Réduction du phénomène d'érosion à l'échelle locale

De Triple Performance
Aller à :navigation, rechercher

Erosion Fremdwasser001.JPG


La démarche de réduction du phénomène d'érosion des sols à l'échelle locale se décline en trois étapes :

  • Choisir un site pilote et préciser ses caractéristiques.
  • Réaliser des enquêtes auprès des acteurs.
  • Proposer et définir des actions cohérentes.

Choisir un site pilote et préciser ses caractéristiques

Mise en place d’une démarche visant à réduire l’érosion des sols et ses impacts

Pour passer à l’action, il est souhaitable de définir un site pilote en :

  • S’appuyant sur un territoire représentatif et dimensionné pour apprécier précisément l’érosion et les propositions d’actions.
  • Travaillant à une échelle hydrographique (bassin versant).
  • S’appuyant sur un groupe d’acteurs volontaires et motivés.


Deux échelles possibles :

  • L’échelle de décision : par exemple la commune.
  • L’échelle fonctionnelle : le bassin versant.

Si le territoire pilote correspond à un découpage administratif, il sera nécessaire de découper ce territoire en sous bassins hydrographiques. La superficie du site pilote pourra se situer autour de 1 000 hectares.


Ensuite, la même démarche que celle réalisée dans le cadre d'une approche globale doit être menée sur le site pilote en précisant :

  • L’occupation du sol : une caractérisation précise de l’occupation du sol doit être réalisée et permettra d’identifier les bandes enherbées, les haies, l’enherbement des vignes, les fossés, cours d’eau… Cette caractérisation doit se faire dans le temps (assolement) et dans l’espace.
  • Les enjeux : positionnement précis des routes, chemins, plans d’eau, des fossés, cours d’eau...
  • Les chemins de l’eau : Il est essentiel d’appréhender ces axes de ruissellement à l’échelle du site pilote. L’objectif est d’apprécier lors d’évènements pluvieux les chemins de l’eau comme illustré ci-dessous. Il sera aussi intéressant d’apprécier la puissance du ruissellement en fonction de la longueur et de la pente des talwegs par l’observation de traces d’érosion suite à un évènement pluvieux.
Chemins de l’eau


Exemple : En Seine-Maritime, les acteurs mettent en place des « Plans Communaux d’Aménagements d’Hydraulique Douce* » et mènent des actions de lutte contre l’érosion à l’échelle de la commune au sein des bassins versants.

* = zones tampons.

Réaliser des enquêtes auprès des acteurs

En parallèle, des enquêtes sont à réaliser avec les acteurs du territoire. Cette démarche suit la même logique que celle menée à une échelle élargie mais cette fois en étudiant de manière précise le phénomène d’érosion, les impacts et les pratiques sur le site pilote.

La lutte contre l’érosion suppose la mise en place d’une réelle solidarité entre l’amont et l’aval en associant l’ensemble des acteurs intéressés par le projet et qui peuvent apporter leurs contributions (agriculteurs, communes, gestionnaires d’infrastructures, associations, etc.).

Exemples de questions aux élus

  • Impacts et dégâts occasionnés (maisons, routes) ?
  • Dates des coulées de boues ?
  • Fréquence de curage des fossés ?
  • Fréquence de curage des plans d’eau ?
  • Mise en place d’actions visant à réduire le ruissellement et l’érosion depuis 20 ans ?
  • Impacts financiers des dégâts type coulées de boues…

Exemples de questions aux agriculteurs

  • Cultures et rotation, dates de semis, dates de récolte ?
  • Type de sol ? Profondeur des sols ?
  • Amendements (minéraux, organiques, phytosanitaires) ?
  • Type de travail du sol et matériels ?
  • Gestion de l’interculture ?
  • Organisation du parcellaire ?
  • Modification récente dans les pratiques ?
  • Gestion des bandes enherbées ?
  • Localisation des traces d’érosion et impacts ?
  • Profondeur des sols, observation d’une diminution ?
  • Gestion, curage des plans d’eau ?
  • Irrigation ?
  • Intérêt pour conserver les sols ?
  • Existence de zones tampons, localisation, efficacités,… ?


Au-delà du phénomène d’érosion, les agriculteurs peuvent trouver un véritable intérêt si le diagnostic vise à améliorer l’exploitation de manière globale. Ce type de diagnostic appelé « diagnostic de durabilité » permet d’analyser le volet technique, social et économique de l’exploitation. Différentes méthodes proposent ce type d’analyse (exemple : IDEA, Dialecte…) et impliquent des compétences et une expérience spécifique en diagnostic de durabilité.

Au-delà de l’intérêt économique pour l’agriculteur, ce diagnostic de durabilité peut s’avérer indispensable pour la mise en place de mesures liées aux pratiques agricoles.

Proposer des actions

Deux grands types d’actions sont à mettre en place simultanément :

  • Les pratiques culturales visant à accroître la couverture du sol et à réduire le travail du sol, ces pratiques visent à prévenir le phénomène d’érosion dès son origine.


Au-delà de l’engagement individuel, ces pratiques doivent faire l’objet de partage au sein de groupes d’agriculteurs. Sur le territoire d’étude ou à l’échelle nationale, de nombreux réseaux se mettent en place et font l’objet de retours d’expériences et de formations à partager et à diffuser.

Sites à consulter pour partager des pratiques, des retours d’expériences :

Pratiques culturales

Pour limiter les ruissellements et l’érosion, les techniques culturales recherchées doivent :

  • Accroître la porosité verticale du sol, grâce à l’activité biologique et microbiologique, à la limitation du tassement, à la présence en continu de système végétatif vivant, à une déstructuration la moins violente possible du sol.
  • Mettre en place une rugosité des sols grâce aux résidus de cultures en surface, à une couverture végétale maximale dans l’espace et le temps ou à un semis qui limite l’affinement du sol.


