Allongement de la rotation par introduction de cultures de printemps
Contexte
Nom de l’agriculteur : Emmanuel SAUSSERET
Département : Haute-Marne (52)
SAU : 138 ha
UTH : 1
Élevage : non concerné
Cultures remarquables : Tournesol, Chanvre oléagineux, Pois de printemps
Irrigation : non irrigué
Types de sols : Argilo-calcaire très superficiel, potentiel limité
Travail du sol : Labour, Travail cultural simplifié
Succession de cultures : Colza d’hiver, Blé tendre d’hiver, Pois de printemps, Blé tendre d’hiver, Chanvre, Blé tendre d’hiver, Tournesol, Orge de printemps
Ferme en zone AAC : Non
Autres éléments de contexte : Situation initiale : exploitation en rotation triennale classique (Colza-Blé-Orge de printemps). Apparition de problèmes de vulpin et brome, chute des rendements et augmentation de l’IFT
La pratique au sein du système de culture : Allongement de la rotation qui permet de pallier aux problèmes d’adventices et de baisser les charges en phytosanitaires et en fertilisation azotée
Culture cible : Tournesol, Pois, Chanvre, Orge de printemps
Bioagresseurs : Adventices, maladies, insectes
Origine de la pratique et cheminement de l’agriculteur
La rotation traditionnelle « Colza-Blé-Orge de Printemps » n’allait plus. L’exploitant avait de grosses problématiques au niveau des adventices et surtout du vulpin. Les parcelles se salissaient malgré les traitements et le travail du sol. Voulant réduire sa consommation de produits phytosanitaires, l’exploitant a décidé par lui-même d’ajouter progressivement des cultures de printemps pour allonger sa rotation. Depuis 2010, le tournesol, le pois et le chanvre sont venus s’ajouter à la rotation.
La technique
Objectifs
- Dégager de la marge sur le système de culture, en réduisant les charges sur les produits phytosanitaires, donc en diminuant l’IFT.
- Avoir des parcelles propres en limitant la pression en adventices (vulpin).
- Garder de bon rendements et assurer un débouché pour les nouvelles cultures.
- Meilleure répartition du temps de travail
Description
- Allongement de la rotation avec l’introduction de nouvelles cultures : tournesol, pois de printemps, chanvre
=> Rotation sur 8 ans
- IFT herbicide : 1,15
- IFT hors herbicide : 1,36
=> - 57% IFT par rapport à la rotation initiale avec l’introduction de cultures de printemps qui a fait baisser l’IFT.
- Charges sur la rotation : 400€ /ha/an
=> -25% par rapport à la rotation initiale
Date de début de mise en œuvre
2010 : début d’introduction de nouvelles cultures
2016 : rotation sur 8 ans établie
Attentes de l’agriculteur
Depuis 2010, l’introduction progressive de cultures de printemps a permis à l’exploitant de résoudre son problème d’adventices. Dans le même temps, sa consommation en produit phytosanitaire à connu une baisse importante. L’exploitant a en effet divisé son IFT par deux.
Un groupe 30 000 a été constitué en 2018 par EMC2 sur son secteur, cela permet de le situer également au sein des exploitations d’un secteur géographique resserré dans le même contexte. Certes, le temps de travail dans les champs a augmenté, mais la charge mécanique n’est pas si importante grâce à sa CUMA qui possède du matériel adapté (et disponible car ses voisins y recourent encore relativement peu).
Avantages et limites
Avantages
- La diversification des espèces permet de casser le cycle de développement et de limiter la multiplication des bio agresseurs.
- L’introduction de cultures de part ses effets précédents permet de maintenir le rendement de chaque culture.
- L’introduction de cultures de printemps permet de diminuer l’usage de produit phytosanitaires.
- Travail sur l’exploitation mieux réparti dans le temps.
Limites
- Le contexte pédoclimatique avec des sols séchants et superficiels, ne permet pas d’avoir d’énorme rendement et ne permet pas d’enfouir profondément les adventices lors du labour.
