Avoir un atelier poules pondeuses

De Triple Performance
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Parcours mobile arboré aux Jardins de Deux’mains


Les intérêts à avoir des poules pondeuses

L’atelier poules pondeuses permet de diversifier l’offre des produits vendus par la ferme, notamment pour les consommateurs qui apprécient d’acheter différents types de produits au même endroit. Les oeufs sont des produits qui peuvent être très bien valorisés, notamment parce que les consommateurs recherchent la qualité et le gage du bien-être animal : n’hésitez donc pas à insister sur les conditions de production de vos oeufs ! L’atelier poule pondeuses est notamment intéressant car il nécessite peu de temps de votre part au quotidien : il faut compter une heure par jour. En revanche, il impose une astreinte permanente. Les poules présentent aussi d’autres fonctions : elles contrôlent les nuisibles, désherbent, fertilisent les parcelles, et réduisent la quantité de déchets organiques. Dans le réseau MSV Normandie, plusieurs fermes ont décidé d’avoir un atelier poules pondeuses. La plupart sont composés de petits lots de poules, souvent inférieurs à 100, avec peu d’investissements dans les bâtiments et les parcours, destinés à n’être qu’un complément de revenu. Économiquement, l’alimentation constitue la charge la plus importante.

Obligations légales

Selon le ministère de l'Agriculture, tout élevage de plus de 250 volailles doit faire l’objet d’une déclaration à la DDPP du département de la localisation du site d’élevage. Pour vendre vos oeufs par un intermédiaire (restaurateur, boulangerie, magasin, …), l’élevage doit

aussi être déclaré à l’établissement départemental d'Elevage qui vous donnera les numéros d’identifications nécessaires. Pour la revente à des intermédiaires, les oeufs doivent passer par un centre de conditionnement d'oeufs (celui d’un voisin ou un centre à construire). Les oeufs doivent peser plus de 53 g, le producteur doit détenir un CEO et procéder aux opérations de mirage (détection des oeufs morts) et de calibrage. Pour rappel, les oeufs doivent être stockés dans un lieu sec et frais, sans variations fortes de température.

Les oeufs sont dits “extra-frais” entre 1 et 8 jours et “frais’ entre 9 et 21 jours.


Installation d'un parcours

Pourquoi faire un parcours

Au regard de l’évolution des valeurs et des préoccupations éthiques, envisager d’avoir un élevage de poules pondeuses en plein air se révèle très intéressant. De plus, la mise en place d’un parcours rend de nombreux services écosystémiques.

Des poules en bonne santé

Les poules qui ont accès à un parcours arboré peuvent y exprimer librement leurs comportements naturels. Elles sont moins stressées, ce qui limite grandement le picage (comportement d’oiseaux qui consiste à se donner ou à donner des coups de bec à ses congénères), et sont globalement en meilleure santé. En sortant, les poules ont une meilleure constitution, elles ont moins de gras abdominal

et leur appareil musculo-squelettique est stimulé. L’utilisation de produits vétérinaires est ainsi réduite. La difficulté majeure liée à l'élevage de poule est sanitaire : veillez à limiter les salissures, à restreindre les risques de contamination, à réaliser un vide sanitaire entre deux lots,...

Autres avantages

Faire des économies

  • En alimentation :Ce ne sera pas forcément le cas au début mais il est envisageable qu’à terme le parcours fournisse 5 % de l’alimentation ingérée par jour. Le biotope primaire de la poule est la forêt tropicale asiatique. Dans ce milieu, les sources de nourriture sont diverses et la poule est autonome. Il s’agit de viser cette autonomie dans votre parcours, en sachant que vous l’atteindrez difficilement totalement : il faudrait pour cela un hectare pour une quinzaine de poules, ce qui n’est pas envisageable. Continuez de nourrir vos poules : la ration journalière équilibrée est de 135g de grains par poule, accompagnée d’une eau fraîche, propre et à volonté. Complétez ensuite leur alimentation via une diversité d’arbres qui produisent une diversité de production, idéalement se succédant dans le temps (baies, feuilles, herbe,...).
  • En énergie : Selon Philippe Guillet (2014), une haie brise vent permet une réduction des frais de chauffage de l’ordre de 250 à 400 euros par an pour 400 m² en volailles de chair.


Dégager des revenus annexes

Avec un parcours arboré, vous pourrez produire du bois d'oeuvre, du bois de chauffage, du BRF, des piquets mais aussi des fruits. Attention cependant, il n’est pas possible de ramasser les fruits à terre qui sont en contact avec les fientes et difficiles à laver. Pour éviter les risques sanitaires, il peut être pertinent d'isoler les arbres au moment des récoltes. Restez néanmoins vigilants face à l’envie de multiplier les activités sur la ferme, en plus du maraîchage, au risque de ne plus savoir où donner de la tête.


