Ferme expérimentale du cabinet Monrado

De Triple Performance
Aller à :navigation, rechercher

Agroécologie, diversité des cultures, fertilité des sols, compost, rotation des cultures
Fadel Sacca Gounou
Urbane Bénin Polyculture-élevage

Monrado Fadel.jpgMonrado Ferme.jpg

Ferme expérimentale du cabinet Monrado

Le cabinet Monrado a créé une ferme expérimentale au Bénin et cultive ses terres et élèves ses animaux selon les principes de l'agroécologie. Actuellement leurs thématiques de recherche et de formation sont principalement autour de la restauration des couverts végétaux et de retrouver la fertilité des sols. Voici le portrait de leur ferme.

Contexte

La ferme

  • Nom de la ferme : Ferme expérimentale du cabinet Monrado.
  • Localisation : Ndali (64km au Nord de Parakou), Bénin.
  • Date d’installation : 2021.
  • Surface cultivée : 16 ha.
  • Texture du sol : Sablo-limoneux.
  • Nombre de personnes travaillant sur l’exploitation (UTH) :
    • 2 personnes à l'année.
    • 6 à 7 UTH en occasionnel payés à la tâche : labour, entretien au niveau du rucher. Ils interviennent sur la ferme entre 6 et 8 mois dans l’année : saison des pluies + 2 mois pour les récoltes et le conditionnement. Ils reçoivent l’aide de femmes pour la récolte des amandes de karité.
    • 1 gardien (permanent et payé).
    • Des stagiaires, financés grâce au contrat "le chemin de l’emploi" avec l’état (environ 50 000 FCFA / mois payés par l’état), qu'ils les forment à des métiers qualifiants : apiculture, maraîchage.
  • Climat : Précipitations = 1200 mm /an, vent Harmattan en saison sèche, vent sec et froid.


Productions végétales


Productions animales

  • Lapins : 3 élevés en cage.
  • Canards : 11 élevés en plein air.
  • Poules : 10 élevées en plein air.

Il y avait un cheptel très important mais ils ont eu un problème de maladie, ils cherchent désormais à remonter le cheptel pour recréer un atelier de vente.

  • Apiculture : 57 ruches. Cette activité est plus rentable que la production animale mais moins que les productions végétales.

Objectifs

  • Projet de restauration d'un poulailler, pour la production et la vente d'œufs et de poulets.
  • Projet d'extension de la lapinerie.
  • Mise en place d’un atelier d’élevage en plein air.
  • Objectif futur de maintenir des espèces maraîchères en voie de disparition.
  • Au niveau de l'apiculture, objectif d'augmenter le nombre de ruches (objectif 100 ruches) et faire un élevage de reines pour les commercialiser auprès des apiculteurs.
  • Installation d'une miellerie à l'entrée de la ferme.
  • Projet à long terme de ferme école agroécologique, sur les trois volets : la production végétale maraîchère et agricole ainsi que la production animale le tout de la façon la plus naturelle possible.
  • L’Objectif final est de faire de la ferme un centre de recherche ou de formation professionnelle, qui réalise de l’accompagnement et pilote des expériences sur place avec des agriculteurs volontaires.


Volet agronomique

Pratiques agricoles

Gestion de la fertilité

  • Rotation des cultures : En y intégrant une légumineuse : Arachide, haricot, soja, mucuna, pois d’Angole. La production de légumineuses est valorisée.

Exemple de rotation : Soja, igname, maïs. Normalement l'igname était en tête de rotation, mais ils ont changé. Système SAP (Système amélioré de productivité des sols) : Division de la surface en 4 : une parcelle d’igname, une parcelle de soja , une parcelle de sorgho et une parcelle d’arachide ou manioc. L’année qui suit rotation : l'igname est remplacée par du maïs.

