Limace

De Triple Performance
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Limace
Ravageur

La limace est un animal à sang froid et nocturne, actif par temps très humide. Comme les autres stylommatophora, elles ont quatre tentacules dont deux qui ont des yeux. Les autres sont utilisées pour capter les odeurs et sont sensibles au goût. Elles peuvent être phytophages ou carnivores. Les plus grandes limaces sont aussi appelées des loches.

Pages spécifiques

Description

1) Queue
2) Bouclier ou manteau
3) Tentacules supérieurs
4) Tentacules inférieurs
5) Pneumostome
6) Pied
7) Sole de reptation

"Limace" est un nom vernaculaire ambigu désignant en français certains gastéropodes sans coquille externe appartenant à l'infra-ordre des stylommatophores. Les limaces mesurent de 1 à 30 cm. Le corps des limaces est allongé et peut être divisé ainsi :

  • Crête médiodorsale.
  • Bouclier ou manteau : derrière la tête, recouvre quelques grains ou une petite lamelle de calcaire que l'on appelle la limacelle.
  • Tentacules : La tête est munie de quatre tentacules situés au-dessus de la bouche, les tentacules supérieurs portent à leur extrémité les yeux mais constituent aussi des organes tactiles et olfactifs. La bouche comporte deux mâchoires avec de petites dents et une langue, la radula, elle aussi dentée.
  • Glande muqueuse caudale : située en arrière du bouclier.
  • Sole de reptation : Le pied est la partie ventrale et musclée de l'animal. Il adhère au sol grâce à la sole de reptation.
  • L'orifice respiratoire de l'animal, sur la droite du bouclier, que l'on appelle aussi pneumostome.


Activité de la limace

L'activité de la limace varie beaucoup selon les périodes de l'année, les conditions de température et d'humidité. Elle varie également selon l'espèce et au sein de l'espèce selon les individus, et pour un même individu, d'un jour à un autre.

  • Enterrées durant la journée, les limaces sortent la nuit, en général, et ne s'activent que dans une fourchette de conditions thermo-hygrométriques (minima/maxima).
  • Une limace se déplace peu. Elles peuvent parcourir en conditions optimales entre 4 et 7 m quotidiennement pour la limace grise, 2 et 3 m pour la limace noire. Lorsqu'elles se situent dans une parcelle où la végétation est abondante, les limaces ne se dispersent pas plus que 50 cm par jour. Elle se déplace par la sécrétion d’un mucus qui lui permet de glisser plus facilement. Ce mucus lui permet de se protéger de l’assèchement et de la préserver des infections grâce à ses propriétés antibiotiques.
  • Sans eau ou humidité, la limace ne peut pas produire de mucus, et par conséquent, ne peut pas se déplacer. Elle se réfugie dans le sol pour attendre le retour des pluies.
  • Elles repèrent leur nourriture grâce à leurs organes olfactifs et à des papilles gustatives.


Cycle de vie

Le cycle de vie des limaces, tout comme leur densité de population, vitesse de reproduction et de croissance sont conditionnés par les conditions climatiques, la lumière et la nourriture disponible :

  • Les hivers doux favorisent le taux de survie des œufs, des jeunes limaces et leur développement.
  • Les hivers secs et froids peuvent induire une diminution des populations vivant sur une parcelle.
  • Si le printemps est sec, les œufs peuvent demeurer viables pour une période de temps plus longue et éclore lorsque les conditions seront favorables. 3 à 4 mois leur sont nécessaires pour atteindre la maturité sexuelle, en fonction de la température. Les adultes survivent à l’hiver et leur espérance de vie est de 9 à 13 mois.
  • Les limaces horticoles s'immobilisent en dessous de 5 °C.
  • Optimum de température : 18°C.
  • Inactives à 0°C.
  • Meurent à -3°C mais elles se sont en général enfouies en profondeur avant l'arrivée du gel.


Reproduction

Hermaphrodites (un même individu est à la fois mâle et femelle), elles s'autofécondent et peuvent pondre jusqu'à 300 œufs d'août à octobre qui éclosent au printemps suivant, dès que la température atteint 5°C.

  • La limace pond ses œufs quelques jours à plusieurs semaines après l'accouplement selon l'espèce. Une limace peut pondre entre 100 et 500 œufs en paquets de 10 à 50. Elle les dépose dans un trou creusé dans la terre ou sous un abri. Les œufs sont sphériques, jaune blanchâtre ou transparents.
  • La durée d'incubation des œufs dépend des conditions climatiques, en particulier des températures. À 5 °C, l'incubation durera jusqu'à trois mois alors qu'à 20 °C, deux à trois semaines suffisent. L'humidité du sol doit être comprise entre 40 et 80 %. Les limaces peuvent donner naissance à une génération par an, une tous les deux ans ou deux par an. Les périodes les plus favorables pour la reproduction sont l'automne et le printemps.
  • À l'éclosion des œufs, les limaçons mesurent quelques millimètres et sont transparents. Les limaces vivent de neuf à dix-huit mois selon les espèces et la région. La limace grise, par exemple, évolue en une génération par an dans les régions à hiver rigoureux, en deux générations par an dans les régions à hiver doux. En revanche, la limace noire se développe en une seule génération par an quelle que soit la région.


