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Optimisation du nombre de traitements en fonction de la sensibilité des cépages

De Triple Performance
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Thomas Sorin. Crédit photo : CA 89


Thomas Sorin, viticulteur en Bourgogne s'est lancé en 2005 dans une démarche de diminution de l'usage des herbicides et fongicides sur son vignoble. Il nous explique comment dans ce témoignage.

Contexte de l'exploitation

  • Nom : Domaine des Remparts.
  • Localisation : Saint-Bris-le-Vineux, Yonne.
  • Types de productions /Appellations : Vins en appellation Saint-Bris, Irancy, Bourgogne Aligoté, Bourgogne Côte d’Auxerre.
  • Certification/Label : HVE3.
  • Objectifs de rendement : 55 hl/ha pour les rouges, 65 hl pour les blancs, 70hl pour les aligotés.
  • Circuit commercial : Vin négoce (75%), directe (25%).
  • Autres ateliers : Cerises.
  • Main d’œuvre :4 permanents + 2 mains d’œuvre familiale + recours à des entreprises et saisonniers (2 ETP pour la taille et pliage – attachage de la baguette).
  • SAU : Total: 61,96 ha. SAU Vigne: 45,81 ha. Système de culture DEPHY: 45,81 ha.
  • Type de sol : Sols argilo-calcaires peu profonds mécanisables en enjambeur .

Le système de culture DEPHY

  • Cépage(s) : Aligoté, Pinot Noir, Chardonnay, César, Sauvignon Blanc, Sauvignon gris.
  • Appellation(s) : Saint-Bris, Irancy, Bourgogne Aligoté, Bourgogne Côte d’Auxerre.
  • Certification/Label : HVE3.
  • Mode de conduite : Guyot simple.
  • Densité de la plantation : 7000 à 7700 pieds/ha.
  • Agroéquipement : Pulvérisateur face par face pneumatique, lames interceps hydraulique.
  • Spécificité : sol argilo-calcaire peu profonds mécanisables.

Objectifs et motivations de l’agriculteur

Le Domaine des Remparts est une exploitation viticole familiale située au cœur du village de Saint-Bris-le-Vineux dans le département de l’Yonne en Bourgogne. Le domaine exploite presque 4 hectares de cerisiers, mais sa principale activité reste la vigne et la production de vins d’appellations.

Dans les années 90, la visite de domaines qui pratiquent le désherbage mécanique sous le rang interpellent le père et l’oncle de Thomas Sorin. Ils s’interrogent sur l’impact de leurs pratiques sur leurs sols. Ils s’impliquent alors dans un groupe de lutte raisonnée à la recherche de solutions techniques. Imprégné par cette éducation et formé dans un BTS viti-oeno, Thomas rejoint l’exploitation en 2005. Il poursuit la démarche dans la substitution des herbicides par le travail mécanique du sol. Dans le même temps il étend sa réflexion à sa stratégie fongique afin de limiter le nombre de passages du tracteur. Il entame des essais de réduction du nombre de traitements sur ses cépages moins sensibles comme l’Aligoté. Au fur et à mesure des années il expérimente, teste et pratique toujours cette stratégie de limitation du nombre de passages.

Sorin BaisseIFT.png

Étapes de mise en place

Évènement/changement au niveau de l’exploitation

  • 1978 : Création de l’exploitation par la famille Sorin. En arrivant sur le domaine, mon père et mon oncle ont rejoint mon grand-père en créant le Domaine des Remparts. L’exploitation était en polyculture avec de la vigne, des cerisiers et des champs. Au fur et à mesure, la vigne a pris plus de place pour des raisons économiques et d’incompatibilité des temps de travaux entre les autres cultures.
  • 2005 : Thomas s’installe avec ses parents sur 37 ha de vignes.
  • 2008 : Achat d’un nouveau pulvérisateur pneumatique avec descentes face par face.
  • 2011 : Entrée dans le groupe DEPHY.
  • 2013 : Acquisition de 10 hectares de vignes en appellation. Au départ à la retraite de mon oncle maternel, j’ai repris ses 10 hectares de vignes. Mon matériel et mes installations étaient suffisamment dimensionnés pour agrandir la surface. J’ai seulement dû faire appel à de la prestation de service pour les travaux de taille et de pliage / attachage de la baguette.
  • 2018 : Départ en retraite du père et de l’oncle de Thomas. Arrivée sur le domaine de sa cousine.

Évènement/changement agronomique au niveau du système de culture

  • 1989 : Entrée dans un groupe technique : Début du raisonnement phytosanitaire et essai des inter-ceps mécaniques en substitution au désherbage chimique.
  • 2005 : Désherbage chimique uniquement sous le rang.
  • 2009 : Début de l’adaptation de dose en fonction du volume foliaire sous l’impulsion des groupes de lutte raisonnée.
  • 2012 : Essai stratégie POD-mildium.
  • 2015 : Début des essais des OAD DeciTraitMovida.
  • 2016 : Arrêt des herbicides.
  • 2018 : Certifié HVE3.
  • 2019 : 2 traitements anti-oïdium sur les aligotés. Intégration des OAD (Decitrait – Movida). Présenté au départ à Thomas Sorin par un technicien, il a souhaité tester ces outils dans son objectif d’ajuster sa protection fongique en fonction des contaminations. Aujourd’hui avant un départ en traitement, il consulte les bulletins techniques, ses stations météo connectées et confronte ces informations aux OAD qui permettent de confirmer son choix de partir en traitement.

