Lutter contre les campagnols à l’aide de pièges mécaniques

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Piège à campagnols - © INRA Gotheron


Caractérisation de la technique

Description de la technique :

Informations issues initialement du Guide pour la conception de systèmes de production fruitière économes en produits phytopharmaceutiques (2014) / Fiche technique n°19. Pour en savoir plus  voir lien

Principe

Moyen de lutte physique qui consiste à disposer des pièges mécaniques dans les vergers pour diminuer les populations de campagnols. Cette technique représente un levier principal et efficace contre diverses espèces de campagnols : campagnol terrestre (Arvicola terrestris ), campagnol des champs (Microtus arvalis ),  campagnol provençal (Microtus duodecimcostatus ), campagnol souterrain (Microtus subterraneus ). Cependant, le piégeage mécanique est assez contraignant et très chronophage.

Moyens de mise en œuvre et conditions d’efficacité de la technique

Pour mettre en œuvre cette pratique et assurer un maximum d’efficacité, il est important de repérer les traces d’activité de campagnols (terriers, trous, grattage, tumulus) pour localiser des galeries. Il faut placer les pièges dès la détection des premiers signes d’activité de ces rongeurs, quelle que soit la période de l’année. Toutefois, le piégeage est plus efficace au moment de la période de reproduction (printemps-automne selon les espèces). La surveillance lors de la phase de croissance des populations dans le cadre du cycle de pullulation interannuel reste un élément clé pour augmenter l’efficacité de cette technique.

La technique :

On distingue deux types de piégeage : Le piégeage « curatif » mis en œuvre pour tenter de maîtriser des populations en place et le piégeage « d’entretien » lorsque le piégeur a assaini la parcelle et va piéger au niveau des foyers localisés  pour limiter la réinfestation.

Parallèlement, deux systèmes de lutte existent :

1) La lutte active grâce aux pièges vulnérants qui tuent directement les campagnols. Dans ce cas, il est possible d’utiliser :

  • soit des pièges à guillotine (ex. Top-Cat®), actuellement les plus pratiques et les plus utilisés . Leur mise en œuvre est  contraignante lorsqu'il s'agit d'en disposer une quantité importante sur une parcelle et demande beaucoup du temps. La méthode devient très coûteuse sur de grandes surfaces (cf nombre de pièges nécessaires).
  • soit des pièges à pince (ex. Putange®), légers à transporter mais plus contraignants à poser et à relever lors d'une utilisation intensive (il faut ouvrir les galeries).

Les pièges à guillotine ou à pince sont positionnés dans les galeries de circulation, en évitant celles d’évacuation conduisant aux tumulus (campagnol provençal). Le piégeur dispose d’un certain nombre de pièges (5 à 10 minimum) et « tourne » dans la parcelle, zone par zone, en vidant et réarmant les pièges : il est important de les relever régulièrement, un piège ayant capturé ou ayant été déclenché n’est plus opérationnel.


2) La lutte passive grâce aux pièges non vulnérants qui ne tuent pas directement les campagnols. Il s’agit de pièges dits à goulotte qui sont constitués d’un tube ou d’une boîte avec un système de porte anti-retour. Ces pièges (ex. pièges Standby®, Scherman®, Longworth®, Ugglan®...) ont été conçus pour piéger les animaux vivants afin de pouvoir estimer leur population sur une parcelle. Ils sont placés au sol, le long d’un obstacle (souvent une barrière physique sur le périmètre de la parcelle) et décalés de quelques centimètres (environ 10 cm). Ce type de piège est très utilisé dans le cadre d'expérimentations ou lors de travaux de recherche.

Certains pièges à goulotte dits pièges à dégagement comportent un mécanisme (toit ouvrant) qui permet aux prédateurs tels l’hermine et la belette de s’échapper. Aussi, après quelque temps de fonctionnement de la barrière, les prédateurs (notamment les renards roux) viennent s’alimenter directement dans les pièges en soulevant le couvercle.

Précision sur la technique :

  • Pour lutter efficacement contre les campagnols, il est nécessaire d'intervenir avant que la population du verger soit trop importante, surtout en jeunes vergers.
  • Il est conseillé de mettre un bout de pomme dans le piège comme attractif ; par ailleurs, il faut chercher à ce que la galerie soit bien refermée autour du piège (pas de lumière), ce qui peut être réalisé en mettant une coupelle en collerette autour du piège.
  • Il est également important de s’inscrire dans la démarche d’une lutte collective (organisée sous l’égide d’un organisme à vocation sanitaire (OVS) pour le domaine végétal comme la Fédération régionale des groupements de défense contre les organismes nuisibles - Fredon) et en combinaison avec d’autres moyens de lutte pour limiter les réinfestations surtout s’il y a des prairies autour de la parcelle.
  • Cette technique entraine des contraintes pour le passage des engins agricoles (balisage des pièges) et pour l’entretien du sol (gestion de l’enherbement notamment).
  • Il faut déplacer les pièges en fonction des tumuli actifs ou lorsque l’animal a détecté le piège et le déclenche systématiquement sans se faire prendre.
  • Le campagnol des champs ne crée pas de tumulus comme les autres espèces. Il crée cependant des petits tumulus un peu écrasés sur leur sommet, plus difficiles à repérer.
  • En outre, il est important de suivre une formation au piégeage pour apprendre à manipuler les pièges et pour connaitre les espèces cibles et non cibles.