Alimentation

Omnivores, sa nourriture est variée :  

Certaines limaces peuvent être détritivores, voire carnivores (limace léopard, Testacelles), qui se nourrissent notamment de vers de terre ou d'autres mollusques.

  • Une limace peut ne pas manger durant plusieurs jours et ingérer jusqu'à l'équivalent de la moitié de son poids en une seule nuit. Certaines limaces se nourrissent en une seule fois, d'autres s'alimentent à plusieurs reprises au cours d'une même nuit.
  • La limace grise absorbe entre 30 et 50 mg/jour, la grosse limace peut ingurgiter entre 5 et 10 g/jour.
  • La grosse limace et la petite limace grise consomment plutôt les plantes à la surface du sol et semblent attirées par des plantes déjà endommagées. En période de sécheresse, les petites limaces vivent plutôt dans le sol et grignotent alors les parties souterraines des plantes ou les champignons poussant sur des végétaux en décomposition.


Odorat

Les limaces chassent à l'odorat, pour cela elles sont aidées par une paire de tentacules située au niveau de sa tête. Lorsqu'elles se situent dans une parcelle où la végétation est abondante, les limaces ne se dispersent pas de plus de 50 cm/jour.

Elles repèrent leur nourriture grâce à leurs organes olfactifs et à des papilles gustatives. Les plantes très odorantes peuvent couper les effluves des plantes savoureuses pour les limaces (ex : le fenugrec possède une faible appétence pour les limaces, tout comme la bourrache).


Calcium

Les limaces ont une forte teneur en calcium dans leurs tissus. C'est un élément indispensable à leur développement. D'ailleurs c'est en modifiant le métabolisme du calcium que le phosphate ferrique joue sur la létalité des limaces.

Cet aspect soulève plusieurs questions :

  • Limaces et sols calcaires : fort développement possible.
  • Les limaces sont en surface s'il y a du calcium.
  • Les limaces peuvent être présentes pour rééquilibrer en calcium ou autre élément (mauvaise répartition de la matière organique, donc des éléments nutritifs).


Prédateurs des limaces

Les limaces possèdent de nombreux prédateurs :

  • De nombreux insectes dont les carabes (en particulier : Anchomenus dorsalis, Carabus auratus et Carabus monilis, Pterostichus vulgaris, Poecilus cupreus, Pseudoophonus rufipes et Abax ater), le ver luisant et ses larves, les chilopodes, Ischyropsalididae (un faucheux qui mange surtout des escargots), Ocypus olens.
  • L'escargot de Bourgogne qui mange les œufs.
  • Des mammifères tels que les taupes, les hérissons, les musaraignes, les rats et les blaireaux.
  • Les crapauds, les grenouilles, les orvets et les lézards, mais ils n'éliminent jamais la totalité des limaces.


Niveau de sensibilité des cultures et seuils de nuisibilité

Les cultures ont des sensibilités très différentes face à ces ravageurs :

  • L’indice de sensibilité du blé est de 0,50
  • Sur colza il atteint un maximum de 3,91
  • Le tournesol suit en culture de printemps avec un indice de 3,65

Les limaces peuvent créer des dégâts sur les cultures tant que les plantes ne sont pas fortes et vigoureuses. Le tableau suivant résume les stades les plus sensibles selon les cultures :

Risque d’attaque par les limaces en fonction de la culture (ADAMA, 2019)

Facteurs favorables aux limaces Négatif

  • Sols argileux (lié à l'humidité) et motteux ("refuges à limaces").
  • Temps frais (13-18°C) et humide.
  • Plante appétante.
  • Bois/haie/prairie aux abords de la parcelle.
  • Interculture courte avec de la nourriture.
  • Matière Organique en surface (nourriture) : débris végétaux frais, chaumes, couverts végétaux.
  • Préparations des terres superficielles et semis direct : sans assèchement du sol par un travail du sol, le milieu est plus favorable aux limaces.
  • Semis à disque, lissé ("autoroute à limace").
  • Semis non-recouvert et à faible profondeur : d'un point de vue alimentaire, le germe est plus riche et plus sensible que la plantule une fois développée.
  • Maintien de repousse de colza en interculture.


