Semis direct en zone de polyculture-élevage
Contexte
- Nom de l’agriculteur : Geraud TEYSSEDOU
- Nom de l’exploitation : GAEC LE RELAIS
- Département : CANTAL
- SAU : 137 ha
- UTH : 2,5
- Élevage : Bovin Lait
- Irrigation : 15 ha irrigués par une retenue collinaire
- Travail du sol : 100% semis direct
- Succession de cultures : Maïs/Céréale d’hiver/ Céréale d’hiver/ prairie (5ans)
- Ferme en zone AAC : Non
- Autres éléments de contexte : Territoire inscrit dans le Plan d’Action Territorial agricole du bassin du Célé / Exploitation en AOP Cantal
- La pratique au sein du système de culture : Rendre le semis direct systématique à l’échelle de toute la rotation
- Culture cible : Céréales à paille
- Bioagresseurs : Adventices et maladies
- Origine de la pratique et cheminement de l’agriculteur : Il fallait trouver un système performant pour être le plus autonome possible vis-à-vis du troupeau laitier. L’agriculture de conservation des sols, était une réponse à une volonté de diminuer le travail du sol et d’augmenter la vie biologique des sols. Par la couverture permanente des sols, le semis direct répondait également à la recherche de l’autonomie fourragère et protéique par l’introduction de méteils en inter-culture
La technique
Objectif
- Limiter au maximum le travail du sol
- Pérenniser un système de production viable économiquement et techniquement
- Favoriser la vie biologique des sols
- Produire en limitant les charges de mécanisation et les intrants tout en maintenant les rendements
Description
Mise en place systématique du semis-direct pour l’implantation du maïs, des céréales à pailles et des prairies en zone de polyculture-élevage. Les principales difficultés résident dans le fait de gérer la pression des bio-agresseurs sans passer par le labour et en limitant l’usage des phyto au strict minimum.
Date de début de mise en œuvre
2011
Attentes de l’agriculteur
- Passer moins de temps sur les parcelles
- Diminuer ses charges de mécanisation
- Limiter l’érosion de ses sols
- Augmenter la production de fourrage sur l’exploitation
Avantages et limites
Avantages
- Restructuration du sol : augmentation de la portance, limitation de l’érosion
- Réduction des charges de mécanisation, de fuel, d’usure et de temps de travail.
- Réduction des intrants
Limites
- Repenser la rotation : allongement de la rotation, alternance culture automne/printemps
- Utilisation d’herbicide inévitable (mais en quantité très limité)
Mise en œuvre et conditions de réussite
Se lancer dans une nouvelle technique remettant en cause tout son système de culture implique une véritable remise en question de son propre fonctionnement. Des doutes et des erreurs arrivent tout au long du projet. C’est pour cette raison qu’il est primordial d’être accompagné dans ce changement par des techniciens mais aussi via l’appartenance à un groupe d’agriculteurs. Le réseau DEPHY, riche de ses différentes exploitations, a permis de faire avancer ce projet et de le décliner aussi sur les autres exploitations .
Témoignage de l’agriculteur
« J’ai pris conscience de l’impact de mes pratiques sur mes sols avec une réduction de matière organique, compaction, croute de battance, déstructuration du sol… J’ai cherché à revenir à un système plus durable en respectant la vie biologique du sol et en remettant le sol au centre de mes préoccupation.
En limitant au maximum le travail du sol, on perd l’effet d’amoindrir le stock d’adventice dans le sol par les faux semis. Cependant, en limitant le foisonnement de terre sur la ligne de semis, on limite grandement la mise en germination des adventices. Le semis direct n’est pas une technique curative qui détruit les adventices présentes (comme le désherbage mécanique) mais elle évite la levée des mauvaises herbes. »
Les conseils de l'agriculteur : « Se remettre en question c’est renoncer à son confort. A refaire, je recommencerai la même chose. J’ai complexifié mon système mais je l’ai aussi sécurisé et l’ai rendu plus durable dans le temps. »
Améliorations ou autres usages envisagés
Dans l’optique d’améliorer la vie biologique du sol mais aussi de réduire les intrants sur l’exploitations, l’agriculteur souhaite augmenter l’apport de matière végétale au sol. En zone de polyculture-élevage, la tâche n’est pas facile dans la mesure ou les couverts sont récoltés pour l’alimentation animal. Dans ce cadre, l’agriculteur souhaite travailler sur le maïs épis. Cette culture lui permettra de diminuer l’achat de concentré mais aussi permettra de laisser les débris de culture au sol.
Diminution de l'usage des phytos
La pratique au sein de la stratégie de l'agriculteur
Résultats attendus
- Assurer les rendements des cultures
- Maitriser les adventices et les maladies (baisse de l’IFT)
- Favoriser la structure du sol
- Augmenter le taux de matière organique
- Diminuer les intrants
- Améliorer le coût de production
Résultats
Indicateurs de résultats
Niveau de satisfaction
/performance |
Commentaires de l'agriculteur | |
---|---|---|
Maîtrise des
adventices |
Moins de levée des adventices | |
Maîtrise des
ravageurs |
Utilisation de bio-contrôle (trichogramme) | |
Maîtrise des
maladies |
Par l’amélioration du choix variétal | |
IFT de la culture
concernée |
Baisse significative de l’IFT | |
IFT du système
de culture |
Baisse significative | |
Rendement | Hausse du rendement et fourrage supplémentaire | |
Temps de travail
dans la parcelle |
Le temps de travail du sol a diminué de 75% | |
Temps d'observation | Moins de tracteur et plus d’observation | |
Charges de
mécanisation |
En baisse car moins de passage d’outil | |
Marge semi-nette
du système |
Fourrage supplémentaire et charge en baisse | |
Prise de risque | Modérée |
Ce que retient l’agriculteur
« Un de mes objectifs reste de maximiser les équilibres naturels pour favoriser la régulation biologique, donc limiter l’utilisation des produits phytosanitaires. Je m’oriente également vers la mise en place de couverts permanents à base de luzerne qui permettraient d’avoir une couverture du sol en permanence tout en favorisant la porosité du sol via la culture de la luzerne et son système racinaire pivotant très puissant . »
Avis de l'ingénieur réseau DEPHY
La limitation du travail du sol est en général un facteur favorisant l’utilisation de produits phytosanitaires, notamment des herbicides. Cette augmentation est due à la non utilisation du travail du sol comme méthode de désherbage mécanique.
Hors ici, l’exploitation est passée en 100% semis direct, mais ce changement s’est accompagné par une diminution globale de l’IFT.
L’allongement de la rotation avec des prairies longues durées, la luzerne, les couverts d’interculture ont un effet nettoyant sur la parcelle avec les fauches successives. Les risques de maladies ont été diminués avec le choix de variétés plus résistantes.
Cependant, la présence de résidus de culture entraine de nouvelles problématiques « ravageurs », comme la pyrale du maïs. Mais ceux-ci peuvent être gérés par le bio-contrôle comme ici avec l’utilisation de trichogramme.
Sources et références
Ecophyto DEPHY, 2021, Pratiques remarquables du réseau DEPHY : Semis direct en zone de polyculture-élevage. Disponible sur : https://ecophytopic.fr/sites/default/files/2021-08/PRATIQUE_87CA15PY_GCPE_AURA.pdf
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