- L’introduction de nouvelles cultures doit être réfléchie en fonction des débouchés présents sur le territoire.
Mise en œuvre et conditions de réussite
L’ajout de nouvelles cultures de printemps est issu d’une réflexion en fonction des débouchés présents sur le territoire. L’exploitant vendant toute sa production à la coopérative EMC2, il sélectionne aussi des espèces et des variétés que cette dernière collecte et valorise. Pour le chanvre, l’exploitant a saisi l’opportunité de l’ouverture de contrats de production avec La Chanvrière, une coopérative de l’Aube.
Il valorise ainsi le chènevis et la chènevotte.
Témoignage de l’agriculteur
« Le système a été mis en place dans le but de trouver une alternative à la rotation classique Colza-Blé-Orge. Cette dernière, consommant trop de produits phytosanitaires et amenant des problématiques de vulpin, le choix d’introduire des cultures de printemps a été fait. Sur mon exploitation, j’ai réussi à réduire mon IFT tout en gardant une marge correcte. »
Les conseils de l'agriculteur : « Si on reste avec Colza-Blé-Orge, les risques de se rater sont plus grand. En rajoutant des cultures on prend moins de risques si une des cultures ne marche pas. »
Améliorations ou autres usages envisagés
Aujourd’hui, l’exploitant envisage la conversion en agriculture biologique. Une des raisons est le volonté est de ne plus utiliser de produits phytosanitaires pouvant être nocifs pour sa santé. Mais l’exploitant attend les prochaines mesures de la PAC afin de se décider.
La pratique au sein de la stratégie de l'agriculteur
Résultats attendus
- Réduction de la pression en adventice (vulpin)
- Maintien de la performance économique de l’exploitation
- Diminution des traitements phytosanitaires
- Travail sur l’exploitation mieux réparti dans le temps.
Résultats
Indicateurs de résultats
Niveau de satisfaction
/performance |
Commentaires de l'agriculteur | |
---|---|---|
Maîtrise des
adventices |
Réduction de la pression vulpin | |
Maîtrise des
ravageurs |
Moins de limaces mais toujours des insectes | |
Maîtrise des
maladies |
Effet de la météo | |
IFT de la culture
concernée |
Baisse de l’utilisation de produits phytosanitaires | |
IFT du système
de culture |
Baisse de l’utilisation de produits phytosanitaires | |
Rendement | Pas de contraste marqué | |
Temps de travail
dans la parcelle |
Plus de temps sur les parcelles, mais mieux réparti | |
Temps d'observation | Un peu plus de surveillance | |
Charges de
mécanisation |
Pas de surcoût | |
Marge semi-nette
du système |
Diminution des charges | |
Prise de risque | Réduite par le nombre de
cultures |
Ce que retient l’agriculteur
« Mon système est plus adapté à l’objectif de réduire les adventices, les vulpins ne sont plus un problème pour moi. Même si je passe plus de temps dans mes champs, je préfère aller gratter mon sol plutôt que de traiter avec des produits chimiques. »
Avis de l'ingénieur réseau DEPHY
Emmanuel est désormais une figure de proue de notre groupe DEPHY FERMEHaut Marnais, il a en effet enclenché très rapidement un changement important dans son système de culture. Il utilise et met en œuvre les leviers de désherbage mécanique et d’allongement de la rotation afin d’arriver à un double objectif : avoir un système économe en intrants et gérer la problématique vulpin tout en maintenant la performance économique de son exploitation. Il souhaitait également étaler un peu plus les travaux dans l’année. Même si les cultures de printemps semblent plus risquées en terres superficielles, Emmanuel a réussi à rendre son système plus résiliant car, ces dernières campagnes, le changement climatique rebat les cartes et même des cultures historiques comme le colza sont remises en question.
Sources et références
Ecophyto DEPHY, 2021, Pratiques remarquables du réseau DEPHY : Allongement de la rotation par introduction de cultures de printemps. Disponible sur : https://ecophytopic.fr/sites/default/files/2021-08/PRATIQUE_87EM52PY_GCPE_GE.pdf
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