Noue

De Triple Performance
Aller à :navigation, rechercher
Noues. Crédit photo : Alain Malard.



Les noues ou baissières (swale en anglais) sont des fossés fermés, équipés d’un trop plein qui stockent momentanément l’eau de ruissellement en haut des parcelles, canalisent les eaux et permettent l’infiltration de l’eau dans le sol[1]. Elles sont de plus en plus utilisées pour limiter les risques d'inondation, d'érosion des sols et de sécheresse.

Description

Une noue est une sorte de fossé peu profond et large, végétalisé, avec des rives en pente douce, qui recueille provisoirement de l'eau de ruissellement, soit pour l'évacuer via un trop-plein, soit pour la laisser s'évaporer (évapotranspiration) et/ou s'infiltrer sur place permettant ainsi la reconstitution des nappes phréatiques.

Ce système peu profond, possède des pentes douces et permet ainsi de gérer les flux hydrauliques de façon intégrée dans un projet. Les noues possèdent l’intérêt de limiter les ruissellements qui sont sources d'érosion et de concentration des pollutions et d’augmentation trop rapide des eaux vers l’aval.

On peut observer dans certaines noues, des plantations d’arbres et de végétaux hydrophiles. Ils permettront ainsi une meilleure infiltration de l’eau grâce à leurs racines. Dans ces systèmes de rétention, il sera préférable de planter des espèces adaptées aux milieux humides. Les noues sont un lieu privilégié qui permet le développement de la biodiversité.

Types de noues

Il existe plusieurs types de noues en fonction des conditions d'infiltrabilité dans le sol : noue infiltrante, noue drainante, noue mixte.

  • La noue peut résulter d'un relief naturel (exemples : ancien bras mort, dépression allongée) ou être un aménagement créé par l'homme, généralement dans le cadre de dispositifs de lutte contre le ruissellement urbain ou agricole.
  • La noue peut être simplement engazonnée et périodiquement fauchée (fauche tardive si le dispositif intègre un objectif de protection de la biodiversité) ou tondue. Elle est parfois pâturée.
  • Elle peut être individualisée ou discrètement fondue dans un aménagement paysager ou éco-paysager. Elle fait alors généralement l'objet d'une gestion écologique et donc différenciée. Son principal objectif étant la gestion de l'eau, voire une gestion restaurative de l'eau quand elle est plantée d’hélophyte de manière à lui adjoindre un rôle de lagunage naturel, on évite ainsi tout usage d'engrais et pesticides.
  • Selon la qualité de l'eau qu'on y conduit (risque de pollution), les fonctions recherchées pour la noue et la vulnérabilité et la proximité de la nappe phréatique, elle peut contenir un substrat drainant ou au contraire être construite sur un apport d'argile (par exemple de la bentonite), un géotextile ou une bâche totalement étanche.

Utilité

Intérêt hydraulique

Les noues sont une des nombreuses techniques alternatives pour la gestion des eaux de ruissellement. Elles présentent l'avantage d'évacuer lentement l'eau de pluie, ce qui permet l'infiltration et la recharge des nappes locales en diminuant les risques de sécheresse. Elles permettent de gérer l’eau au plus près de son point de chute, avec des solutions passives (ne dépendant pas de pompes, vannes et tuyaux qui risquent de se boucher, etc.). Si elles sont souvent alimentées en eau, elles contribuent à la restauration du réseau de zones humides (avec une éventuelle vocation de lagunage naturel). Elles évitent ou limitent le ruissellement, qui est un puissant facteur de pollution de l’eau et de transferts rapides de polluants vers l'aval.

Potentiel écologique

Les noues sont d'abord une zone-tampon pour l'eau pluviale ou de crue, mais elles peuvent faire éventuellement partie d'un projet paysager ou agricole.

Elles permettent d’intégrer dans et au bord des parcelles, des corridors riches en végétation et en faune sauvage adaptées au sol et au climat pour réduire l’impact des bio-agresseurs.

Avantages

  • Les noues luttent à échelle locale, à la fois contre les inondations et les sécheresses.
  • Elles contribuent au réapprovisionnement des nappes souterraines.
  • Elles ont un faible coût et une très faible empreinte écologique par rapport aux solutions classiques (bassins artificiels, tuyaux, pompes, filtres mécaniques).
  • Elles permettent de moindres rejets de polluants dans le milieu naturel grâce au pouvoir épurateur des plantes, bactéries, champignons (à condition qu'il n'y ait dans l'eau que des polluants biodégradables).
  • Elles sont fiables, en tant que système passif et solution éco-technique en grande partie auto-entretenue par les processus écosystémiques naturels.
  • Elles produisent du bois (chauffage, BRF, œuvre…) des fruits, des légumes


Mise en place

Comme les keylines, les noues, suivent les courbes de niveau de la parcelle, ce sont des fossés fermés. La noue deviendra une super keyline qui accumulera beaucoup plus d’eau. Ce fossé de 80 à 120cm de large et d’une profondeur de 30 à 40cm, sera en aval de la pente surplombé d’une petite butte permettant d’augmenter la capacité de stockage de l’eau. C’est sur cette butte que seront plantées les diverses essences forestières et les arbres fruitiers, cette première haie sera doublée d’une haie de petits fruits sélectionnés en fonction du climat et du sol pour compléter la production fruitière. A la base de la butte (une zone qui sera régulièrement plus riche en eau), une troisième haie de culture légumière pérenne (asperge, artichaut, ou autres demandant peu d’entretien) pourra aussi trouver sa place.

La noue va répartir, infiltrer, stocker les eaux de ruissellement. Chaque noue sera équipée, à l’une de ses extrémités, d’un « trop plein » qui évacuera les excédents d’eau vers différents fossés qui peuvent alimenter une ou plusieurs mares.