Agir pour l’environnement

La plantation d’arbres participe au stockage du carbone, tout comme la mise en place d’une prairie (stockage de 0,3 à 1t/ha/an de carbonne). Le parcours permet également la régulation hydraulique, le maintien des paysages agricoles et de la biodiversité.

Aménager le parcours

Une poule dans un parcours arboré a besoin :

  • D’espace : La densité maximale autorisée en bâtiment est de 9 poules par m² pour l’élevage au sol ou en plein air, et 6 poules par m² pour avoir le label AB. En parcours en extérieur, elle est de 4 m² par poule. Cependant, il ne faut pas hésiter à dépasser ces indicateurs et ne pas sous-dimensionner son projet. Proposer plus d’espace aux poules sera un pari gagnant en termes d’alimentation, de santé,...Veillez surtout à ce que l’espace puisse être occupé par les poules de la façon la plus homogène possible.
  • D’une ambiance stable : Le parcours doit être fonctionnel été comme hiver, quelle que soit la météo. Veillez aussi à limiter le bruit, qui constitue le premier facteur de stress pour les poules.
  • D’ombre : Les poules sont très sensibles à la chaleur, celle ci pouvant notamment entraîner une baisse de la ponte. Soyez vigilants les après-midis, quand le sol, chauffé par le soleil de midi, est monté en température et offrez à vos poules une protection adéquate : prévoyez au maximum 30 à 50 % d’ombrage sur le parcours.
  • D’une protection contre le vent : Le parcours arboré permet de créer un microclimat pendant l’hiver. Les haies ralentissent le vent jusqu’à 20 fois leur hauteur, ce qui protège les poules des aléas climatiques et leur permet de sortir du bâtiment.
  • De sécurité : Les poules sont menacées directement par de nombreux prédateurs comme les renards, les rapaces et l’homme mais aussi sanitairement par les oiseaux et rongeurs des abords de l’exploitation qui peuvent être porteurs de maladies. Il est donc important d’avoir de bonnes clôtures pour sécuriser le parcours.

La poule est très peureuse, notamment envers les rapaces. Elle a besoin de l’arbre pour se sentir rassurée, comme elle l’était originellement dans la jungle. Ainsi, développer des haies basses qui partent du poulailler et vont jusqu’au bout du parcours, est une bonne idée pour que les poules s’y réfugient à tout moment. En s’intéressant au comportement des poules en parcours arboré, Philippe Guillet synthétise les résultats de nombreuses études pour en venir aux conclusions suivantes : en parcours classique, sans aménagement, les poules ne quittent pas vraiment le poulailler, c’est en moyenne seulement 12 % d’entre elles qui sortent (Chielo et al. 2016) alors que des aménagements peuvent permettre de faire sortir jusqu’à 70-80 % des poules. Surtout, en système classique, il est rare que les poules s’éloignent à plus de 2,5 m de leur bâtiment. Le parcours arboré et rassurant permet de contrer cette réalité. Ces chiffres sont indicatifs, des variations sont fréquentes, tant à l’intérieur des lots qu’entre eux. Il a cependant été observé que plus la taille du lot est importante, plus la proportion de poules sortant sera faible.

  • De repères : Le parcours arboré doit permettre à la poule de se repérer. Ses déplacements doivent être guidés, en d’autres mots constituez son GPS. La poule a besoin de se sentir rassurée, de ce fait n'éloignez pas trop les zones arborées, au maximum de 15-20 m, pour qu’elle puisse s’y réfugier à tout moment.


Les différents parties du parcours

Exemple de système agroforestier sur Parcours
  • Zone de sortie des trappes : C’est la plus exploitée par les poules. Veillez à ce qu’elle soit un espace de transition et non de stagnation, en rendant le reste du parcours attractif. Un fonctionnement en couloirs partant du bâtiment permet, en clôtures mobiles, de ne pas avoir de zone boueuse à proximité du poulailler.
  • Zone intermédiaire : Zone centrale, environ à 15 - 30 m des trappes. C’est ici que le parcours prend véritablement forme, selon vos envies : alternez zones ombragées par des bosquets, couverts végétaux, petits abris, plantes herbacées et zones de prairie.
  • Zones périphériques : Sur les côtés du bâtiment, laissez au minimum 15-20 m et placez vos haies qui entourent le parcours. En face du bâtiment, se trouve la zone de fond de parcours, allez jusqu’à 30 m puis cessez les lourds aménagements, les poules ne s’éloigneront pas aussi loin.


