Produire des biopesticides à base de feuilles et graines de neem
Les biopesticides sont des solutions préparées à partir des substances actives de certaines plantes et certains produits naturels comme la cendre. Ici nous nous concentrerons sur les biopesticides à base de neem, aussi appelé margousier (Azadirachta indica), mais il est possible d’en fabriquer avec de nombreuses plantes différentes (ex.: piment, feuille de papayer, etc.). Les biopesticides sont utilisés dans le cas où les insectes, les chenilles et les ravageurs attaquent les feuilles, les fleurs ou les gousses. On y a recours pour limiter l’utilisation des intrants chimiques à cause de leurs effets bien plus néfastes sur l’environnement et l’homme et à cause de leur coût d’achat.
Portée écologique et intérêts
Les feuilles et les graines de neem possèdent des composés comme l’azadirachtine qui est le principal, mais il y a aussi : melantriol, nimbine, nimbidine, nimbinine, salannine, azadirone, azadiradione, gédunine, valassinine, qui sont actifs contre quasi tous les ordres d’insectes[1]. Elles ont démontré leur efficacité dans le contrôle de plus de 400 espèces d’arthropodes, nématodes nuisibles et diverses maladies des plantes. Les remarquables propriétés insecticides de l’azadirachtine, active à des doses inférieures à 0,1 ppm, la placent comme l’une des plus prometteuses parmi les substances naturelles actives extraites de plantes.
Au moins douze modes d’action de l’azadirachtine ont été répertoriés, en fonction des insectes, elle peut agir comme répulsif, anti-appétant ou phagodissuasif ou encore comme régulateur de croissance pouvant affecter la ponte chez les femelles ainsi que la mue et la croissance des larves chez certains arthropodes, ovicide, larvicide, affaiblissant les insectes et inhibant leur résistance[1]. Des préparations à base de neem peuvent donc remplacer les insecticides de synthèse pour lutter de manière efficace et peu coûteuse contre les insectes et les maladies qu’ils peuvent transmettre. De plus, les produits à base de neem ne seraient que très peu nocifs pour les autres animaux et les humains[1].
Néanmoins un ravageur qui entraine des dégâts significatifs sur les cultures reflète souvent un problème bien plus profond d’équilibre dans le système. Par exemple, ses ennemis naturels ont été éliminés ou alors il s’attaque à une culture spécifique qui représente une trop grande proportion de la diversité des plantes cultivées.
Du fait des ses multiples modes d’action et des synergies entre ses différents principes actifs, le développement de résistances au biopesticides à base de neem est très peu probable[2].
Limites
L'utilisation de biopesticides à base de neem, notamment l'huile de neem présente des limites :
- Elle agit aussi sur les névroptères, insectes non phytophages et non nuisibles, utilisés comme organismes auxiliaires dans la protection des cultures.
- Son utilisation en plein champ est limitée par son instabilité, due principalement à un taux élevé de photodégradation, sa faible rémanence et sa lenteur d’action comparativement à celle des pesticides conventionnels.
Insectes sensibles
L'azadirachtine s’est notamment montrée efficace, sur les insectes suivants :
- Charançon du riz (Sitophilus oryzae).
- Charançon du maïs (Sitophilus zeamais).
- Capucin des grains (Rhizopertha dominica).
- Dermestre des grains (Trogoderma granarium).
- Bruche à quatre pattes (Callosobruchus maculatus).
- Bruche chinoise (Callosobrochus chinensis).
- Coccinelle mexicaine du haricot (Epilachna varivestis.
- Cicadelle brune du riz (Nilaparvata lugens).
- Chenille défoliante (Spodoptera litura).
- Tétranyques tisserands (Tertranchyus Spp).
- Thrips de l’oignon (Thrips tabaci).
- Mouche du melon (Dacus cucurbitae).
- Mouche de la mangue (Ceratitis cosyra).
- Mouche méditerranéenne des fruits (Ceratitis capitata).
- Teigne des crucifères (Plutella xylostella).
- Noctuelle du riz (Sesamia inferens).
- Mouche du Natal (Ceratitis rosa).
- Chilo du riz (Chilo suppressalis).
- Ver de la capsule du cotonnier (Heliothis armigera).
- Pucerons.
Conditions de mise en œuvre
Matériel nécessaire
- Bassines et seaux : Transport de l’eau et préparation du produit.
- Coupe-coupe : Coupe des végétaux (feuilles de neem).
- Mortier et pilon : Pilage des feuilles.
- Tamis : Filtrage des déchets.
- Bidon : Conservation du produit.
- Pulvérisateur ou balai : Épandage du produit.
- Balance : Mesure des quantités.
Matériaux/matières premières
- Savon local à base de cendres.
- Eau.
- Feuilles de neem.
- Graines de neem.
Difficultés et contraintes
- Il est parfois difficile de respecter les dosages, faute de balance.
- Il est difficile de produire les biopesticides en quantité suffisante.
- Le problème de transport du produit au champ se pose également.
Etapes de préparation
Avec les feuilles
- Chercher 10 kg de feuilles de neem, enlever les nervures et piler.
- Tremper les feuilles écrasées dans 10 litres d’eau pendant 12 h dans une première bassine, puis filtrer (l’eau est devenue verdâtre).
- Chercher et piler 200g de savon local. Le savon agit comme un liant qui permet de mieux fixer le produit sur les plantes.
- Mélanger le savon dans 20 litres d’eau, attendre 12 h, puis filtrer.
- Mélanger le contenu des deux bassines pour obtenir 30 litres de biopesticide.
Avec les graines
- Chercher les fruits de neem mûrs et enlever l’écorce et la pulpe en pilant doucement les fruits (l’écorce et la pulpe peuvent être utilisées dans le
compost).
- Faire sécher les graines à l’ombre, les principes actifs dans les graines pourraient être sensibles au soleil.
- Piler doucement les graines pour obtenir une poudre. L’odeur des graines est forte, il est donc conseillé d’utiliser un vieux mortier ou un mortier qui n’a que cette utilisation.
- Verser 10 litres d’eau dans une autre bassine et y ajouter 500 g de poudre (~ 6 grosses poignées).
- Laisser macérer pendant 12 h, puis filtrer.
- Mélanger avec de l’eau savonneuse comme pour la macération avec les feuilles.
Mode d'application
Le mélange est pulvérisé à raison de 2-3 litres pour une parcelle de 10 m2 sur les plantes. Pour éviter que son effet insecticide ne s’estompe, la pulvérisation est à répéter tous les 7 jours environ. Il faut s’assurer que la pulvérisation couvre bien toutes les parties de la plante, en particulier le dessous des feuilles, qui peut parfois être oublié.
Comparatif
Sources
Manuel des bonnes pratiques agroécologiques - SECAAR.
L’huile de neem, un biopesticide efficace - Sénégal Export.
Cette page a été rédigée en partenariat avec le projet Urbane et grâce au soutien financier de l'Union Européenne.