Les noues au domaine d’Arton (Gers) : réalisation en suivant les courbes de niveau pour capter, étaler et infiltrer les ruissellements, puis introduire la biodiversité dans les parcelles. Crédit photo : Alain Malard.


Les noues qui vont souvent traverser de part en part les parcelles, deviennent rapidement des corridors ou la faune sauvage va pouvoir circuler et s’installer (oiseaux, gibier, insectes et auxiliaires multiples). Elles deviennent aussi une source d’approvisionnement en bois (chauffage, BRF) en fruits, petits fruits, essences pour tisanes, légumes et plantes médicinales. Elles deviennent le "point névralgique" central de la biodiversité de la parcelle.

En fonction de la pente, de la dimension et du nombre de points clés de la parcelle, il sera possible d’installer une ou plusieurs noues. Le plus souvent, la vigne qui elle aussi va suivre les courbes de niveau, longera les noues. C’est le long des noues, en amont, que l’on va placer les chemins qui traverseront les parcelles.

Vue aérienne des noues tracées sur une parcelle de 10 ha à Lectoure dans le Gers – Domaine d’Arton. Crédit photo : Alain Malard.

Swale calculator

Voici un outil qui va permettre de calculer/définir à partir du nombre et de la longueur des noues/baissières souhaitées, leur largeur minimale, le volume d'eau capable d'être capté/réparti/infiltré, leur position et leur écartement entre elles : Swale-calculator[2].


Il tient compte de :

  • Du nombre de noues souhaité (Desired number of swales).
  • De la distance entre le haut du versant (colline) et le bas de la parcelle en mètre (Distance from bottom to top of hill (m)).
  • Du volume des grands évènements pluvieux les plus intenses en mm (Volume of rainfall in a large event (mm)).
  • De la longueur de chaque noue (Length of swale (m)).
  • De l'estimation de la pente en degrés (Estimated slope above swale in degrees). Par mesure de sécurité et d'efficacité, il ne faudra pas faire de noue, si la pente est supérieure à 22° soit 40% car il y a risque de glissement de terrain, débordement...
  • De l'estimation du pourcentage de ruissellement (Select estimated percent of runoff). Prendre en compte la composition du sol + sa couverture + la méthode culturale.


Une fois ces paramètres indiqués, le calculateur indique pour un nombre et une longueur de noue choisis :

  • La distance en mètre où doit se positionner la noue par rapport au bas de la parcelle.
  • Le volume d'eau capté en m3 pour chaque noue, lors des grands évènement pluvieux.
  • La surface utile en m² par mètre linéaire minimale pour capter le ruissellement (sachant qu'une noue "standard" à une profondeur entre 30 et 40cm). On peut le traduire par la largeur minimale en mètre que devra avoir la noue.


Valorisation des noues

Les noues peuvent devenir une source nouvelle de production demi-sauvage, qui ne demandera que très peu d’entretien, tout en incitant à venir quand même les entretenir, au moins une fois par an.


L’idée n’est pas de chercher à englober les filières de production, mais de passer des accords avec des professionnels de chaque filière, qui vont s’occuper de traiter, conditionner, voir de commercialiser ses productions. Il restera ainsi possible de disposer de produits finis afin de pouvoir les commercialiser au domaine.


Ces productions peuvent être multiples en fonction des sols et du climat local et se situer en doublage ou triplage des haies :

  • Mûres, Myrtilles ou Framboise : en tisanes (feuilles) et confitures (fruits).
  • Poires et pommes : poirés et cidres.
  • Théiers : Thés.
  • Abeilles et arbres à fleurs avec une floraison étalée : multiples miels.
  • Oliviers : huiles, olives de bouche ou encore tapenades et savons.
  • Lavandes et Thyms : huiles essentielles, aromates ou gelées.
  • Artichaut et/ou asperges : légumes frais,...

Il est également possible de planter des essences forestières diverses telles que : cornouillers, saules, tilleuls, frênes, ... . de préférence issues de la germination de graines ou de noyaux, car à partir de là, ils vont produire une racine principale en pivot, comme pour les fruitiers, qui pourra s’enfoncer profondément dans le sol. Les racines secondaires se diffuseront beaucoup moins à l’horizontale et les arbres tolèreront davantage la présence de la vigne et des autres végétaux et vice et versa.


Dans ces conditions de biodiversité absolue, d'humidité de sol sans excès (et résiduelle même en été), de sols favorables, ces productions ne demanderont qu’à être récoltées et pour certaines juste écimées et un peu taillées.

Réglementation

Les noues ne sont pas soumises à déclaration ou réglementation. Par contre lors du design et dans leur réalisation, les fossés existants et tous les passages d'eau ne peuvent pas être modifiés ou détournés. De nouveaux fossés peuvent être créés dans les mêmes conditions que les noues. Les mares elles répondent à une règlementation spécifique.

Les mares et la réglementation pour faire simple

Si cet article vous a plu, n'oubliez pas de l'applaudir en cliquant ci-dessous. Pour rester informé des évolutions qui lui seront apportées, cliquez sur "Suivre". Et si vous voulez partager votre expérience avec la communauté autour de ce sujet, cliquez sur "Je le fais".

Sources

  1. Malard Alain. Vignes, vins et permaculture. Editions France Agricole. 2021.
  2. Voir cet article qui explique l'utilisation du "Swale calculator" : Les baissières de A à Z partie 2/2


Annexes

Cette technique s'applique aux cultures suivantes

La technique permet de favoriser la présence des auxiliaires et bioagresseurs suivants

La technique limite la présence des auxiliaires et bioagresseurs suivants

La technique est complémentaire des techniques suivantes

Cette technique utilise le matériel suivants

Partager sur :