Cniel)
Priorités Traite conventionnelle Traite robotisée
1 L'aire d'attente Les zones de couchage, la zone d’accès à l’auge et l’aire d’attente devant les robots
2 Les zones de couchage et la zone d’accès à l’auge Les couloirs de circulation entre rangées ou à l’arrière des logettes
3 Les couloirs de circulation entre rangées ou à l’arrière des logettes

Le douchage et/ou la brumisation peuvent être intéressants. Ce n'est pas très développé mais cela peut être très utile notamment dans les parcs d’attente pour soulager les vaches lorsqu'elles sont entassées en attendant la traite. Ils ne doivent être développés que dans les bâtiments ouverts ou convenablement équipés de ventilateurs.

Brumisation (Source : Eilyps)

Nurserie

Pour les veaux, il est primordial de veiller à une ventilation de qualité, sans les courants d’air pour éviter qu’ils tombent malade. Gérer l'ambiance de sa nurserie durant les périodes de stress thermique est primordial.



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Cette page a été rédigée en partenariat avec Breeder Connect

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Annexes


ITH-stress thermique.jpg

Impacts du stress thermique sur les vaches laitières, Cniel Améliorer le confort thermique des vaches laitières en bâtiment en période chaude, Cniel

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