De 2005 à 2015 - Désherbage mécanique : dès son arrivée sur l’exploitation Thomas Sorin souhaite approfondir la démarche de ses parents dans la réduction de l’usage des herbicides, soucieux de son impact sur les sols. Il maintient le désherbage sous le rang dans un premier temps, plus difficile à substituer. Puis développe le passage des inter-ceps hydrauliques et augmente le nombre de parcelles années après années.

Stratégie de l'agriculteur pour la gestion des bioagresseurs

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Résultats attendus

  • Objectif de rendement : 55 hL/ha pour les rouges, 65 hL/ha pour les Chardonnay, 70 hL/ha pour les aligotés et autres cépages.
  • Objectif de qualité : Une vendange saine et de qualité (composante gustative importante pour la vente en bouteille).

Évaluation de la maîtrise des bioagresseurs

Evaluation réalisée par l’agriculteur et l’ingénieur réseau DEPHY à l'échelle du système de culture.

Maîtrise des adventices

  • Positif : Remplacer le désherbage chimique par de l’entretien mécanique. Bonne maitrise des inter-ceps hydraulique. Difficulté de se débarrasser des ronces.

Maîtrise des maladies

  • Positif : Mildiou : Tolère la présence sur feuille après floraison. Gestion des contaminations par les OAD et un réseau de stations météo. Faible pression depuis 2019..
  • Positif : Oïdium : Tolérance zéro surtout sur chardonnay. Départ de traitement disjoint de la protection mildiou et en fonction de la sensibilité des cépages et de son expérience.
  • Positif : Black-rot : Faible pression en général sur le vignoble mais protection en combinaison d’anti-oïdium ou anti-mildiou.
  • Positif : Botrytis : Tolère la faible présence sur grappe. Gestion de la vigueur de la vigne en amont aération des grappes.

Maîtrise des ravageurs


Positif = Bien maîtrisé Neutre = Moyennement maîtrisé Négatif = Mal maîtrisé N.C. = Non Concerné

Évolution de l’utilisation des produits phytosanitaires et de biocontrôle

Avant l’entrée en 2012 dans le réseau DEPHY, l’IFT était déjà inférieur à 40% de la référence régionale. L’IFT herbicide diminue progressivement de 2012 à 2015 jusqu’à son arrêt complet depuis cette dernière. L’IFT fongicide quant à lui se maintient durant les 6 premières années dans le réseau DEPHY. Au fur et à mesure des années, Thomas Sorin optimise sa stratégie de traitement anti-oïdium sur le cépage aligoté. En 2019, millésime caractérisé par une sécheresse et une très faible pression maladie, il se permet de ne réaliser que 2 traitements anti-mildiou et oïdium en encadrement de floraison. L’IFT est réduit de 59% par rapport au point initial (PZ0 = moyenne 2009-10-11). Sur cette période, les rendements sont relativement constants à l’exception de 2016 (grêle – 50% perte) et de 2019 (sécheresse – 25% de perte).

Sorin Evolution IFT.png

Indicateurs de durabilité

Performances économiques

Performances

économiques

État initial

(2009-2010-2011)

État actuel

(2017-2018-2019)

Charges de main d’œuvre

(€/ha)

4646 1592
Charges de mécanisation

réelles (€/ha)

783 1073
Charges d’intrants (€/ha)

(charges opérationnelles

standardisées millésimées)

528 298
Temps d'utilisation du

matériel (h/ha)

25 22
Rendement moyen (hl/ha) 57 60


La charge de main d’œuvre a très nettement diminuée au domaine des Remparts du fait de la mécanisation de certaines tâches, notamment le relevage et la plantation. De plus, Thomas Sorin fait appel à un prestataire de service pour tailler une dizaine d’hectare sur le domaine ces dernières années, il s’agit néanmoins d’une solution à court terme.

Performances environnementales

Performances

environnementales

État initial

(2009-2010-2011)

État actuel

(2017-2018-2019)

IFT hors biocontrôle 12,1 6,2
IFT de référence (Bourgogne) 16,7
Quantité de cuivre

appliquée (kg/ha)

1,1 0,2
Quantité matières actives

toxiques pour

l'environnement (kg/ha)

7,7 1,6
Gestion de l’enherbement Sol nu Sol nu
Consommation de

carburant (l/ha)

236 256

L’IFT global a diminué du fait de l’optimisation du nombre de passages en fonction du cépage. Les derniers millésimes ont également été favorables à une faible pression des pathogènes sur la vigne. Thomas Sorin a réussit à diminuer l’utilisation de matières actives toxiques, il maintient tout de même leur utilisation à faible dose afin d’éviter l’utilisation de cuivre.