Pour réduire les risques de ruissellement et d’érosion et en travaillant sur les techniques culturales, les réflexions doivent porter sur :

  • Une couverture végétale pérenne dans le temps par la mise en place de cultures intermédiaires ou un semis direct surtout aux périodes à risque.
  • Une diversification de l’assolement pour réduire les périodes de sols nus.
  • Une réduction du tassement du sol et donc du nombre de passages d’engins agricoles.
  • Un travail du sol permettant de faire des semis très motteux ou des semis sous couvert végétal.


Dans les systèmes de cultures conventionnels, le travail du sol a pour objectif essentiel la préparation d’une parcelle agricole avant d’y mettre en place, à une date donnée, une culture nouvelle. Les répercussions d’une simplification du travail du sol concernent à la fois l’environnement (ré-alimentation des réserves en eau, séquestration du carbone, qualité des sols...) et l’économie des exploitations agricoles (rendement des cultures, charges de structure, niveau d’intrants...).

Le labour occupe une place particulière du fait du retournement du sol, sur une profondeur généralement comprise entre 20 et 30 centimètres. Sa suppression présente des intérêts en termes de réduction de temps de travail et d’économie d’énergie fossile, de lutte contre l’érosion, de stockage du carbone et de biodiversité dans les sols. La dégradation progressive de la macrostructure des sols, la difficulté de maîtrise des adventices et de certains pathogènes qui leur sont souvent associés impliquent généralement une adaptation de l’ensemble du système de production : choix des équipements, nature des rotations, conditions de réalisation des semis et des récoltes, mise en place de cultures intermédiaires.


La mise en place de cultures intermédiaires et la pratique de semis sous couvert, pour laquelle il existe de très bons résultats sur la culture de maïs, apparaissent être des orientations cohérentes et efficaces pour réduire le risque d’érosion.

Aménagements parcellaires

Contrairement aux pratiques culturales, les aménagements vont avoir un effet curatif et non préventif. Placés et dimensionnés de manière pertinente, ces aménagements vont protégés les enjeux (cours d’eau, routes…).

Plusieurs types d’aménagements peuvent être mis en œuvre pour lutter contre l’érosion, parmi lesquels : les zones enherbées de bord de cours d’eau ou de bout de champ, les haies et les fascines et les chenaux enherbés.

Chaque type d’aménagement a des fonctions assez précises : éviter l’arrachement, provoquer la sédimentation, réinfiltrer, réduire les pollutions, …


Sur le bassin versant de la Midouze, on retiendra que les aménagements de type haies et fascines ou chenaux enherbés vont permettre de lutter contre le phénomène d’érosion concentrée alors que la zone enherbée viendra lutter contre l’érosion diffuse.

Pour une efficacité maximale dès la plantation, il est possible d'associer : zone enherbée et haie. On placera la bande enherbée en aval de la haie.


Extrait des aménagements modélisés sur le site pilote de l’étude « Erosion Midouze »
Extrait des aménagements modélisés sur le site pilote de l’étude « Erosion Midouze »

Sur le site pilote de l’étude « Erosion Midouze », les propositions d’actions, leurs positionnements et dimensionnements ont suivi la logique suivante :


Situation Erosion Occupation des sols Orientations – Proposition d’actions

Erosion diffuse

Cultures

  • Bande enherbée à maintenir ou à créer en coin ou en bas de parcelle le long des cours d’eau, des fossés, des retenues et routes.

Erosion concentrée

Cultures Bois

  • Fascine/Haie à placer en amont des bandes enherbées ou boisement
  • Chenal enherbé à positionner dans le talweg (dans sa partie aval) et au niveau des axes de ruissellement préférentiels (chemins vignes…)


Les fonctions, la mise en œuvre, le dimensionnement et le coût de chaque aménagement sont présentés dans des fiches techniques :


Tandis que la mise en place d'une zone enherbée représente un coût de mise en œuvre faible comparativement à d’autres aménagements, son impact sur l’exploitation agricole (lié à son emprise foncière) est à prendre en compte. Dans le contexte où l’érosion concentrée reste d’intensité modeste, la haie apparaît être une action pertinente et suffisante pour protéger les enjeux de l’érosion concentrée au regard de son coût et de sa pérennité.


Les aménagements, ça marche !*

  • Jusqu’à 80 % de réduction de la masse de terre accumulée à l’exutoire de sous bassins versants avec la mise en place de bandes enherbées de 10 mètres par rapport à un scenario sans aménagement.
  • Certains bassins versants nécessitent la mise en place de bandes enherbées de 20 mètres ET de haies pour obtenir jusqu’à 85 % de réduction de la masse de terre.

*Résultats de la modélisation sur le site pilote de l’étude Midouze.

Attention : les bois et les parcelles de vignes peuvent être le lieu d’érosion diffuse ou concentrée

Erosion BandeEnherbee.png

Les bois n’ont pas de strate herbacée permettant de jouer un véritable rôle de barrière des particules fines. Ainsi les actions proposées telles que la mise en place de haies et de zones enherbées peuvent s’avérer nécessaires en amont des parcelles boisées.

Les chemins entre parcelles de vignes ou intraparcellaire représentent des axes préférentiels de ruissellement qui concentrent l’érosion. Ainsi, les parcelles de vignes peuvent être concernées par la mise en place de haie/fascine en amont des cours d’eau.

Des actions à définir en fonction du type d’érosion, des enjeux, et du contexte du territoire

Des actions à définir en fonction du type d’érosion, des enjeux, et du contexte du territoire.png

Pour aller plus loin

Sources


Annexes


Partager sur :