Les étapes de transition vers l’agriculture de conservation des sols (ACS)

De Triple Performance
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Couvert de féverole, phacélie et seigle forestier (crédit photo : Benoît Bourguignon)


La transition vers l’agriculture de conservation des sols (ACS) implique une profonde réflexion et parfois une réorganisation du travail et de l’exploitation. Il est alors important de bien appréhender les étapes nécessaires à la mise en place de ces pratiques.


Contexte

Un lancement en ACS implique de reconsidérer le système global de son exploitation selon 3 principes comme fil conducteur : pas de travail du sol, couverture permanente du sol, diversité et rotation longue des cultures. Il faut accepter de changer ses pratiques et habitudes, se former, acquérir de l’expérience, changer ses repères et devenir le maître de son sol.

Cela demande du temps, de la motivation et de l’énergie. Après des entretiens avec des agriculteurs et un conseiller en ACS, voici un résumé des points importants pour sa transition en ACS.

Les raisons principales de la transition en ACS sont :

Économiques :

  • Baisser les coûts de mécanisation (carburant, usure du matériel).

Environnementales :

  • Amélioration de la structure des sols (réduction de l’érosion, meilleure portance).
  • Amélioration de la fertilité des sols.

Stratégiques :

  • Dégager du temps pour d’autres activités de la ferme, une double activité ou du temps pour sa vie personnelle.
  • Stabilité des rendements.


Mise en place de la transition

Etapes de la transition

  • Phase de réflexion et formation : prise d’informations auprès d’agriculteurs pratiquant l’ACS, sur internet ou formations (ou auto-formation) à travers des associations de promotion de l’agriculture de conservation.
  • Mise en place d’essais sur de petites surfaces : essai de semis direct ou de mise en place de couverts sur de petites parcelles, observation sur les parcelles, analyse des rendements.
  • Transition sur toute l’exploitation : Celle-ci doit se faire après plusieurs essais sur de petites parcelles et un temps important de réflexion, afin d’avoir suffisamment d’expérience pour prendre confiance en soi.


Points critiques : Implantation des couverts, semis direct, implantation cultures d'été et printemps.


Il est important de ne pas se précipiter et se lancer trop vite afin d’éviter de faire des erreurs comme celles décrites dans le témoignage de Benoît Bourguignon (agriculteur dans la Vienne). Une faible maîtrise de son couvert peut entraîner une perte de rendement. Il peut aussi être utile de constituer un GIEE ou autre groupe d’agriculteurs pour réalisation/suivis d’expérimentation sur les parcelles des uns et des autres.


Transition achevée ?

"Pour considérer sa transition achevée, il faut au moins 5-6 ans de recul" affirme Antonio Pereira, conseiller grandes cultures et transition en ACS de la Chambre d'Agriculture de Haute Marne.

De son côté, Thomas Houdan (polyculteur-éleveur situé en Côte d'Or) ne trouve pas qu’on puisse parler de fin de transition :  "Il n’y a jamais vraiment de fin de transition car on n'est jamais au bout du potentiel, celui-ci est inatteignable. Le passage en ACS offre des milliers de possibilités."


A quel organisme de conseil faire appel ? Et quand ?

Faire sa propre expérimentation avant peut être bien. Il faut absolument passer sur une phase de recherche avec d'autres agriculteurs ou conseillers. C’est une phase longue qui prend plusieurs années.

Cependant, se faire accompagner permet d’éviter certaines erreurs courantes quand on manque d’expérience. Plusieurs organismes peuvent accompagner dans cette transition. La Chambre d'Agriculture ne compte pas toujours de conseiller spécialisé dans ces pratiques mais il peut être bon d'aller voir ce qu'ils ont à proposer.

Autrement, plusieurs réseaux d'associations visant à promouvoir l'agriculture de conservation ont des antennes dans la majorité de la France et peuvent fournir des retours d'expérience et conseils. On peut citer notamment BASE, APAD ou encore Ver de Terre Production. L'association franco-suisse Adria permet aussi de suivre des formations sur le thème de l'agriculture du conservation.


Matériel nécessaire

L’agriculture de conservation ne requiert pas beaucoup de matériel, on cherche justement à réduire l’utilisation de la mécanisation au maximum. Il peut être utile d’investir dans un semoir adapté au semis direct, qui favorise l’implantation de la culture. Toutefois, il est possible de réaliser des semis directs avec tout type de semoir, il peut alors être plus stratégique de démarrer sa transition avec les semoirs déjà présents sur l’exploitation afin de limiter les investissements au départ.

