Plantation d'arbres et de haies

De Triple Performance
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Légende : Haie bocagère

Il ne faut pas négliger la plantation et ce qui s’en suit (protection, paillage, taille, entretien). Planter est un acte qui prend du temps, remplacer des arbres qui n’ont pas survécu est chronophage et représente un coût supplémentaire (la mortalité peut atteindre plus de 50%). Mettre les moyens dans le matériel est un gage de réussite.

Techniques de plantation

Préparation du sol

Une bonne préparation du sol est primordiale pour une bonne reprise et un développement optimal. Elle permet une mise en œuvre rapide du paillage et facilite la plantation.

Pour les haies, le sol doit être préparé sur 2 mètres de large :

  1. Travailler en profondeur : de 50 cm à 80 cm avec une sous-soleuse, un décompacteur ou un chisel.
  2. Affiner pour obtenir l’équivalent d’un lit de semence avec une herse rotative (ou un rotavator).

Pour les arbres isolés, on réalise des “potets” :

  1. Ameublir sur 1 m3 : pelle-mécanique ou tractopelle.
  2. Affiner la surface : motoculteur.

Cette technique est aussi utilisable pour les haies.

Jeune plant de Cormier

Les plants

Ils doivent être de premier choix et certifiés tant du point de vue sanitaire que génétique. Les fournisseurs doivent être régulièrement soumis au contrôle du Service de la Protection des Végétaux.

  1. Les jeunes plants (1 à 2 ans) doivent être bien formés (le chevelu racinaire doit être abondant et ne pas présenter de spiralement ni de chignon, le système aérien doit être trapu et bien équilibré), âgés de 2 à 3 ans maximum, les buissonnants doivent compter 3 ou 4 brins minimum. Les caducs sont conditionnés en “racine nue”, les persistants préférentiellement en godet.
  2. Un baliveau
    Les baliveaux (arbre sélectionné car jugé assez droit et vigoureux pour devenir un bel arbre d'avenir, un arbre de haute futaie) doivent être des arbres formés, de 3 à 5 ans, d’une hauteur de 1,50 à 2,50 m maximum. Ils doivent comporter un houppier formé, développé à partir de la moitié (au plus haut) du tronc principal. Leur système racinaire doit être proportionnellement fort (minimum 30 cm), progressivement ramifié, bien réparti, non spiralé. Il doit présenter un chevelu abondant et frais et le moins possible d’éraflures. Les tiges trapues doivent présenter une bonne rectitude générale. Le tronc et les rameaux ne doivent présenter aucune gerçure ou blessure importante, les éventuelles feuilles doivent être dépourvues de parasites ou nécroses. Le collet doit être épais (3 à 5 cm de circonférence).

La plantation

Pour une plantation réussie, il faut suivre quelques étapes :

  1. Dans le cas de paillage sous forme de film, l’ouvrir en croix d’environ 20cm de coté.
  2. Dégager un trou à la taille des racines avec une pelle-bêche, en évitant au maximum d’agrandir l’ouverture du paillage.
  3. Tailler le plants (tiges et racines).
  4. Mettre le plant à la verticale avec les racines bien étalées et orientées vers le bas. Il ne faut pas que les racines soient tassées sur les cotés ou la fond du trou.
  5. Pour boucher le trou et garnir les racines, ramener la terre fine, qui se trouve juste en dessous du paillage, de manière à créer une «cuvette» autour du plant. Cela permettra à l’eau d’acceder plus facilement au plant.
  6. Placer la collerette légèrement en dessous du niveau du sol, sous le paillis, et rabattre les cotés de l’ouverture par dessus.
  7. Tasser énergiquement et plusieurs fois la terre à la main, puis au talon, tout en continuant à former la cuvette qui assurera la collecte de l’eau de pluie.
  8. Apporter du gravier autour du plant, ou de la terre fine, pour maintenir le paillage, et éviter que des rongeurs ne passent sous le paillage. La préconisation la plus fréquente pour la plantation des haies est l’espacement de 90cm entre les plants.

Le suivi et l'entretien des jeunes plantations

Le suivi des plantations réalisées est un gage de réussite. Effectué les trois premières années, il permet de remplacer les plants morts et de tailler arbres et haies.

Le paillage

Les paillages à dérouler ou à poser

Déroulage de film biodégradable ou biocompostable avec une dérouleuse tirée par un tracteur.

