Culture Intermédiaire Multi-Services (CIMS)

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CIMS

Les Cultures Intermédiaires Multi-Services ou CIMS, sont des cultures semées en période d'interculture pour produire différents services écosystémiques : recyclage des éléments minéraux (N, P, K, S, etc.), couverture des sols pour limiter l'érosion, gestion des adventices et des ravageurs, ou encore le stockage de matière organique et de carbone dans les sols.

Objectifs

Différents services rendus par les CIMS. Source : Openfield

C’est une culture intermédiaire qui permet de produire un certain nombre de services écosystémiques (agronomiques et écologiques) par la production de fonctions agroécologiques qui peuvent être principalement de :

  • Piéger les nitrate et sulfates.
  • Fournir de l’azote à la culture suivante.
  • Recycler des éléments minéraux (N, P, K, S, etc.).
  • Stocker de la matière organique et du carbone.
  • Réduire l’érosion en offrant une couverture des sols.
  • Structurer le sol et augmenter la portance grâce à leur système racinaire.
  • Améliorer les propriétés hydriques du sol.
  • Réduire la pression parasitaire sur les cultures.
  • Empêcher le développement des adventices.
  • Produire du fourrage et de l’énergie.
  • Améliorer l’esthétique du paysage.
  • Accroître la biodiversité en favorisant les vers de terres et les auxiliaires.


Elles ne sont pas destinées à être récoltées et sont détruites avant l’implantation de la culture de vente. Leur biomasse est restituée au sol pour favoriser la restitution d’éléments nutritifs à la culture suivante et produire ainsi différents services écosystémiques avec des niveaux d’expression variables en fonction des espèces et de leur itinéraire technique, et notamment la période et le mode de destruction et d’incorporation dans le sol.

Pour en apprendre plus sur le sujet.

Différents types de CIMS

On peut regrouper les CIMS dans 5 grands types.

Les CIPAN

Les cultures intermédiaires pièges à nitrate répondent, sur le plan réglementaire, à un objectif environnemental de protection de la qualité de l’eau contre la pollution par les nitrates d’origine agricole.

Les CIVE

Les cultures intercalaires à vocation énergétiques ont pour objectif de produire de la biomasse pour l'énergie en étant utilisées en tant qu’intrant dans une unité de méthanisation agricole.

Les dérobées

Les Cultures dérobées peuvent être distinguées du reste des cultures intermédiaires par un objectif de valorisation de la production, ce qui signifie qu'elles sont récoltées. Dans le cadre d'un assolement, la culture dérobée permet donc d'optimiser l'utilisation des terres agricoles disponibles.

Les intercalaires

Les cultures intercalaires ont pour objectif de réduire la présence des adventices ou de structurer le sol.

Les engrais verts

Les engrais verts ont pour objectif de régénérer les sols, sa fertilité.


Quelles espèces choisir?

Le choix de la CIMS se raisonne suivant l’objectif escompté (structuration du sol, biomasse, fourrage, piège à nitrate,…), de la rotation ou succession culturale, du type de sol, et du matériel.

Les mélanges d’espèces sont à favoriser pour avoir une meilleure efficacité de la CIMS.

Les principales espèces sont :

Le semis

Avant de se lancer dans les CIMS, il est important de bien réfléchir à la façon dont les espèces choisies vont être semées.


Matériels Atouts Contraintes
Combiné de semis
  • Très bonne régularité de semis
  • Polyvalence
  • Débit de chantier faible
  • Coût élevé
Semis à la volée

sur déchaumeur

  • Polyvalence
  • Un seul passage
  • Très bon débit de chantier
  • Investissement assez conséquent
  • Irrégularité de profondeur
  • Levée parfois hétérogène
  • Présence de résidus
  • Pas de possibilité de semer de grosses graines (féveroles, pois,…)
Semis épandeur

centrifuge

puis déchaumeur

  • Investissement faible
  • Possibilité de semer de grosses graines
  • Deux passages
  • Irrégularité de profondeur
  • Levée parfois hétérogène
  • Présence de résidus
Semoir de semis

direct à disque

  • Débit de chantier élevé
  • Régularité et contrôle de profondeur de semis
  • Autonomie
  • Prix d’achat très élevé (10000 - 15000 €/m)
Semoir à dent
  • Qualité de semis
  • Débit de chantier
  • Autonomie
  • Usure rapide des dents en semis direct

La destruction

En fonction des CIMS implantées la destruction va être plus ou moins efficace selon la méthode choisie.