Benoît Bourguignon a fait le choix de construire lui-même son semoir. Cela peut être une solution pour l’adapter au mieux aux spécificités de l’exploitation.

Antonio Pereira avertit sur l’achat d’un semoir de semis-direct : "Il faut avoir un semoir permettant de semer dans un couvert mais attention, ce n’est pas le premier investissement à faire, on peut commencer sans ou modifier ceux qu’on possède pour les adapter. Le principal est d’abord d’acquérir la connaissance !"


Aspect économique

La réduction du travail du sol a un grand intérêt économique, qui est la réduction des charges. En effet, cela permet de diminuer considérablement les charges de carburant, mais aussi le changement de pièces, particulièrement sur des sols très caillouteux où l’usure du matériel est importante.

Présentation de la transition d'Anthony Frison (source : APAD)
  • Benoît Bourguignon dans la Vienne qui a réalisé une économie de 2500 L de gasoil en une année.
  • Victor Dubuet, en Côte d’Or, estime faire des économies entre 150 et 250 €/ha.
  • Pour Thomas Houdan, en Côte d'Or, les 4 - 5 premières années ont été compliquées mais depuis, son EBE a une croissance positive d’année en année.
  • Dans certains cas, on peut observer une diminution des charges opérationnelles d’environ 40% (APAD : Anthony Frison, agriculteur en ACS)[1].


Subventions :

  • Il existe des primes au stockage du carbone mais il n’existe pas de subventions pour l’ACS ou de label.
  • La prime protéagineux augmente puisque la part de ces espèces augmente généralement en ACS.
  • Il existe également de temps en temps, des aides pour l’achat de matériel via les aides PSAE (Plan d’Accompagnement des Exploitations Agricoles) à l’échelle de la région.


Aspect environnemental

" Observez vous des améliorations agronomiques/écologiques ?

- Oui c'est indéniable et dans les systèmes aboutis, on gagne en réduction d’IFT” retour d’Antonio Pereira dans ses accompagnements.

D’un point de vue agronomique, l’ACS permet d'augmenter la teneur en matière organique des sols. Par exemple, sur l’exploitation de Thomas Houdan, ils sont passés de 2,78% de MO en 1999 à 3,2% en 2013 puis 8,1% en 2020. 


L'ACS permet également de séquestrer plus de carbone. T. Houdan a fait réaliser des mesures de Bilan Carbone sur sa ferme par Soil Capital :

  • Avant la transition : 200 t/an de balance positive.
  • En 2020 : 1000 t/an.
  • En 2021 : 2200 t/an.

Un autre point positif à noter est la fin des problèmes d'inondation des champs, ainsi qu’une meilleure portance avec des champs très faciles à travailler actuellement.


Aspect social

Le temps de travail a tendance à diminuer, bien qu'une grande partie du travail des sols soit remplacé par un travail de formation et d'observation des parcelles.

"Il y a beaucoup de surveillance mais moins de travail dans les champs." Benoît Bourguignon.

Cela permet également de se libérer plus de temps pour soi. Les exploitants interrogés ont tous pu prendre plus de vacances ou de week-ends après l'arrêt du travail du sol.


Bilan

Obstacles qui peuvent être rencontrés

  • Risque de salissement des parcelles important si le couvert n’est pas adapté.
  • Pertes parfois passagères de rendement (il est rare de préserver le rendement dans un premier temps).
  • Certaines cultures ne sont pas adaptées à l'ACS (pommes de terre, betterave).
  • En Agriculture Biologique on rencontre des difficultés pour la destruction des couverts (privilégier des espèces gélives ou des couverts permanents).
  • Certains sols sont plus ou moins adaptés à l’ACS : les sols calcaires superficiels sont bien plus adaptés que les sols argileux profonds.


Conseils

  • S’entourer d’autres personnes pratiquant l’ACS et se soutenir.
  • Ne pas trop écouter ceux qui n’y croient pas.
  • Toujours chercher à se former et à gagner en confiance en soi.
  • Faire des essais d’abord sur de petites surfaces, se faire la main et mesurer les performances économiques.
  • Être patient.


Quelques contacts


Sources


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Cette page a été rédigée en partenariat avec L'Institut agro Dijon

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Annexes

Cette technique s'applique aux cultures suivantes

La technique permet de favoriser la présence des auxiliaires et bioagresseurs suivants

La technique limite la présence des auxiliaires et bioagresseurs suivants

La technique est complémentaire des techniques suivantes

Cette technique utilise le matériel suivants

  1. APAD : Présentation de la transition d'Anthony Frison, agriculteur en ACS
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