Alimentation des ruminants

De Triple Performance
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Le rationnement est une des étapes clés pour atteindre une performance optimale dans son élevage de ruminants. Il faut alors équilibrer les apports de fourrages et de concentrés afin de couvrir les besoins de l'animal et d'assurer un fonctionnement optimal du rumen sans créer de risques sanitaires ou environnementaux.

Description

La couverture des besoins se fait grâce aux fourrages qui peuvent être complétés par l’apport de concentrés.

Le fourrage est constitué de plantes ou de mélanges de plantes utilisés pour l'alimentation du bétail. Il est l'ingrédient principal de la ration des herbivores. Il peut être frais, conservé en sec ou par voie humide c'est à dire ensilé. Il existe plusieurs types de cultures fourragères :

  • Cultures fourragères annuelles (6 mois) : racines, tubercules et choux.
  • Fourrages annuels (6 mois) : ex. maïs ensilage.
  • Prairies artificielles (2 à 10 ans) : légumineuses.
  • Prairies temporaires (2-5 ans) : graminées, associations graminées-légumineuses.
  • Prairies permanentes (6 ans ou +) : prairies naturelles, prairies semées depuis plus de 6 ans.
  • Parcours, landes, alpages (spontané, peu productifs).


Graphique concentrés-fourrages.png

Les concentrés sont apportés en complément du fourrage. Ils permettent d'augmenter la valeur énergétique et protéique de la ration. Il existe aussi une grande variété de concentrés :

  • Céréales et graines : orges, blés, maïs… en grains, aplatis ou en farines.
  • Tubercules : betteraves, pommes de terre, manioc...
  • Tourteaux : résidus de pressage d'oléagineux et de protéagineux.
  • Aliments du commerce : granulés de luzerne (riches en fibres), ou contenant du soja (riches en azote).
  • Sous-produits de l'industrie agro-alimentaire : pulpes, sons, drèches, coques...


Les besoins des animaux

Les besoins sont séparés en deux catégories. Les besoins d’entretien, pour se maintenir en vie sans aucune production, et les besoins de production, pour la croissance de l’animal, la gestation, l’engraissement et la production laitière dans le cas d’un animal laitier.


Dans un premier temps, il faut préciser les caractéristiques de l’animal :

  • Espèce et race.
  • Type de production.
  • Sexe, âge.
  • Poids, état corporel.
  • Indicateurs de lactation pour les animaux laitiers : stade, potentiel laitier, quantité et composition du lait (taux butyreux et protéique).

A partir de ces données, il est possible de calculer les besoins en protéines (unité PDI), en énergie (unité UFL pour production laitière ou unité UFV pour production de viande), mais aussi en vitamines et en minéraux.

Il faudra ensuite aussi préciser la capacité d’ingestion (CI) de l’animal.


Alimentation et santé

Les rations peuvent être décrites avec le rapport fourrage/concentré. Une ration avec un rapport fourrage/concentré élevé aura une densité énergétique plus faible qu’une ration avec un faible rapport fourrage-concentré. Cependant, trop de concentrés provoquent des problèmes de santé dus principalement au manque de fibres dans la ration (acidose du rumen) et la quantité de fourrages dans la ration doit être maximale car ce sont des sources de nutriments très économiques. Il est donc essentiel de prendre en compte tous ces facteurs afin d’équilibrer ce rapport.

De plus, pour une digestion azotée efficace, il faut des sources d’azote mais aussi d’énergie. S’il y a trop d’azote fermentescible dans la ration par rapport à la quantité d’énergie fermentescible, les risques de mammites, de mérites et de diminution de fertilité sont augmentés. Cela engendre en plus une perte économique et une excrétion d’urine augmentée ce qui peut entraîner des conséquences néfastes sur l’environnement. S’il y a trop d’énergie, les besoins ne seront pas couverts, car une partie des protéines ne sera que "virtuelles". En effet, il n'y aura pas assez d'azote fermentescible comparé à l'énergie disponible pour créer des protéines. Cette situation doit donc être évitée.


Conception de ration

La ration est la quantité d'aliments à distribuer à un animal pour lui permettre d’assurer la couverture de ses besoins d’entretien et de production en énergie, azote, minéraux, oligo-éléments et vitamines. Le rationnement est nécessaire pour ne pas sous ou sur alimenter l’animal. Ce calcul des quantités est très important puisqu’il permet de déterminer la quantité d’apport de fourrages et de concentrés et donc d’en déduire la quantité nécessaire à produire pour l’alimentation de son troupeau.

Une fois les besoins identifiés, il faut déterminer les caractéristiques du ou des fourrage(s). Cela correspond notamment à la valeur d’encombrement en UEM (mouton), UEL (vache laitière) ou UEB (bovin) selon l’espèce élevée. Pour cela, il suffit de consulter les tables de l’INRAE disponibles.


Il faut ensuite procéder au rationnement. Il faut calculer si les apports prévus couvrent les besoins et assurent une bonne balance protéique ruminale et donc un bon fonctionnement du rumen. Si ce n’est pas le cas, il faut ajuster les quantités jusqu’à avoir une performance optimale.


