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Pâturage rotatif à la Bergerie des 3 abeilles

De Triple Performance
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Alexandre Lamy a mis en place un système de pâturage rotatif pour ses brebis afin qu'elles soient alimentées quasi exclusivement avec l’herbe de ses prairies permanentes afin d'éviter au maximum l'achat de fourrage et de concentrés.

Contexte

Installé en 2018, après une reconversion des BTP, Alexandre Lamy a racheté une bergerie de 54 hectares (dont 42 productifs selon la PAC et 8 ha de fauche) et un troupeau de 200 brebis Mérinos précoce dans le but de produire des agneaux en profitant au maximum de l’herbe. Il pratique le système de pâturage tournant d’André Voisin sur des prairies permanentes de moyenne montagne. C’est un système complètement différent de celui utilisé par ses prédécesseurs qui étaient beaucoup plus mécanisés et faisaient plus de cultures. Lui a misé sur une optimisation de l’utilisation des prairies permanentes pour alimenter ses moutons.

Méthode de gestion du troupeau

  • Les agnelages sont programmés pour profiter un maximum de l’herbe disponible :
    • 1 agnelage principal (90%) a lieu en février/mars pour profiter au maximum de l’herbe du printemps. L’objectif est d’arriver au mois de juillet, lorsque l’herbe commence à manquer à cause de la sécheresse, avec des brebis vides et tous les agneaux vendus pour passer le plus chaud de l’été avec le moins de bêtes possible et avoir le moins de travail au champ.
    • 1 deuxième agnelage (10%) est programmé en novembre pour profiter de l’herbe qui a poussé avec les orages de fin d’été. Celui-ci concerne principalement les brebis qui n’auraient pas eu d’agneau au printemps.
  • A Noël il fait une échographie aux brebis :
    • Les vides sortent dans les prés.
    • Les pleines restent à la bergerie car le sol est trop humide pour elles.

Toutes ressortent au pré dès la mi-février. L’idée est d’utiliser le moins de fourrage et de concentrés possible car il doit en acheter la plupart.

  • Tonte le 20 février avant l’agnelage, car c’est le moment ou le brin de laine est le plus long et le moins cassant.
  • Les brebis commencent ensuite le pâturage rotatif en changeant de parcelle toutes les 48h jusqu’à l’été.
  • En été, elles sont mises dans les bois pour laisser pousser les prairies et parce qu’il y a plus d’herbe fraîche et d’ombre.
  • Les clôtures électriques intérieures sont retirées à l’automne pour que les brebis puissent circuler librement sur toutes les parcelles.

Races

Race Mérinos précoce choisies pour :

  • Leur bonne rusticité.
  • La bonne résistance à la chaleur (43°C en été).
  • Production de laine de bonne qualité en grande quantité (5kg/an/brebis).
  • Bonne valorisation de la laine auprès d’une entreprise locale, « Laines Paysannes », qui fabrique des produits en laine et l’achète à bon prix (2€/kg pour la laine Mérinos contre 0,1€/kg pour la laine de la race locale).
  • 1,2 agneaux/brebis/an.

L’achat du troupeau lui a coûté : 70€/vielle brebis, 100€/brebis mère, 120€/jeune brebis.

Equipements

  • 1 étable pour rentrer les bêtes en hiver.
  • 1 tracteur.
  • 1 quad.
  • 1 gyrobroyeur pour éliminer les refus et débroussailler certaines parties peu exploitables (ronces…).
  • 1 parc de tri mobile pour séparer les animaux.
  • 1 chien de berger.
  • 2 mangeoires qu’il déplace sur les parcelles toutes les 48h.
  • Des clôtures électriques mobiles pour délimiter les parcelles intérieures et des clôtures fixes extérieures.
  • Des points d’eau à proximité de chaque parcelle (il a enterré à 60cm de profondeur 1,5km de canalisation d’eau pour avoir de l’eau sur toutes les parcelles).

Le reste du matériel utilisé ponctuellement est loué auprès de la CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole) locale ou emprunté aux voisins.

Alimentation

  • Les brebis sont alimentées quasi exclusivement avec l’herbe des prairies permanentes hormis lorsqu’il y a de la neige en janvier.
  • En plus de l’herbe, il alimente les agneaux avec des granulés pour les engraisser jusqu’à 40kg.
  • Il doit les supplémenter avec des pierres à sel et des minéraux pour améliorer le système immunitaire de ses bêtes.