Choisir ses arbres

Il y a un travail de design à réaliser au préalable. Vous pouvez choisir les espèces selon les besoins des poules et leur capacité à les valoriser, selon le contexte pédo-climatique ou encore selon votre budget. Le choix des arbres permet d’optimiser l’alimentation autonome de la poule. Oubliez toutes les haies persistantes, type thuyas, cyprès, lauriers,... qui sont trop denses et vont avoir tendance à

limiter la ventilation. Ces haies détournent le vent plus qu’elles ne le freinent. Une bonne haie doit laisser passer 50 % du vent pour être efficace. Occupez-vous bien de vos arbres et arbustes afin qu’ils proposent une biomasse qui soit accessible à hauteur de poule,

donc maximum 50 cm. Évitez les plantations trop denses à pénétrer qui se révèleront répulsives pour les poules, ainsi que les plantes

toxiques (petites baies,...). Il existe une multitude de parcours possibles, veillez seulement à soigner sa mise en oeuvre : essence locale, paillages adaptés, choix de plants de qualité, plantations réalisées au bon moment,..


Financer l’implantation d’arbres

Les investissements initiaux sont assez importants, notamment si vous ne possédez pas de bâtiments. Comptez en moyenne 8 euros HT par mètre linéaire de haie (Philippe Guillet) et ajoutez 5 euros pour la protection (grillage, camp retranché). N’hésitez pas à sollicitez des financeurs extérieurs, publics ou privés, en insistant sur les services économiques, sociaux et environnementaux rendus par votre projet. Enfin, gardez bien en tête que le retour sur investissement ne sera pas immédiat et que l’aménagement du parcours impose une charge de travail initiale importante.

Le bâtiment d'élevage

Envisager le poulailler mobile

Visite d’un poulailler mobile à la ferme des Gobettes

Le concept du poulailler mobile est assez simple : il s’agit de déplacer fréquemment l’habitat de vos poules, caractérisé par sa légèreté. Il existe différents types de poulaillers mobiles(possibilité de les auto-construire à partir de bétaillères notamment ou de mobilhomes, sur châssis ou non). Le but du poulailler mobile est de permettre une régénération de l’espace. La rotation du parc des volailles maximise la pousse de l’herbe, sa repousse et sa consommation. C’est aussi une manière de limiter le parasitisme et d'adapter le

modèle du parcours arboré à une ferme sur petite surface. La logistique de la rotation est importante : 10 à 20 parcs à l’année. Cela suppose de déplacer fréquemment les parcours, donc de disposer de bâtiments mobiles, si possible avec des roues pour faciliter la manutention, puisqu'une poule sort majoritairement à proximité immédiate de son bâtiment. Si vous déplacez vos poules dans votre espace dédié au maraîchage, veillez à bien délimiter les espaces pour qu’elles ne menacent pas vos récoltes.


Gestion du bâtiment

Aménagement intérieur du poulailler à la ferme des Gobettes
  • Positionner le bâtiment : Placez votre bâtiment de façon efficace et fonctionnelle, pas au milieu du parcours mais sur un des côtés pour des raisons de biosécurité. Veillez à l’adapter à l’environnement déjà présent (eau, paysage, géologie,...).
  • Envisager une bonne isolation : L’isolation constitue un point primordial pour les poules, très sensibles aux variations de température. Protégez les du froid de l’hiver et de la chaleur de l’été.
  • Penser au confort des poules : Constituez-leur une bonne litière avec de la paille, de la sciure ou des copeaux. La litière doit recouvrir au moins un tiers de la surface du bâtiment.
  • Gérer l’éclairage : La législation autorise au maximum 16 heures de lumière par jour. Augmentez progressivement l’éclairage lorsque les jours raccourcissent à partir de la fin de l’été et préférez le matin pour conserver la diminution naturelle de la lumière le soir.
  • Gérer ses abords : Veillez à conserver le bâtiment et ses abords propres, notamment en surveillant les ruissellements d’eau.


Matériel nécessaire à l’atelier poules pondeuses

Pour l’élevage, vous aurez besoin de pondoirs, d’abreuvoirs, de mangeoires, de perchoirs, de grillages et de piquets pour les parcours. Pour la commercialisation de vos oeufs, pensez au tampon encreur.

Chiffres économiques

Voici un rapide comparatif des différents systèmes de production d'oeufs. Vous pouvez adapter ces chiffres au contexte actuel et vérifier la rentabilité de votre projet. On remarque que le taux de ponte à un impact énorme sur le revenu. Soyez également vigilant sur le prix et la qualité de l’aliment qui peut complètement modifier la rentabilité de l’atelier. Le maraîcher doit commencer par réussir un petit atelier complémentaire en ayant maximum une centaine de poules.

Comparatif des différents systèmes de production d'œufs
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