Facteurs défavorables aux limaces Positif

  • Sécheresse : Adultes et œufs sont très sensibles à la dessiccation.
  • Inondation.
  • Sols limoneux et sableux.
  • Interculture longue (sans nourriture).
  • Préparation du sol avec labour.
  • Sol rappuyé (le tour du champ est souvent mieux que l'intérieur).
  • Semis bien recouvert, semoir à dents.
  • Hiver avec longues périodes de gel, T°C inférieure à -3°C.
  • La loche grise est moins sensible à la sécheresse que les autres limaces et résiste au froid jusqu'au gel.


Dégâts des limaces

  • La limace est considérée comme un ravageur sur colza, tournesol, maïs et céréales à pailles (seigle, triticale, orge d’hiver).
  • Les dégâts que l'on peut observer sont des manques à la levée, des feuilles effilochées (il ne reste que les nervures) et trouées.
  • Température : La quantité de nourriture ingérée dépend de la température : maximum entre 15 et 20 °C.


Gestion des limaces

La limace étant un animal nocturne, privilégier des observations sur la parcelle le soir en condition humide.


Stade

Sur céréales, le plus important est de protéger et dynamiser la période d'attaque de la levée à 3 feuilles, au delà, les dégâts peuvent persister, jusqu’à l’épiaison, mais ont peu de répercussions.

Pour gérer les fortes pressions limaces, mieux vaut avoir du vert lors du semis, sinon les limaces vont se précipiter sur la céréale. L'association de colza avec le semis de blé à 4 kg/ha peut permettre de faire une nourriture à privilégier pour les limaces afin que le blé puisse passer les 3-4 feuilles.

Ensuite, pour dynamiser la levée du blé, il serait intéressant de localiser de l'engrais azote-phosphore-soufre à 50 kg/ha pour le favoriser.


Méthodes naturelles de lutte

Destruction de l'habitat et exposition à la sécheresse

Les limaces s’abritent et se déplacent dans les anfractuosités du sol. Les préparations motteuses, soufflées, leurs fournissent des abris. La limitation du travail du sol est intéressante pour éviter de créer des mottes. Autrement il convient de réaliser une préparation fine du sol pour casser les mottes qui sont l’habitat des limaces. Le roulage du sol après semis détruit les abris, et limite temporairement leur activité en surface.


Le travail du sol (labour/déchaumage) est un moyen pour limiter la prolifération des limaces, notamment en mettant les œufs à la lumière et en asséchant la surface. Cependant, c'est une solution court terme car c'est également un frein à l'installation des prédateurs naturels des limaces (carabes, staphylins).

L'équilibre est délicat. Il faut à la fois garder suffisamment de limaces pour avoir une population de prédateurs correcte et limiter l'impact que les limaces peuvent avoir sur la culture (attention notamment aux cultures avec peu de semences à l'hectare et dans une terre nue).

  • Déchaumage juste après récolte, plusieurs passages.
  • Broyage des pailles et menues-pailles + répartition homogène.
  • Labour par temps sec ou durant l’été.
  • Travail superficiel sur les parcelles libres au printemps et en début d’été, et laisser sécher le sol.
  • Casser les mottes : Préparation fine du lit de semence + Roulage après semis.
  • Eviter les repousses du précédent.


Collecte manuelle

Cette méthode consiste à ramasser ces indésirables après un épisode pluvieux ou un arrosage, idéalement à la tombée de la nuit, du fait de l'activité nocturne des limaces. Il est recommandé d'enfiler des gants afin de se prémunir contre le mucus gluant et collant qu'elles secrètent, voire se munir d'une lampe de poche et d'un récipient pour y mettre les limaces collectées.


Piège à bière

Piège à bière

Cette méthode consiste à déposer sur le sol dans des endroits stratégiques des coupelles contenant un peu de bière. L'odeur de la bière les attire et elles s'y noient. C'est en réalité le houblon qui les attire, qu'elles confondent avec la chicorée dont elles raffolent.

Méthode controversée. Ce piège fonctionne tellement bien qu'il attire également les limaces du voisinage. Il tue, certes, mais notamment des limaces qui ne seraient pas venues sans le piège. D'autre part, il est dangereux pour les insectes qui peuvent s'y noyer.


Piège à limace

Il est conseillé de mettre des pièges (carton plastifié ou simple planche par exemple), de s'assurer du bon contact sol-piège et de contrôler régulièrement le nombre de limaces sous le piège. Pour être efficace, un piège doit être posé au sol afin de conserver l’humidité et de réduire les écarts de températures. Il est important de les humidifier par un trempage préalable et de les positionner en fin de journée pour un relevé le lendemain matin avant que la température ne soit trop élevée. Idéalement, plusieurs pièges (quatre si possible, pour couvrir au moins 1 m²), espacés d’au moins cinq mètres, doivent être positionnés en bordure de parcelle (lieu des premières attaques de limaces) mais aussi à l’intérieur de la parcelle.