Gestion de pâturage avec la méthode de pâturage rotatif d’André Voisin

  • L’exploitation a été divisée en plusieurs parcelles dimensionnées pour nourrir son troupeau de brebis (environs 350 têtes) pendant 48h. Elles varient de 1,5ha à 2,5ha en fonction de la quantité d’herbe qu’elles produisent.
  • Il y a 3 variables importantes à surveiller dans ce système :
    • Quand rentrer les bêtes sur une parcelle ? Il doit les mettre avant que l’herbe ne mesure plus de 40cm (hauteur de mollet) car après l’herbe devient trop ligneuse et est moins bien assimilée.
    • Combien de temps les laisser ? S’il ne les laisse pas assez longtemps (moins de 24h) elles ne mangent que les pousses les plus tendres et ne mangent pas les fibres ce qui conduit à une mauvaise rumination et à des diarrhées. S’il les laisse trop longtemps (plus de 72h), elles commencent à manger les repousses et tondent l’herbe à moins de 5cm ce qui ne laisse plus assez de réserve aux plantes pour repartir rapidement. L’herbe met alors 2 fois plus de temps à repousser ce qui a pour effet de diminuer la production d’herbe et donc de brebis sur une même surface.
    • Quand les sortir de la parcelle ? Lorsque la hauteur d’herbe atteint environ 5cm. (Ne jamais descendre en dessous pour ne pas pénaliser la repousse).
  • Les brebis vont passer sur chaque parcelle plusieurs fois dans l’année (entre 5 et 10 fois) pendant 48h à chaque fois en moyenne et ne reviennent pas sur une même parcelle avant 3 semaines à 1 mois.
  • Le sens de rotation se fait en fonction de l’observation de la hauteur d’herbe disponible.

Méthode de calcul utilisée pour le dimensionnement des parcelles

  1. Définir ses besoins en argent annuel --> nombre d’agneaux vendus nécessaire --> nombre de brebis mères nécessaires.
  2. Sachant que les brebis ont besoin de 1,5 à 2kg/jour de matière sèche (équivalent à environ 6kg/jour d’herbe), calcul des besoins en fourrage par jour et par an.
  3. Sachant qu’une prairie permanente produit en moyenne 15kg/jour/ha de matière sèche, calcul de la surface nécessaire totale et du temps au bout duquel elle aura produit assez d’herbe pour nourrir son troupeau -> temps au bout duquel il pourra théoriquement revenir sur sa parcelle.
  4. Confronter ces calculs à la réalité car chaque parcelle produira différemment en fonction du climat, de l’exposition... Faire preuve d’observation et d’instinct.


Gestion de la prairie

  • Il n’utilise pas d’engrais chimique, uniquement du fumier. Les prairies ne sont pas semées : il a remarqué que les prairies naturelles étaient beaucoup plus riches, diversifiées et productives que les prairies semées.
  • Chaque année, il laisse certaines parcelles monter à graine au printemps pour favoriser leur renouvellement et améliorer leur diversité.
  • La nature de ses prairies change avec la saison :
    • Les graminées sont les premières à sortir après l’hiver.
    • Un premier passage rapide des brebis permet de couper les graminées et au soleil de réchauffer le sol. Les légumineuses, qui ont besoin de chaleur, vont pousser.
    • Le piétinement des brebis lors d’un nouveau passage permet de diviser les racines des légumineuses et ainsi de les multiplier.
    • Les prairies conduites en pâturage rotatif sont plus riches et nutritives que celles conduites plus classiquement.

Agroforesterie

  • Lors des fortes chaleurs d’été, Alexandre a remarqué que les seuls endroits où il y avait encore un peu d’herbe fraîche qui poussait était sous les arbres. En collaboration avec la Chambre d’Agriculture, il a pour projet de planter plus de 300 arbres d’essence locale et quelques fruitiers pour favoriser la pousse d’herbe fraîche en plein été et ainsi pouvoir augmenter son nombre de brebis. Les arbres seront plantés sur toutes les zones rocailleuses difficilement praticables en tracteur et sur certaines parcelles test avec un écartement de 6m sur le rang et 16m entre rang.
  • Il les laisse généralement plus longtemps sous les arbres ou sur les parcelles qu’il veut nettoyer (mangent les ronces, fougères, frêne, églantier,...).

Bilan

Principaux obstacles

  • Il manquait des référentiels sur la capacité de production sur prairie permanente.
  • Manque de recul et références sur le système de pâturage tournant tel qu’il voulait le mettre en place.
  • Certaines parcelles avaient été trop labourées et cultivées par les anciens propriétaires. L’herbe a eu du mal à repousser dessus.

Principaux soutiens

  • Il travaille beaucoup avec la Chambre d’Agriculture pour définir des bases de données sur la production de matière sèche sur ses prairies permanentes pour avoir de meilleures références sur la capacité d’alimentation d’une prairie. Dans ce cadre, il doit faire des relevés de hauteur d’herbe sur chacune de ses parcelles et les reporter sur une application dans laquelle il indique également les dates de passage sur chaque parcelle et le temps de pâturage.
  • La Chambre d’Agriculture l’aide aussi à définir son projet de plantation d’arbres sur les parcelles.

Principaux résultats

  • Son système de production basé sur l’optimisation de l’herbe lui permet d’atteindre un coût de production bien plus bas que la moyenne observée dans la région : 27€/brebis/an contre 32€/brebis/an en moyenne chez les autres producteurs locaux.
  • Les prairies conduites en pâturage rotatif sont beaucoup plus riches et productives que celles conduites plus classiquement. Elles ont notamment plus de légumineuses et ont une plus grande diversité.
  • Son système ne lui demande que 2h/jour de travail dans les champs en moyenne sur l’année. Mais pour chaque heure de travail au champ il passe une heure à préparer, calculer,... au bureau.


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