CIMS Destruction.jpg

Quels effets sur la rotation ?

Adaptation à la rotation

CIMS AdaptationRotation.jpg

Adaptation à la culture suivante

CIMS AdaptationCultureSuivante.jpg

Points de vigilance

Ainsi, une CIMS peut produire divers services écosystémiques, et est donc multi-services comme par exemple de piéger le nitrate et fournir de l’azote minéral à la culture de vente suivante dans la perspective de diminuer les intrants, ou d’épurer l’eau de drainage des ions nitrate tout en maintenant les objectifs de rendement des cultures principales, ou bien de lutter à la fois contre l’érosion par une couverture du sol, etc.


Toutefois certains de ces objectifs peuvent être mutuellement contradictoires, ce qui nécessite de définir des compromis entre services recherchés pour déterminer le niveau d’expression visé pour chacun d’eux. En effet, il est illusoire de penser que l’on pourra avec une CIMS produire tous les services écosystémiques avec un haut niveau d’expression dans toutes les situations.


La conception des assemblages d’espèces et l'itinéraire technique de la CIMS, détermineront le compromis de services écosystémiques qui sera produit par la CIMS dans une situation de production et un contexte pédoclimatique donnés.


Enfin les CIMS, si les espèces sont mal choisies et leur itinéraire technique mal ajusté, peuvent aussi produire des non services, comme l’augmentation de certains pathogènes ou mauvaises herbes. Il faut être vigilant pour réduire autant que possible l’expression de ces non services en concevant avec soin le mélange d’espèces ou la date de destruction et d’incorporation de la CIMS.

Les limites à ne pas ignorer

Au-delà des surcoûts de 30 à 100 €/ha (achat de la semence, façons culturales) et du temps de travail parfois accru, un certain nombre d'inconvénients peuvent être rencontrés. La présence d'un couvert en continu peut favoriser certaines maladies ou parasites :

  • Les limaces : Le maintien d'une ambiance humide et protégée favorise le cycle des limaces, y compris avec les couverts les moins appétants (moutarde, phacélie, avoine).
  • Les campagnols : Selon les années, la suppression des labours et le maintien d'un couvert pendant l'interculture sont également signalés comme un facteur de risque de prolifération des campagnols.
  • La présence de couverts de la même famille que les espèces cultivées augmente certains risques parasitaires. Il semble préférable d'implanter des espèces peu ou pas présentes dans la rotation ou, en tous cas, d'alterner les familles d'espèces.
  • Les engrais verts limitent l'usage des faux semis durant la période estivale. Il faut donc raisonner leur implantation en fonction du salissement de la parcelle.
  • Un réchauffement du sol plus lent au printemps : Le choix des espèces et surtout de la date de destruction permet de s'affranchir de ce risque. Pour les sols battants ou hydromorphes, un couvert trop développé ou plaqué au sol peut poser des problèmes pour implanter la culture suivante, surtout si un semis direct est envisagé dans le couvert végétal sans destruction de la culture intermédiaire (la moutarde pose parfois des problèmes, la phacélie semble intéressante).
  • Certains couverts végétaux peuvent avoir des effets dépressifs sur la culture suivante s'ils sont trop développés. Ils consomment l'azote au détriment de la culture suivante : c'est le cas plus particulièrement des graminées pérennes (ray grass, céréales) ou des radis avant une culture de printemps. Le colza peut avoir un effet dépressif marqué sur les cultures suivantes, comme le maïs.


La mise en place de cultures intermédiaires doit être raisonnée en prenant en compte la globalité de l'itinéraire technique en cohérence avec la rotation : le choix de l'espèce (voire de la variété), leur mode et leurs dates d'implantation et de destruction sont autant d'éléments à intégrer, sans oublier leurs effets positifs ou dépressifs sur le parasitisme et le salissement dans les cultures suivantes.

Point réglementaire

Dans les « zones vulnérables aux nitrates », soit 80 % des terres arables de grandes cultures en France, les CIMS ayant un objectif de CIPAN, sont obligatoires au minimum trois mois par an en interculture longue, sauf dérogation.

Pour aller plus loin

Sources


Annexes

La technique permet de favoriser la présence des auxiliaires et bioagresseurs suivants

La technique est complémentaire des techniques suivantes


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