Réussir sa mise à l'herbe en pâturage

De Triple Performance
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La mise à l’herbe est le début de la saison de pâturage. C'est une étape pour l’éleveur, l’animal et les surfaces. C'est un moment crucial de l’année fourragère où se mêlent excitation "on a envie de voir les animaux dehors" et crainte "il ne faut pas provoquer des diarrhées ni pénaliser la pousse de l’herbe".

La mise à l’herbe représente une transition non anodine pour les performances animales, la productivité et la saisonnalité des végétations.

S'intéresser à la mise à l'herbe permet de :

  • Se rassurer en la programmant à l’avance : la mise à l’herbe nécessite des choix de l’éleveur : décider les dates de sortie du bâtiment des différents lots, les surfaces concernées, la taille des parcs, les durées de pâturage et la complémentation distribuée.
  • Anticiper les conséquences sur la végétation : la mise à l’herbe influe sur les cycles de croissance et de reproduction des plantes. Elle conditionne la quantité et la qualité des ressources disponibles au cours de l'année pour le pâturage, ainsi que les stocks fourragers.
  • Adoucir la transition alimentaire : la mise à l’herbe est un changement d’alimentation pour les bêtes. Si on fait une mise à l’herbe violente, il y a des risques de diarrhées voire de chute de performance.
  • Construire la ressource souhaitée : la mise à l’herbe varie selon la saisonnalité (précoce/tardif) et la qualité (fibre/vert) de la ressource recherchée au pâturage

Une période stratégique pour la ferme

La mise à l'herbe fait la transition entre les pratiques hivernales (bâtiment ou pâturage en report) et les pratiques printanières (pâturage ou récolte). A cette période, les enjeux sont nombreux : profiter du potentiel printanier, favoriser la pousse estivale, maintenir la qualité des prairies sur le long terme, sortir les animaux, limiter le risque parasitaire...et les décisions prises ont des implications sur les animaux, les végétations et le système.

Exemple : Implications du choix de la date de mise à l’herbe selon la période de mise-bas

Une période diminuant le besoin de fourrages récoltés

  • Décharger le bâtiment d’élevage à la sortie de l’hiver.
  • Economiser des fourrages stockés et du correcteur azoté.

Une période nécessitant des surfaces spécifiques

  • Choisir des parcelles qui ne seront pas pâturées pendant la première moitié du printemps.
  • Préférer des surfaces où la pression parasitaire est faible pour habituer les animaux à l’herbe.
  • Favoriser des surfaces portantes pour ne pas abîmer la ressource fourragère.

Une période nécessitant un calage de la conduite des animaux

  • Les évènements clés de la reproduction (mise bas, lutte, insémination) sont difficiles à gérer lors de la mise à l’herbe.
  • L’allotement est un facteur de réussite de la mise à l’herbe pour tenir compte des besoins des animaux et de la conduite des surfaces. Exemple : il est possible de sortir plus tôt les animaux à faibles besoins et plus tard les animaux à forts besoins.

Une transition alimentaire pour les animaux

Lors de la mise à l’herbe, un enjeu du point de vue des animaux est de privilégier une transition alimentaire douce afin de leur laisser le temps d’adapter la flore du rumen au changement.

  • Profiter de cette période pour éduquer les animaux à la clôture, construire leur comportement social et leurs habitudes alimentaires.
  • On parle de transition à chaque fois qu'il y a des grands changements d'alimentation, que ce soit pour l'herbe de printemps ou d'automne, la châtaigne, le gland, etc. La transition dure une à trois semaines. C'est le temps qu'il faut aux microorganismes de la panse pour s'adapter à l'herbe.
  • Lorsque la mise à l'herbe est commencée puis stoppée avec un retour en bâtiment, de faibles effets immédiats s'en suivent mais la performance des animaux n'est pas affectée à long terme.

Faciliter la transition alimentaire

  • La durée de la transition alimentaire est réfléchie en fonction de la quantité d'herbe disponible lors de la mise à l’herbe. Plus celle-ci sera précoce, plus la quantité d’herbe sera limitée et riche, plus la transition sera longue.
  • Le pâturage sur des surfaces qui n’ont pas encore été utilisées pour les jeunes animaux afin de limiter les chocs parasitaires et de participer à la création de leur immunité.
  • L'équilibre entre le sec et le vert est assuré soit par un apport de foin, soit par des parcelles non finies à l'automne.
  • Des parcelles abritées ou de repli sont favorisées pour répondre aux aléas météo. Du foin grossier peut venir en sécurité.
  • La durée journalière de pâturage est augmentée progressivement.

Une orientation des végétaux

Lors de la mise à l’herbe, un enjeu du point de vue des végétations est de profiter de l’herbe printanière sans hypothéquer la ressource pour le reste de l’année. La date de mise à l’herbe est un facteur déterminant.

Choisir entre une mise à l’herbe précoce ou tardive

Sortir tôt

Cela signifie sortir dès que la végétation démarre.

Elle se pratique sur une grande surface :

  • Pour déprimer, relancer la croissance et retarder l'épiaison
  • Pour nettoyer les parcs et augmenter la productivité au printemps.

Sortir tôt permet théoriquement d'allonger la période de pâturage par l'avant, en augmentant le nombre d'utilisation des parcs de printemps.

Les risques de cette pratique : on peut tomber dans des « trous » avec la crainte de revoir le mauvais temps. Il faut donc prévoir de les résoudre. Il est plus sûr de ne pas mettre tous les lots à l’herbe en même temps pour réduire les risques et faciliter l’organisation du travail.

Sortir tard

Cela signifie sortir sur une végétation plus avancée. Elle se pratique sur des surfaces plus restreintes :

  • Pour étêter certaines prairies et couper l’épiaison des graminées (améliorer la qualité du foin).
  • Pour limiter le risque d’aléas au début de printemps.

Les risques de cette pratique : on peut se faire déborder par l'explosion printanière de la pousse de l'herbe, puis par l'épiaison. Cela nécessite d'accepter des refus et de se donner les moyens de les gérer plus tard dans l'année (pâturage en fin de saison, fauche ou broyage).

Moins dépendre de la distribution de foin

Préparer les parcelles affectées à la mise à l’herbe dès l’été ou l’automne précédent pour trouver un aliment mélangé vert/pailleux au-début de repousse.

Fabriquer un report d'automne pour la mise à l'herbe de printemps

Les parcs ne sont pas finis à l’automne. La végétation est productive au printemps (car les réserves des plantes sont pleines) et la protection des herbes sèches par rapport au gel est bénéfique.

Gérer le problème de portance du sol

Laitières taries mises à l'herbe sur une prairie humide sur le plateau du Velay.
  • En diminuant le chargement animal sur la parcelle (moins d’animaux à l’hectare et/ou une durée de présence limitée) ou en augmentant la surface de pâturage.
  • En réduisant la parcelle concernée pour éviter d’abimer trop de surfaces.



Ensuite, le printemps se déroule sur d’autres parcelles pour que la prairie puisse encaisser du pâturage avec fort piétinement en laissant les jeunes plantules s'installer dans les zones de sol nu au printemps.

Le piétinement engendre une dégradation relative mais pas irréversible. L’explosion printanière permet une retape rapide de l’herbe.

Autres fiches Pâtur’Ajuste

Sources :

SCOPELA, avec la contribution des éleveurs. Fiche technique du réseau Pâtur’Ajuste : Réussir sa mise à l'herbe. Avril 2016. Disponible sur : https://www.paturajuste.fr/parlons-technique/ressource/ressources-generiques/reussir-la-mise-a-lherbe

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