Performances sociales

Performances

sociales

État initial

(2009-2010-2011)

État actuel

(2017-2018-2019)

Emploi de main

d'œuvre

7,5 8
Quantité matières

actives toxiques pour

l'utilisateur (kg/ha)

5 1
Temps de travail

manuel (h/ha)

300 129

Le domaine s’est agrandit de 10 ha sans embauche supplémentaire. Le temps de travail consacré aux actions manuelles a subit une baisse remarquable depuis l’état initial du domaine. En effet, Thomas Sorin a mécanisé certaines actions, un seul relevage est manuel, les suivants sont assurés par une releveuse mécanique.

D’autre part, Thomas passe moins de temps sur certaines opérations qu’il juge moins importantes, comme l’épamprage qu’il réalise uniquement sur les jeunes vignes. De plus, en maîtrisant la vigueur de ses vignes il diminue l'apparition des maladies, ainsi que le temps de travail manuel. De ce fait il peut consacrer plus de temps à l’entretien rigoureux de ses plantations.

Pour plus de précisions méthodologiques sur les indicateurs utilisés ci-dessus, cliquez ici.

Regards croisés

L'agriculteur Thomas Sorin

Crédit photo : CA 89.

En quoi le groupe et l’accompagnement DEPHY vous ont-ils permis de progresser ? "A notre entrée dans le groupe DEPHY nous ne pensions pas pouvoir réduire de beaucoup notre IFT qui était déjà en dessous de la moyenne régionale. Participer à ce groupe permet de trouver des méthodes alternatives plus rapidement et de les tester à plusieurs domaines et donc d’avoir des résultats plus parlants."


Quelles sont vos perspectives pour continuer à améliorer votre système ? "Aujourd’hui, je pense avoir optimisé au mieux le nombre de passages du pulvérisateur dans les Aligotés. Mon objectif aujourd’hui est de transférer cet itinéraire sur mes autres cépages. Avec le groupe DEPHY, nous travaillons également à l’arrêt des CMR (substances chimiques classées cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction). J’ai pour objectif de tester cette stratégie avec des produits dits de biocontrôle."


Quels conseils donneriez-vous aux autres agriculteurs ? "Essayez de réduire les intrants en commençant par les techniques alternatives connues et validées comme réduire les herbicides et les insecticides (en fonction de la pression). Ensuite, éviter de suralimenter les vignes en engrais car une trop forte vigueur entraîne des contaminations plus importantes de maladies fongiques. Et enfin, la réduction des traitements contre l’oïdium et le mildiou se fait à plus long terme grâce aux OAD, à vos observations et à votre expérience du terrain et à celle des conseillers techniques. Dans tous les cas si l’on n’est pas sûr de soi, commencez mais sur des petites surfaces au départ."

L’ingénieur réseau DEPHY Florian Bussy

En quoi la trajectoire de ce système a-t-elle enrichi le groupe DEPHY FERME ? "Depuis mon arrivée en 2019, la démarche de Thomas Sorin m’a interpellé sur sa capacité à intervenir au plus près des contaminations et à différencier sa protection en fonction des cépages. Il lui aura fallu tout de même presque 5 ans pour s’approprier les outils Decitrait et Movida, outils complétement nouveau il y a encore peu de temps, afin d’interpréter les prévisions de risques de contamination au vignoble. Ces tests lui ont permis de comprendre la limite de tolérance de ses cépages vis-à-vis des pathogènes. Il a dans le même temps construit une organisation précise de traçabilité sur un tableur Excel et Mesp@rcelles pour suivre ces traitements.

Aujourd’hui son partage de ses réussites et échecs avec les autres membres du groupe a contribué à tester ces OAD chez d’autres membres. Son témoignage est crucial pour communiquer sur l’appropriation de ces outils, leurs intérêts, leurs limites et la faisabilité de réduction des IFT fongicides."

Les principales réussites

  • Produire des vins d’appellation au rendement.
  • Arrêter les herbicides.
  • Expérimenter la tolérance des cépages aux pathogènes.
  • Interpréter les OAD Decitrait et Movida.
  • Optimiser le nombre de passages de traitements.

Les principaux freins

  • Trouver des substitutions aux produits CMR.
  • Obtenir des prévisions météorologiques plus fiables afin d’envisager au mieux les dates de contaminations fongiques.

Source

POptimiser le nombre de traitements en fonction de la sensibilité des cépages - Fiche trajectoire DEPHY FERME. Document réalisé par Florian Bussy (f.bussy@yonne.chambagri.fr), Ingénieur réseau DEPHY, Chambre d’agriculture de l’Yonne le 04/08/2020.


Action du plan Ecophyto piloté par les ministères en charge de l’agriculture, de l’écologie, de la santé et de la recherche, avec l’appui technique et financier de l’Office français de la biodiversité.

Logos REXSorin.png

Annexes

Leviers évoqués dans ce système

Matériels évoqués dans ce retour d'expérience

Outils d'aide à la décision évoqués dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées

Bio-agresseurs évoqués

Auxiliaires évoqués

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