  • Système de jachère pendant 3 ans : Pas de feu pendant 3 ans, la 4 ème année les cultures reprennent.
  • Défrichage manuel : Ils sont contre l'utilisation des feux de brousse qui détruisent la biodiversité.
  • Gestion des résidus de récolte : Ils sont dispersé sur la parcelle pour apporter de la matière organique.


Gestion des ravageurs

Les principaux ravageurs sont :

  • Souris : Elles posent problème sur les arachides.
  • Perdrix : Elles mangent les semis de sorgho et maïs.
  • Lapins / lièvres : Ils viennent brouter les cultures.
  • Criquets.
  • Rats de Gambie.
  • Ecureuils : ils mangent les fruits et les graines sur les arbres.

Pour lutter contre ces ravageurs, ils produisent des biopesticides et des biofertilisants sur le ferme. Ils forment également des producteurs. Ils ont essayé une préparation à base de gliricidia, piment et savon sur le coton et le niébé et ça apporte de très bons résultats. L’objectif est d’avoir un produit piquant qui fragilise le ravageur.

Contre les rongeurs, pour le moment ils installent des pièges, mais ça reste très peu efficace face à la pression. Les attaques de criquets sont insignifiantes sur les récoltes donc ça ne présente pas de soucis majeurs.


Travail du sol

  • Labour en billons.
  • Labour à plat avec un passage de tracteur perpendiculairement à la pente pour limiter l’érosion.
  • Sarclage.
  • Buttage, réalisation de buttes d’1 m de haut pour l'igname.
Culture de l'igname sur buttes.


Stratégies face aux contraintes

  • Pas d'électricité : Le problème contourné avec un système d'éclairage solaire.
  • Disponibilité de la main d'œuvre à des périodes précises : Fidélisation de la main d'œuvre en les motivant à travers des bonus (un peu plus d'argent, avance sur le paiement, nourriture, ou assistance pendant les problèmes) et en créant un "climat familial" avec eux.


Système hydrique

  • Jusqu’à aujourd’hui l’eau est prélevée à la pompe dans un puits moderne de grand diamètre.
  • Il y a sur la ferme un projet de forage afin de connecter l’ensemble de la ferme à un système de distribution d’eau et d’irrigation.


Volet social

Satisfactions/insatisfactions

  • Charge de travail : 2. Il y a deux périodes ou c'est compliqué, pendant les récoltes au niveau du rucher à la petite miellée (de septembre à novembre) et à la grande miellée (de février à avril). la charge de travail est importante car il n'y a qu'un seul employé sur place.
  • Economique : 5. Salaire mensuel variable en fonction de si l'année a été bonne ou non. L’apiculture contribue à presque 50% des revenus de la ferme.
  • Confort de travail : 8. Confort de vie minimum, couchette et éclairage solaire, chaque chambre à des douches internes et des cuisines. Il y a des lampadaires sur le site, seulement il reste à faire des toilettes et des douches externes qui devraient être confectionnées d'ici peu.
  • Sociale : 7. Le weekend le chef d'exploitation repart chez lui dans sa famille. Parfois lorsque les activités sont intenses, il ne rentre pas le weekend.
  • Cadre de vie : 7. Il y a des logements sur la ferme (1 logement pour le gardien, 1 logement pour les stagiaires, 1 logement pour le chef d’exploitation). Système d'électrification solaire.

Echelle de 1 = très insatisfait, à 10 = très satisfait.


Environnement

Accompagnement technique / Aides

  • L'accompagnement par le cabinet Monrado est constant mais il n'y a pas d'échanges avec les bureaux d'apiculteurs. Le chef d'exploitation est dans une association d'apiculture mais à titre personnel.
  • Le cabinet Monrado a monté un projet de formations professionnelles qualifiantes à la ferme sur 1 an : PROFOP. Ce projet de formation agricole est subventionné par l'état (GIZ) et fait intervenir des formateurs experts internes du cabinet Monrado et d'autres experts de structures différentes. Les salariés et le chef d'exploitation de la ferme ont accès à ces formations. Les thématiques proposées sont :
    • Énergie renouvelable et agriculture : Formation et accompagnement des techniciens pour l’entretien de systèmes photovoltaïques, en biodigesteur et biogaz.
    • Agriculture : Accompagnement apiculteur, production maraîchère, technicien de transformation de produit agroalimentaire.


