Abricot : privilégier les observations et le biocontrôle pour baisser les IFT
Viticulteur et producteur de fruits dans la Drôme, Nicolas Machon a toujours été sensibilisé à la réduction de l’usage des produits phytosanitaires, notamment des herbicides. Pour cela, il a réduit la proportion de surface désherbée. Il a également intensifié ses observations en vergers et le suivi de piégeage dans la lutte contre les ravageurs. Dernières évolutions en date, la pose de glu contre les forficules et les applications d’argile dans la protection contre l’ECA (Enroulement Chlorotique de l'abricotier).
Contexte
- Localisation : Chanos-Curson, Moyenne Vallée du Rhône, Drôme.
- Productions principales :
- Surface de verger : 11,6 ha pour une SAU totale de 31 ha
- Circuit commercial : coopérative, circuit long, produit frais
- Type de sol : Limono-sableux-argileux
- Autres infos : Gîte rural sur l’exploitation
Ce système est conduit en PFI (Production fruitière intégrée) selon le cahier des charges Global Gap. L’objectif de rendement est d’environ 20 à 25 T/ha avec 5 à 10 % maximum de déchets. La motivation du producteur pour réduire l’utilisation des produits est essentiellement environnementale mais aussi pour la préservation de sa santé.
Pour atteindre ses objectifs, il privilégie les outils d’aide à la décision avec, notamment une observation accrue du verger et la mise en place de piégeage sexuel.
Pratiques mises en place
- Dans la lutte contre les forficules : pose de glu d’abord sur une partie du verger puis sur l’ensemble
- Dans la lutte contre l’anarsia : intervention avec un produit de biocontrôle en cas de dépassement du seuil.
- Dans la lutte contre l’ECA : mise en place d’une barrière physique à l’aide d’argile pour lutter contre cacopsylla pruni, vecteur de la maladie.
La lutte contre les forficules : la pose de glu
La pose d’un anneau de glu de 5 à 10 cm sur le tronc empêche la remontée des populations de forficules dans les arbres.
Différents modes d’applications sont possibles :
- à la main (glu pâteuse) ou après dilution,
- au pistolet
- au pinceau.
Les deux techniques ont été utilisées, la première année sur une petite surface, puis observant un meilleur résultat qu’avec la stratégie insecticide, généralisée sur l’ensemble de l’exploitation par la suite. Cette stratégie implique une charge de main d’œuvre supérieure et un surcoût économique. Mais c’est très efficace et cela permet de supprimer une intervention insecticide proche de récolte. La condition de réussite est d’avoir un verger bien propre pour éviter tout autre lieu de passage des insectes (herbes hautes, piquets d’irrigation...). Il faut également faire attention aux jeunes arbres sur lesquels des phénomènes de phytotoxicité peuvent être observés.
L’argile dans la lutte contre l’ECA
L’ECA est une maladie transmise par un psylle : cacopsylla pruni. Ce sont les premiers individus qui reviennent à la fin de l’hiver qui sont contaminants et qui transmettent la maladie par des piqûres nutritives. Le positionnement d’une barrière physique à l’aide d’argile (kaolinite calcinée) pendant le vol crée une gêne visuelle et physique, qui empêche ces piqûres et donc les contaminations. Cette technique est plus contraignante et représente également un surcoût économique par rapport à une application insecticide classique, d’autant plus que, selon les conditions climatiques, l’argile devra être renouvelée. Mais là encore, elle permet de supprimer un insecticide, et, en combinaison avec la glu, de ne plus en appliquer aucun sur les parcelles.
Bilan
Résultats
- 53,4 % d’IFT depuis l’entrée dans le réseau Dephy.
Grâce à la combinaison des différentes techniques alternatives, associées au suivi de piégeage pour l’anarsia ( et à l’intervention à l’aide de bacillus thuringiensis en cas de dépassement de seuil) le producteur a réussi à baisser considérablement ses insecticides chimiques pour arriver en 2014 à ne plus en appliquer aucun.
Le regard de l'ingénieur réseau
Cette méthode, si elle est appliquée dans de bonnes conditions, est très efficace dans la lutte contre les forficules. Cependant, ce choix entraîne des contraintes supplémentaires en temps et en coût de travail car il faut compter environ 10 h/ha pour la pose. Elle peut être réservée aux variétés ou aux parcelles les plus sensibles.
Les applications d’argile sont maintenant adoptées sur d’autres ravageurs, tel que le psylle du poirier. L’efficacité sur l’ECA est plus difficile à démontrer notamment parce que cette maladie ne s’exprime pas toujours et le plus souvent les symptômes apparaissent quelques années après la contamination. Actuellement, aucune différence n’a été notée entre les parcelles traitées à l’insecticide et celle à l’argile.
Quelles perspectives pour demain ?
La mise en place de techniques alternatives implique le plus souvent un surcoût économique et une charge de main d’œuvre supérieure. Il n’y a aucun gain économique dans cette démarche, uniquement une volonté personnelle. C’est par ailleurs une prise de risque supérieure sans meilleure valorisation du produit en parallèle. L’objectif est maintenant d’arriver à un même niveau de rendement et de qualité en utilisant ces techniques. Nous comptons aussi sur la recherche et l’expérimentation pour aider à baisser les IFT, face à certaines impasses, comme la gestion du monilia sur fleurs
Pour plus d'information, consultez la fiche trajectoire DEPHY FERME
Annexes
Leviers évoqués dans ce système
- Application d'argile (Kaolinite calcinée) en verger
- Poser de la glu autour des troncs d'arbres fruitiers
Bioagresseurs évoqués
- Perce-oreilles (ravageur)
- Vecteur de l’Enroulement Chlorotique de l’Abricotier (ECA) (Cacopsylla pruni)