  • BioFilm Sylva 80 µ, certifié «OK BIODEGRADABLE SOIL» par Vinçotte, biopolymère à base d'huile végétale (garantie sans OGM), posé avant la plantation, prévoir des colerettes au pied de chaque plant.
  • Paillage film CELLOBIO biocompostable - conforme à la norme 13432, largeur 1,10m (il existe des films plus large), posé avant la plantation, prévoir des collerettes au pied de chaque plant.
  • Paillage en fibres végétales : Paillage Biodégradable non-tissé WEEDCONTROL AS Brun. Composition 100% PLA, largeur 1 m ou 2 m, 150 g/m2, à fixer avec des agraphes biseautées en acier (20*20*20cm, diamètre 4mm, disposées environ tout les 1,5 m environ). Paillage THORENAP® : Feutre de Fibres cardées 100% végétales: 70% jute, 30% chanvre, 1000 g /m² et 1400 g/m², disponible en rouleau pour la pose avec une dérouleuse ou en paillage unitaire ( de 30*30cm à 100*100 cm, privilégier un minimum de 60*60cm). Fixation avec agrafes ou à enterrer sur les bords.

La paille

Le paillage avec la paille est de l’ordre d’environ 25 cm d’épaisseur pour une densité variant de 15 à 20 kg par mètre carré. La largeur du paillage dépend du type de haie (simple, double, triple, …). Il faut pailler sur une largeur minimum de 20 à 30 cm de chaque côté du plant et jusqu’à environ 50 ou 60cm de chaque côté. Prévoir de faire un complément en cas de dégradation rapide pendant les 3 premières années suivant la plantation.

BRF, bois broyé

Le bois broyé provient d’un mélange de bois de feuillus varié, sous forme de copeaux d’environ 3 cm. La quantité doit être déterminée en mètre cube (m3).

  • Le paillage copeaux est de l’ordre d’environ 15 cm d’épaisseur soit 0,15 m ou 100L par arbre.
  • La largeur du paillage dépend du type de haie (simple, double…). Il faut pailler sur une largeur minimum de 20 cm de chaque côté du plant et jusqu’à environ 50cm de chaque côté.

Prévoir de faire un complément en cas de dégradation rapide pendant les 3 premières années suivant la plantation.

Les protections

Les arbres sont protégés du brouttage et frottage grâce à l’association d’un piquet et d’une gaine (qui servent aussi de tuteurs).

Les piquets

Un piquet par arbre, en châtaignier, 150 cm de hauteur (possibilité d’utiliser des piquets de 180 cm) :

  • 18/24 pour les arbres «isolés».
  • 11/13 pour les arbres à protéger dans les haies.

Les gaines de protection

Protections contre les chevreuils :

  • Gaine climatic 4 plis (Nortène pro), diam/ht : 20/120, 25 0g/ml (double maillage).
  • Gaine climatic agroforesterie (Nortène pro) , diam/ht : 20/120, 450g/ml.

Protections contre les lapins et lièvres :

Gaine climatique Nortene, diam/ht : 14/60, 85 g/ml.

Protection contre les animaux d’élevage

À choisir et à adapter selon les besoins et conditions :

  • Cloture solide à distance de la haie et/ou des arbres, si besoin renforcée avec des fils électriques.
  • Corselet mécanique (lutte contre le frottis et l'écoçarge des ovins et bovins).
  • Grillage ursus : equins, bovins, ovins (hauteur variable, piquets solides adaptés).
  • Manchon fendu ou surtronc (lutte frottis du chevreuil, écorçage du cerf et dégats rongeurs).
  • Grillage métallique frottis et écorçage des cervidés.
  • Cloture électrique à ruban, classique, high tensile, déportée...prévoir plusieurs fils pour le gibier.

Les erreurs à éviter

Après avoir vu les règles de plantations et d’aménagement voici quelques cas pratiques concrets de plantations où les techniques et le choix du matériel ne permet pas de garantir la réussite à court et moyen terme.

Attention à ne pas sous estimer la force du vent et la pression du gibier dans le choix et la mise en place des kits de protection. Les piquets choisis ici sont trop fins, parfois dans une matière qui ne convient pas, et ne permettent pas de protéger les plants convenablement (pas de maintien des gaines).

