Colza d’hiver sous couvert permanent de Luzerne
Contexte
Nom de l'agriculteur : Charles-Henri Mazeran
Nom de l’exploitation : EARL de Biarge
Département : Charente (16)
SAU : 180Ha
UTH : 1
Élevage : Non
Cultures remarquables : Colza d’hiver
Irrigation : Non
Types de sols : Groies Légères Argilo- calcaires
Travail du sol : Agriculture de conservation des sols : Semis Direct, Non labour, Strip-till
Succession de cultures : Luzerne (4 ans) -> Blé -> Orge-> Colza -> Blé
Ferme en zone AAC : Oui
Autres éléments de contexte : MAEC Réduction IFT, programme Re-sources de protection de la qualité de l’eau
La pratique au sein du système de culture : Déjà plusieurs parcelles en Couvert permanent de Luzerne
Culture cible : Colza d’hiver
Bioagresseurs : Adventices, ravageurs et maladies
Origine de la pratique et cheminement de l’agriculteur
Après un passage en TCS de 2005 à 2012, puis un arrêt total du travail du sol pour passer en semis direct (sauf strip till pour les Colza), la gestion des adventices et des maladies reste un point crucial dans l’avancée de Charles-Henri en agriculture de conservation du sol.
Cette technique du semis sous couvert permanent de Luzerne l’aide à gérer ces problématiques.
La technique
Objectif
- Couvrir le sol en permanence pour réduire l’ensalissement, les maladies et bioagresseurs.
- Nourrir le sol et les cultures suivantes grâce à l’apport d’Azote des légumineuses.
- Semer des cultures avec peu ou pas de travail du sol
Description
Semis du colza d’hiver sous couvert permanent de Luzerne
Itinéraire technique du colza d’hiver :
Travail du sol : localisé en strip till 5 jours après la moisson de l'orge (précédent).
Désherbage : 1,75L de Glyphosate avant le semis pour réguler la luzerne et tuer les dicotylédones sur la ligne de semis. Puis 0 Anti-dicotylédones, 1 Kerb.
Semis : 15-25 août au monograine, semis claire, 25 gr/m².
Fongicide : ½ dose de Ballad (Soft Control)
Insecticide : 0
Récolte : 15 juillet
Rendement colza : 37 qtx/ha
Date de début de mise en œuvre
2019 pour le Colza sous luzerne, mais luzerne présente depuis 2014.
Attentes de l’agriculteur
- Gérer l’enherbement des parcelles avec moins d’herbicides, notamment les problèmes de résistance du Ray-Grass.
- Gérer les bioagresseurs et la fertilité des sols tout en diminuant l’apport de produits phytosanitaires.
Avantages et limites
Avantages
- La luzerne est un leurre pour les insectes notamment les altises qui vont moins s’attaquer au Colza -> moins d’insecticides.
- Elle fait concurrence aux adventices, nettoie la parcelle en restant implantée 8 ans de suite -> Moins d’herbicides.
- Légumineuse, elle fertilise le sol -> moins d’apport d’azote.
- Débouché supplémentaire en fourrage ou en semences !
- Elle permet le développement de la biodiversité.
Limites
- La nécessité de réguler la luzerne pour qu’elle laisse la place au colza semé crée une dépendance au glyphosate.
- On ne peut pas semer autre chose que des céréales ou du Colza sous une luzerne car l’utilisation de glyphosate (désherbant non sélectif) endommagerait aussi la plante cultivée.
Mise en œuvre et conditions de réussite
Strip till juste après la moisson du précédent pour faire un faux semis sur les lignes de semis et gérer l’enherbement sur le rang.
Pour que cette technique réussisse il faut surtout savoir réguler la Luzerne vivante pour qu’elle n’étouffe pas la culture en place mais qu’elle soit toujours présente.
A la moisson, les pailles sont retirées tout de suite pour permettre aux prédateurs des mulots de se poser sur le champs et utiliser la régulation naturelle de ces prédateurs.
Témoignage de l’agriculteur
« J’observe un déplafonnement des rendements. Derrière une luzerne, toutes les cultures réussissent. Je pense que la vie du sol en profite pleinement aussi car la luzerne est gardée vivante pendant plusieurs années : le sol est toujours couvert ! Et si le sol est en bonne santé, les plantes le sont aussi ! »
« En plus des résultats agronomiques, j’observe le développement d’une faune sauvage et auxiliaire : les fleurs attirent, le couvert est un abri. »
Les conseils de l'agriculteur : « ça fait un peu peur au début, il faut s’y faire. Mais ça marche ! »
Améliorations ou autres usages envisagés
Généraliser cette technique sur toutes les parcelles !
Vidéo « Semis direct sous couvert : Une technique pour préserver la qualité de l’eau » réalisée par le syndicat d’eau potable SIAEP Nord Ouest-Charente en 2019, sur le système de Charles-Henri Mazeran :
Etapes de cette technique
La pratique au sein de la stratégie de l'agriculteur
Résultats attendus
- Un enherbement maitrisé avec moins d’herbicides
- Un sol couvert et vivant !
- Un beau champs, fleuri !
Résultats
Indicateurs de résultats
Niveau de satisfaction
/performance |
Commentaires de l'agriculteur | |
---|---|---|
Maîtrise des
adventices |
Les chardons et le RG sont maîtrisés | |
Maîtrise des
ravageurs |
Amélioration sans traitements | |
Maîtrise des
maladies |
Diminution des fongicides | |
IFT de la culture
concernée |
Diminution insecticides et fongicides | |
IFT du système
de culture |
Diminution | |
Rendement | Déplafonné | |
Temps de travail
dans la parcelle |
Pas de travail du sol ni de semis de couvert | |
Temps d'observation | « Je devrais y passer plus de temps » | |
Charges de
mécanisation |
Moins de passages | |
Marge semi-nette
du système |
Amélioration | |
Prise de risque | Peur au début |
Ce que retient l'agriculteur
« C’est ce que faisaient les anciens avant pour l’élevage ! Nous n’avons rien inventé. La luzerne est adaptée aux terres et au climat du secteur. Il a juste fallu adapter la technique au Semis Direct. Aujourd’hui c’est une technique efficace économiquement et écologiquement ! »
Avis de l'ingénieur réseau DEPHY
C’est une technique qui mérite d’être testée. Souvent les agriculteurs ont peur d’immobiliser une parcelle en Luzerne pendant 4 ans. Mais Charles-Henri le fait progressivement et en ressent vraiment les bénéfices aujourd’hui ! Aucune modification de systèmes ne peut s’observer du jour au lendemain. La dépendance au désherbage chimique reste une question en suspens bien sûr. Même si la dose est moindre et appliquée sur du végétal vivant et dense et non sur le sol directement, c’est un point qu’il faut avoir en tête pour essayer d’évoluer vers le 0 phyto. Pourquoi pas, améliorer cette pratique avec des techniques de désherbage mécanique par exemple ? Vient alors la problématique de la multiplication des passages sur la parcelle, de la consommation en pétrole… Aucun changement n’est simple !
Mais en attendant, des exemples de changements possibles sont là !
Sources et références
Ecophyto DEPHY, 2021, Pratiques remarquables du réseau DEPHY : Colza d'hiver sous couvert permanent de Luzerne. Disponible sur : https://ecophytopic.fr/sites/default/files/2021-04/PRATIQUE_87CI16GC_GCPE_NA.pdf
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