Chardon des champs

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Ravageur

Le chardon est une adventice, une vivace coriace, à fort potentiel de colonisation et de nuisance. La lutte contre cette adventice doit être globale et impliquer plusieurs leviers.

Présentation

  • Classe : Dicotylédones
  • Famille : Astéracées
  • Genre : Cirsium
  • Espèce : arvense
  • Cycle : Plante dioïque (se dit lorsque les fleurs mâles et femelles sont sur des pieds différents), vivace se reproduisant principalement grâce à sa multiplication végétative importante par ses drageons (pousses végétatives issues des racines horizontales colonisatrices souterraines).
  • Résistance : Le chardon passe l'hiver sous forme de racines.
  • Type de sol : Sur tous les types de sols avec une préférence pour les sols frais, compactés, argileux et fertiles.
  • Plantules (issues de graines) : rares.
  • Cotylédons : elliptiques.
  • Graine : akène (fruit sec à une seule graine et qui ne s'ouvre pas à maturité).
  • Système racinaire : étendu, très compétitif vis-à-vis d e l'eau et des éléments nutritifs du sol.
  • Propagation : par la croissance des organes souterrains et bourgeonnement végétatif, ou par dissémination sexuée anémophile (dissémination par le vent).
  • Colonisation : rapide par tâches, à la faveur de zones non entretenues (bordures...).
  • Allélopathie : Exsudation racinaire de substances allélopathiques nuisibles à la croissance des autres espèces à proximité.

Plante bio-indicatrice

La plante seule ne permet pas de réaliser un diagnostic de bio-indication. Il faut regarder le nombre de plantes au m2, mais également la bio-indication des autres espèces sur la parcelle.

Une analyse de sol dans la parcelle permet de mettre en évidence ce que l'œil ne peut pas voir en terme de dysfonctionnements (ratio MO/Argile, activité biologique, carences ou excès en minéraux).

  • Problème de structure de sol : manque de porosité et d'échanges d'air dans le sol entraînant des anaérobioses. Le chardon lève pour restructurer un sol compacté et aller puiser en profondeur le calcium, nitrate et soufre lessivés grâce à son système racinaire puissant ou mauvaise structure et/ou compaction entraînant des rétrogradations des nitrates, monoxyde d'azote et toxicité aluminique due à la dissociation du complexe argilo-humique ;
  • Problème de bases non solubles (Ca, Mg, K) ;
  • Présence de matière organique avec une forte proportion azotée, soit un rapport C/N bas ;
  • Activité biologique bloquée ou faible avec une minéralisation difficile ou de courte durée ;
  • Signe de pollution chimique (Al3+, NO2, excès de phosphate).

Reproduction

Il y a une forte prédominance de la multiplication végétative :

Chardon 1.png

Une partie des bourgeons présents sur les racines reste dormante. Cette dormance peut être levée par la destruction de certaines parties de la plante, avec par exemple la fauche (tige et inflorescence) ou le travail du sol (racines).

Pratiques agricole favorisant sa présence

  • L'absence de travail du sol (semis direct), la répétition de travaux superficiels en interculture (fragmentation du système racinaire) ainsi que la compaction des sols par les travaux agricoles.
  • Les programmes herbicides mal adaptés : manque de solution disponible ou stade d'application non approprié.
  • Les bordures de parcelles non fauchées, les parcelles difficiles à entretenir (topographie, humidité...), les anciennes jachères et zones non cultivées, qui peuvent être sources d'infestation.

Leviers de lutte en prairies

Dans les systèmes assolés, combiner plusieurs leviers de lutte : synergie à rechercher entre la rotation culturale, le travail du sol, l'utilisation d'engrais verts, la nature des cultures pratiquées, et le cas échéant un traitement phytosanitaire.

La lutte mécanique (outil à dent)

Par le travail du sol profond en interculture ou par un déchaumage successif. L'idée est d’épuiser cette vivace en provoquant des levées que l’on détruit mécaniquement tout en remontant les rhizomes à la surface. Il faut viser deux, voire trois destructions, à chaque fois au stade 6-8 feuilles ou avant floraison quand les réserves au niveau des racines sont les plus faibles :