Coopération avec d’autres agriculteurs

Il n'y a pas de coopérative, mais ils proposent beaucoup de formations aux jeunes. Note de 7 sur le graphique ci-dessus.


Matériel d'apiculture.

Volet économique

  • Foncier : 1ha = 300 000 FCFA.
  • Matériel :
    • 57 ruches : une ruche = 35 000 FCFA.
    • 2 combinaisons d’apiculteurs = 40 000 FCFA.
    • Enfumoir, seau, pinceau, extracteur et kit d'élevage pour les reines = 300 000 FCFA.
    • Brouette, râteau, machette, houe, imperméable, lampe torche, chapeau = 200 000 FCFA.
    • Introduction de la ruche Dardan : 5-6 ruches en bois pour la production et l'élevage de reines = 42 000 FCFA (52 000 FCFA avec deux étages).
    • Ruche Kenyan : 1 ruche = 15000 FCFA. Ells sont en béton et sont résistantes aux intempéries. La production est plus élevée : 15 L de miel par an en moyenne.
  • Dons, aides financières : Aucune aide perçue. L’exploitation est gérée avec les fonds propres du cabinet Morando.
  • Charges :
    • Coût de la main d'œuvre = 45 000 FCFA / ha.
    • Coût de l'acquisition des semences d'igname = 600 000 FCFA (production pendant 3 ans avant de changer de semences)+ ≈ 190 000 FCFA pour la mise en buttes. Avec la main d'œuvre cela peut coûter jusqu'à 1 000 000 FCFA. Les semences d’igname coûtent très cher.
    • Coût des tiges de manioc = 100 FCFA / tige, au total dans les 170 000 FCFA avec l'entretien et le labour, 50 000 FCFA pour les boutures + réalisation des billons.
  • Revenus : Pour 30 ruches 1 000 000 FCFA de miel et la cire peut apporter jusqu'à 400 000 FCFA.

Sur la ferme, ils peuvent gagner jusqu'à 2 000 000 FCFA les années sans problème. Le coût d’entretien des ruches est négligeable par rapport à la rentabilité. La récolte se fait avec le chef d’exploitation et les techniciens pour diminuer le coût de main-d'œuvre. La récolte est une période avec énormément de travail.


Stratégie commerciale / débouchés

  • Vente sur place, pas d'exportation. La vente se fait à des clients spécifiques qui connaissent la valeur du bio (détaillants connaisseurs).
  • Site internet : Avec le répertoire de détaillants du cabinet Monrado. La demande est supérieure à l'offre.
  • Les formations dispensées à la ferme sont gratuites car elles sont financées par le projet PROFOP.


Les conseils de l’agriculteur

  • Avoir une ferme c'est avoir une disponibilité absolue pour ses cultures.
  • Pour la production animale, il faut faire une analyse de marché pour être sûr que la demande existe et éviter d'élever des animaux moins connus : cailles,...
  • Il faut être endurant, disposer d'un capital stable, car cela nécessite au début beaucoup de moyens et de sacrifices avant d'avoir des rendements, et ce n'est que par la suite que l’on bénéficiera des fruits de son effort.
  • Etre ouvert aux innovations sinon on se fait dépasser par les innovations du monde. Il y a un désintérêt de la population pour certains produits.


Galerie photos


Sources

Interview de Fadel Sacca Gounou réalisée en août 2024 par l'équipe de Ver de Terre Production dans le cadre du projet Urbane.

Crédits photos : Ver de terre Production.


Partenariat - Portail.png

Cette page a été rédigée en partenariat avec le projet Urbane et grâce au soutien financier de l'Union Européenne.

Logo Urbane UE.png



Annexes

Partager sur :