Seuils à prendre en compte

  • 1 à 20 limaces/m² : risque faible, surveiller les premiers dégâts à la levée de la culture.
  • Plus de 20 limaces/m² : activité des limaces et risque significatif.
  • Plus de 50 limaces/m² : risque très élevé, penser à la lutte culturale mécanique, tout travail du sol de préparation, semis ou roulage, pour les perturber.
  • La présence simultanée d’adultes et de jeunes est également un bon indicateur de la dynamique de ponte en cours et peut nous avertir d’un risque à venir.


Plantes attractives

Les limaces peuvent être éloignées en plaçant une plante qu'elles apprécient particulièrement (consoude, œillet d'Inde) qui fera qu'elles délaisseront les plantes à protéger.


Plantes répulsives

On entoure les plantes à protéger (salades, choux-fleurs...) de plantes barrière (ail, civette, hysope géranium, digitale, fenouil, oignons, moutarde, trèfle, cerfeuil, capucine, bégonias, cassis...) nettement moins appréciés des limaces.

Fichier:Appetance cultures limaces.png
Appétance des cultures pour les limaces


Favoriser les prédateurs

En laissant des endroits non entretenus dans le jardin ou des zones de refuge (pierres, tas de bois, tas de feuilles), on favorise le développement des prédateurs naturels des limaces. Par exemple, un crapaud, qui appréciera lui aussi les planches ou tuiles "pièges" pour se cacher au frais le jour. Mais aussi les carabes, corneilles, merles, étourneaux, grives, taupes, musaraignes,...


Les poules

Elles consomment certaines limaces et sont aussi très friandes de leurs œufs. Il est possible de les lâcher au potager, en particulier aux heures où les limaces sortent. On peut aussi poser une planche de bois ou des tuiles où les limaces se réfugient la nuit. Au matin, il suffit de les retourner et les oiseaux et autres animaux (comme les orvets, etc.) se délecteront de ce mets délicieux.


Le canard coureur indien

Son efficacité est de plus en plus reconnue. Certains jardiniers ont tendance à les déconseiller de par leur alimentation opportuniste. Les canards coureurs indiens peuvent en effet se nourrir des plantes potagères.


Traitements anti-limaces

Ces traitements peuvent être utilisés par une application en plein en surface sur limaces grises, et de préférence en mélange à la semence en présence de limaces noires.


Matières actives sur le marché

Il ne reste sur le marché que 2 matières actives :

  • Le métaldéhyde : entraîne une destruction des cellules qui produisent le mucus, celles de l’appareil digestif et de la peau.
  • Les solutions à base de phosphate ferrique (bio contrôle, autorisées en AB) : perturbe le métabolisme du calcium et entraîne un blocage du système digestif des limaces.

Ces solutions sont complémentaires selon les différents systèmes de production. Cette complémentarité permet également de pérenniser la lutte.


Avant le semis

En cas de risque fort (conditions très favorables aux limaces pendant l’interculture, observations ou piégeage) réaliser une application de granulés anti-limaces au moins 15 jours avant le semis (favoriser le Sluxx HP 4-5 Kg/ha pour cette intervention). Ce délai permet de profiter de toute l’efficacité du produit avant qu’il ne soit incorporé dans la terre. Dans tous les cas, cette application ne peut pas remplacer celle conseillée au semis.


Après le semis

Le traitement positionné en plein, 4 à 5 jours après le semis (SluxxHP 5kg ou Métarex Ino 5 kg/ha par exemple) est celui qui donne les meilleurs résultats, il permet de réduire d’environ un tiers la perte de pieds. À ce stade les limaces n’ont que les granulés pour se nourrir, car la graine est peu accessible et encore dure avant imbibition. Un renouvellement du traitement aux premiers dégâts améliore un peu la protection. Après semis si le risque est élevé (+20 limaces/m2), un traitement est recommandé (65 granulés/m2).


Le plus souvent, les limaces grises sont majoritaires, les granulés doivent être épandus en surface. Si les limaces noires dominent, il est conseillé d'appliquer les granulés dans la ligne de semis (4-5 kg/ha ou 1,5 kg/ha de metarex dans ligne de semis), tout en réalisant également une application en surface.


La durée d’efficacité d’un granulé est d’au moins 15 jours. Cette efficacité est amoindrie si les granulés sont difficilement accessibles (collés à la terre). Après de fortes pluies, ils peuvent se coller à la terre, il est donc conseillé de renouveler l’application.


Annexes



Pratiques diminuant la présence de ce bioagresseur

Modèle:Guides renseignant ce sujet


Sources

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