  • Un cultivateur à soc ou à ailettes, montées sur ressorts, contribue souvent à diminuer la pression du chardon en l'épuisant. Avec ce type de matériel, 3 à 4 déchaumages successifs, en travaillant le sol en dessous des racines, permettent d'être efficace s'ils sont réalisés à intervalle d'au moins 10 à 30 jours entre chaque passage. On peut travailler à profondeur croissante de 5 à 15 cm.
  • Un seul binage en culture n'élimine pas le chardon mais contribue à son épuisement. Dans ce cas, li faut viser des interventions tardives en culture estivale (10-12 f du maïs, stade limite de passage en tournesol par exemple).
  • Point de vigilance :
    • pratiqué à un mauvais stade végétatif du chardon, le travail du sol peut être contre-productif. Le chardon va lever la dormance des bourgeons végétatifs au niveau racinaire et se multiplier.
    • Le fractionnement et le déplacement des racines traçantes créés par les outils à disques entraînent une extension de l'infestation. Les outils à dents souples n'apportent rien.
  • Effet : Remonte tous les organes souterrains en surface ce qui épuise les réserves des racines traçantes.
  • Efficacité :
    • Prairie implanté en système assolé : Correcte
    • Prairie implanté derrière une prairie : Moyennement correcte

Rotation

La rotation n'est pas un levier très puissant dans la gestion du chardon. Les cultures de la rotation doivent être choisies de manière à élargir les possibilités de lutte herbicide et/ou mécanique.

En revanche, une luzerne bien implantée de 3 à 4 ans est bénéfique. La réalisation de 3 à 4 fauches avant la floraison du chardon réduiera sa production grainière. Les systèmes racinaires du chardon et de la luzerne étant similaires, la restructuration du sol s’effectue plus vite. Le chardon tend à disparaître ainsi, ne trouvant pas des conditions favorables à sa pousse.

On peut noter la même efficacité avec des prairies temporaires multi-espèces.

  • Effet :
    • Choix de cultures à enracinement profond (concurrence en éléments nutritifs : luzerne, maïs, ...).
    • Eviter les cultures laissant passer la lumière (tournesol, pois ...).
  • Efficacité :
    • Prairie implanté en système assolé : Moyenne

Engrais vert

  • Effet : Concurrence la lumière et les éléments nutritifs.
  • Efficacité :
    • Prairie implanté en système assolé : Moyenne

Faucher avant chaque floraison du chardon

Cette opération estivale risque de lever la dormance des drageons, qui donneront de nouvelles pousses. Des opérations supplémentaires seront alors nécessaires.

  • Effet : Eviter les grenaisons (éviter la dissémination des graines par le vent)
  • Efficacité :
    • Prairie implanté en système assolé : Moyenne
    • Prairie implanté derrière une prairie : Moyenne
    • Prairie déjà installée : Moyenne

Conditions favorables à la culture de l'herbe

  • Effet :
    • Entretien du potentiel de fertilité des sols (pH, fertilisation adaptée).
    • Maintenir un gazon dense et fermé (pâturage raisonné, fauche plutôt précoce).
  • Efficacité :
    • Prairie implanté en système assolé : Moyenne
    • Prairie implanté derrière une prairie : Moyenne
    • Prairie déjà installée : Moyenne

Lutte phytosanitaire

Elle est également efficace mais doit se raisonner sur plusieurs années. C'est elle qui donnera le plus de satisfaction après plusieurs années de maîtrise du chardon. Tout échec une année permet au chardon de refaire des réserves.

A positionner avant la floraison, dès la formation des boutons et en respectant la réglementation en vigeur. Portez vos Equipements de Protection Individuelle (EPI).

  • Le glyphosate : à appliquer en interculture. Il s’agit de la matière active apportant le plus d’efficacité à moyen et long terme. Pour un maximum d’efficacité, l’application doit être réalisée proche du stade floraison du chardon pour profiter de la systémie descendante et avoir un maximum de matière active qui va « taper le rhizome ». Pour cela, on recommande d’appliquer la pleine dose de matière active bien adjuvantée.
  • Le clopyralid :
    • Sur céréales : apporte les meilleures efficacités. Dans une moindre mesure, le metsulfuron apporte de l'efficacité mais, en application printanière, peut compromettre l'implantation d'un colza ou du couvert qui suivra à cause de la forte rémanence.
    • Sur colza : il est également homologué mais n’est pas sélectif des plantes compagnes et la période d’application ne correspond pas vraiment avec l’émergence des chardons (février - mars).
    • Sur betterave : le produit est satisfaisant. Il peut être intéressant de le scinder en deux applications pour contrôler les levées échelonnées.
  • Efficacité :
    • Prairie implanté en système assolé : Correcte
    • Prairie implanté derrière une prairie : Correcte
    • Prairie déjà installée : Correcte

Sources

Fiche technique, 2016, Ecophyto, programme Structurel Herbe et Fourrages en Limousin

Problématique chardons des champs sur la ferme : comment en venir à bout ?, AgroLeague

Annexes

S'attaque aux cultures


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