Réglementation & aides financières

Règles de distance

La plantation d'arbres, arbustes et arbrisseaux peut être faite près de la limite de la propriété voisine dans le respect des règles locales prévues par des règlements particuliers existants, ou des usages locaux constants et reconnus. Pour vous informer sur l’existence de règles locales, il convient de vous renseigner auprès de votre mairie. Si vous souhaitez planter un arbre en limite de propriété et qu’aucune règle spécifique ne s’applique localement, les distances à respecter par rapport au terrain voisin varient selon la hauteur de votre plantation :

  • Pour une plantation d’une hauteur inférieur ou égale à 2 m, la distance minimale avec la limite de propriété est de 0,5 m.
  • Pour une plantation d’une hauteur supérieure à 2 m : la distance minimale avec la limite de propriété est de 2m.

La distance est mesurée à partir du milieu du tronc de l’arbre et la hauteur de la plantation est mesurée depuis le sol jusqu’à la cime de l’arbre.

Plantation à proximité des lignes électriques

Les distances à respecter sont fonction à la fois du type de ligne et de la hauteur des arbres (article L 322-5 du code forestier).

Plantation à proximité de réseaux souterrains

Généralement il est conseillé de garder une distance d’au moins 3 m entre les plantations et les réseaux souterrains. Cette distance peut être réduite selon l’espèce plantée (et son développement racinaire), le type de réseau et la profondeur de ce dernier.

Règles d’entretien

Plantations mitoyennes

Les propriétaires d’une plantation mitoyenne (haie ou arbre), peuvent chacun l’entretenir jusqu’à la limite de leur propriété.

Branchages

Chaque propriétaire est responsable de la coupe des branches des arbres, arbustes et arbrisseaux de son terrain. Les branchages qui avancent sur la propriété voisine aussi. Une personne peut contraindre son voisin à couper les branches de son arbre si elles avancent sur sa propriété, mais il n’a pas le droit de les couper lui-même.

L’agroforesterie intra parcellaire : arbres alignés ou disséminés

La réglementation fait la distinction entre les arbres disséminés “fruitiers” et les arbres disséminés d’espèces forestières. Les premiers sont une production agricole et sont donc à ce titre admissibles à la PAC. Les seconds le sont dans certaines conditions :

  • Sur terres arables ou cultures permanentes : les arbres disséminés d’essence forestière sont admissibles dans la limite de 100 arbres/ha, quelle que soit leur disposition, sauf en bosquet. Au delà de 100 arbres/ha, la parcelle entière n’est plus admissible.
  • Sur prairies et pâturages permanents : les arbres dits forestiers, disséminés sont en partie admissibles en appliquant la règle du prorata sur les éléments non agricoles résiduels (voir la fiche Admissibilité des surfaces agricoles aux aides de la PAC éditée par le ministère[1]).

Les aides et subventions

Des subventions sont mises en place pour faciliter la réimplantation d’arbres sur le territoire. Ces aides peuvent provenir de plusieurs sources : européennes, nationales, régionales, départementales, inter-communales/communales ou de financements privés (fondations, mécènes, entreprises).

Les régions, départements et communes ont une sensibilité différente à cette problématique et toutes n’accordent pas de subventions. Ces dernières se présentent sous forme de mesures d’aides, d’appels d’offre et de programmes. Chacune des aides est destinée à des bénéficiaires précis (agriculteurs, communes, ...) et possède un règlement détaillé. Les termes d’admissibilité sont plus ou moins strictes selon l’aide. La plupart des subventions possèdent des critères de sélection, ainsi chaque projet déposé n’est pas

automatiquement accepté. Il conviendra de choisir la subvention la plus adaptée au projet, au porteur de projet et de maximiser le nombre de critères nécessaires pour être sélectionné. La plupart sont rétro-actives et demandent une avance de fond et la réalisation totale des travaux de plantation avant versement. Il est aussi parfois demandé des contre-parties à la subvention (panneaux et affichages nommant le subventionneur et le montant de l’aide, animations nature ou de plantation, ...).

La plantation accompagnée par une subvention a des obligations de résultat. Elle représente un engagement auprès du subventionneur.


Annexes


Sources

Le vademecum, 2022, Arbre et paysage 32

  1. fiche Admissibilité des surfaces agricoles aux aides de la PAC éditée par le ministère
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