Lexique à connaître pour le système français PDI :

  • CI : Capacité d'ingestion. C'est l'aptitude d'un animal à consommer plus ou moins un aliment distribué à volonté.
  • PDI : Protéines digestibles de l'intestin. Il existe différents types de PDI :
    • PDIA : PDI qui proviennent des protéines alimentaires non dégradées dans le rumen.
    • PDIM : PDI qui proviennent des protéines vraies synthétisées par la population microbienne du rumen.
    • PDIME : PDIM qui correspondent au potentiel de synthèse de l'aliment en énergie fermentescible dans le rumen.
    • PDIMN : PDIM qui correspondent au potentiel de synthèse de l'aliment en azote dégradé dans le rumen.
    • PDIE : PDIA + PDIME.
    • PDIN : PDIA + PDIMN.
  • UFL : Unité fourragère lait. Quantité d'énergie nette pour la production laitière contenue dans 1 kg d'orge de référence.

1 UFL = 1700 kcal pour la production laitière.

  • UFV : Unité fourragère viande. Quantité d'énergie nette contenue dans 1 kg d'orge de référence pour l'entretien et la croissance de l'animal, à un niveau de production de 1,5. 1 UFV = 1820 kcal d'énergie nette pour la production de la viande.

Il existe un autre système pour ces calculs, le système néerlandais DVE.


Indicateurs de l'évaluation du déséquilibre de la ration

Les indicateurs à observer[1]

La note d'état corporel

Note d’état corporel (à partir de Gezondheidsdienst voor Dieren BV)

La note d'état corporel est un indicateur compris entre 1 et 5. Cette note diminue lorsque l'animal ingère trop peu d'énergie et augmente quand la prise énergétique est trop importante. Cette évaluation s'effectue en observant l'animal à l'arrière et à le comparer à une échelle. Ci-contre on trouve l'exemple de l'échelle pour les vaches laitières.

L'état corporel varie selon le stade de lactation. Il est en effet fréquent qu'il diminue lors des deux-trois premiers mois de lactation. Cette diminution doit cependant se limiter à 1 point.

Le score de remplissage du rumen

De la même manière, le score de remplissage du rumen est une note s'établissant entre 1 et 5 en observant l'arrière de l'animal, côté gauche. La note de 1 correspond à un flanc très creux tandis que la note de 5 à un rumen rempli. Ci-dessous l'exemple pour les vaches laitières de ces scores et de leur interprétation.

Scores de remplissage du rumen (A partir de Hulsen, 2010 d’après Zaaijer et Noordhuizen, 2003)

La rumination

Le temps de rumination est un bon indicateur de la teneur en fibres de la ration. Il doit être au moins de 8h. Pour évaluer la rumination, il y a deux points à observer :

  • Au moins 50% des vaches couchées doivent ruminer.
  • Ce taux doit atteindre 90% deux heures après l'affouragement.

Si l'on observe des valeurs inférieures c'est que la ration doit être corrigée pour augmenter la teneur en fibres.

Les matières fécales

Les matières fécales étant le reflet de la digestion, elles sont un très bon indicateur de la qualité de la ration. Une note peut aussi être établie de 1 à 5, sur l'échelle décrite dans le tableau. Si la note n'est pas acceptable, il faut revoir la ration et y ajouter des aliments plus digestibles.

Scores de remplissage du rumen (A partir de Hulsen, 2010 d’après Zaaijer et Noordhuizen, 2003)
Score 1 Score 2 Score 3 Score 4 Score 5
Matières fécales brillantes, avec une consistance homogène. Aucun élément non digéré n'est visible ou palpable.

Score idéal pour les vaches taries et en lactation.

Matières fécales brillantes, avec une consistance homogène. Quelques éléments non digérés sont visibles et palpables.

Score acceptable pour les vaches taries et en lactation.

Matières fécales légèrement mates, avec une consistance hétérogène. Des fibres non digérées collent aux doigts.

Score acceptable pour des génisses pleines ou des vaches taries, mais inacceptable pour des vaches en lactation.

Matières fécales mates, avec des éléments non digérés clairement visibles.

Score inadéquat, nécessitant une révision de la ration.

Matières fécales mates, avec des particules grossières facilement reconnaissables.

Score inadéquat, nécessitant une révision de la ration.

La production laitière

La production laitière est aussi un très bon indicateur de la qualité de la ration alimentaire. Cette évaluation peut être individuelle ou par lots (primipares/multipares ; première, deuxième troisième lactation…).

Le nombre de maladies métaboliques

Si de nombreux cas de maladies telles que la fièvre de lait, l'acidose ou l'acétonémie se déclarent, l'éleveur doit revoir ses rations.

Les indicateurs issus des données de la production laitière

La composition du lait permet d'évaluer les apports protéiques et énergétiques de la ration en quantifiant l'urée du lait, le TB et le TP. Les interprétations des irrégularités par rapport aux valeurs seuils pour les vaches laitières sont décrites ci-dessous.

Valeurs seuils des indicateurs issus des données de la production laitière (urée, TB et TP) et leur interprétation (adapté de Wolter, 1997)
Indicateur Valeur inférieure Moyenne Valeur supérieure
Urée Carence en protéine 150-300 mg/L Excès de protéines
TB Excès de concentrés;

Présentation hachée des fourrages

3,5-4,2 % Carence énergétique
TP Carence énergétique ;

Carence en protéines ;

Carence en AA limitants (lysine, méthionine)

3,1-3,4 % Plafond génétique

OADs

Plusieurs logiciels peuvent aider à formuler le rationnement. On trouve par exemple Obione qui permet le rationnement des vaches laitières, allaitantes et engraissement, moutons et chèvres.


On trouve aussi Wisium qui propose plusieurs OADs dont des applications qui ont aussi pour objectif d’améliorer la performance nutritionnelle. Si cela représente un investissement, cela peut s’avérer profitable sur le long terme afin de calculer le plus précisément possible les rations pour des performances maximales sans dépasser les quantités nécessaires.


Annexes


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