Période de mise en œuvre

Sur culture implantée



Echelle spatiale de mise en œuvre

Parcelle



Application de la technique à...

Positif

Toutes les cultures :

Facilement généralisable

La technique peut être appliquée en arboriculture mais aussi en grandes cultures et en production légumière.

Tous les types de sols :

Sans objet

Tous les contextes climatiques :

Sans objet

Critères "environnementaux"

Neutre

Autre :

Pas d'effet (neutre) Pas de connaissance sur l'impact du piégeage mécanique sur l'ensemble d'indicateurs environnementaux.

Pour lutter contre les campagnols, que ce soit par des techniques chimiques ou mécaniques, les déplacements au sein d'une parcelle se font à pied. C’est juste le nombre de passages par parcelle qui diffère entre une lutte chimique et mécanique. Dans une approche globale, on peut supçoner que la fabrication du rodonticide et son transport sur l’exploitation ont un coût énergétique. Cependant, on ne dispose pas de connaissances précises à ce jour.

Le seul impact connu et préoccupant est lié à la toxicité des rodonticides avec des effets négatifs sur les chaînes alimentaires et la mortalité de prédateurs.

Critères "agronomiques"

Productivité :

Variable. Cette technique permet de limiter la mortalité des jeunes arbres notamment. De ce fait, on peut estimer qu'elle améliore la productivité / ha Il s'agit d'une technique alternative dont l’efficacité est clairement conditionnée par la mise en œuvre de plusieurs solutions complémentaires

Qualité de la production :

Pas d'effet (neutre)

Fertilité du sol :

Pas d'effet (neutre)


Neutre

Stress hydrique :

Pas d'effet (neutre)


Positif

Biodiversité fonctionnelle :

En augmentation. Il est important de souligner que la lutte chimique présente des risques non négligeables pour la chaîne alimentaire et les animaux domestiques par ingestion d’animaux empoisonnés et dans une moindre mesure par consommation d’appâts empoisonnés. Elle est à proscrire en cas de fort inoculum de campagnols (seuil d’interdiction).

L’impact sur la biodiversité fonctionnelle est donc positif via la limitation du risque d’empoisonnement par rodonticides dans la chaine alimentaire (c’est une des raisons qui a conduit à rédiger l’arrêté campagnol). De plus, les pièges à dégagement favorisent la présence de prédateurs aux environs de la parcelle (renard, chat, hermine, etc.) qui consomment les campagnols dans les pièges.

Les pièges mécaniques sont inoffensifs pour l’environnement et l’homme. Seulement un risque modéré pour les belettes ou hermines qui peuvent circuler dans les galeries et dans les pièges de type Standby®.

Critères "économiques"

Négatif

Charges opérationnelles :

En augmentation. Les pièges avec des mécanismes à ressort ont une durée de vie de plusieurs années. Par contre, le coût de la main d’œuvre augmente les charges opérationnelles car la technique demande beaucoup du temps pour faire des suivis fréquents (plus de 200 h/ha selon niveau de population initiale).

Prix des pièges à pince : 2-3 € TTC (unité)

Prix des pièges à guillotine : environ 40-50 € TTC (unité)


Neutre

Charges de mécanisation :

Pas d'effet (neutre)

Marge :

Pas de connaissance sur impact

Critères "sociaux"

Neutre

Temps de travail :

Pas d'effet (neutre). La lutte chimique contre les campagnols ainsi que le système de piégeage mécanique se fait à la main. Cependant, ce dernier demande plus du temps de travail que la lutte avec rodonticide.


Neutre

Période de pointe :

Variable. Cette technique demande un court temps de formation (détecter les traces d’activité, prise en main des pièges, stratégie de gestion du piégeage), de contrôles visuels fréquents, du temps de pose.

Temps variable selon la pression, équivalent à plusieurs journées par an, interventions sur au moins deux périodes de l’année. De plus, les suivis peuvent être à réaliser pendant les périodes de récolte pour le campagnol provençal, ce qui alourdit la charge de travail pendant ce pic d’activités.

Le temps de piégeage dépendra de plusieurs aspects :

  • de la pression de piégeage,
  • du nombre et du type de piège,
  • de la densité de campagnols,
  • de la présence de taupes,
  • de l’enherbement (qui dissimule les indices),
  • de l’importance de la prédation naturelle,
  • du niveau de réinfestation à partir des individus réfractaires au piégeage et des populations environnant le verger.


Négatif

Temps d'observation :

En augmentation. Technique très chronophage car besoin de temps pour le suivi régulier (4 à 5 fois plus de temps que pour la lutte chimique). En cas de forte pression, le piégeage devient beaucoup trop chronophage pour arriver à maintenir les populations à un seuil tolérable.

Une stratégie pour réduire le temps d'observation consiste à former les tractoristes (qui passent partout) pour répérer et signaler la présence de tumuli.

Pour en savoir plus

  • Les méthodes de lutte alternative contre le campagnol provençal: Tronel C., Bouniol M. CTIFL, Brochure technique, 2013 Infos-Ctifl, 295, 32-35 - lien vers la brochure

Mots clés

Méthode de contrôle des bioagresseurs :

Lutte physique

Mode d'action :

Action sur le stock initial

Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides :

Substitution

Annexes

S'applique aux cultures suivantes

Favorise les auxiliaires

Défavorise les bioagresseurs suivants

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