Féverole en couvert végétal d'interculture - retour d'expérience (Jean-Michel Bardou - Aglae)
Retour d'expérience de Jean-Michel Bardou, dans le cadre du projet Aglae, sur l'utilisation d'un couvert végétal de féverole en interculture pour lutter contre les dicotylédones d'hiver dans le cadre des TCS (Techniques Culturales Simplifiées).
Motivations
Je me suis installé en 1987 en GAEC avec mes parents sur une exploitation en polyculture élevage. Lorsque que je me suis retrouvé seul à y travailler en 2005, j’ai voulu changer ma méthode de travail pour aller plus vite tout en gardant un bon niveau de production en céréales et en lait et en étant le plus autonome possible en semences et en protéines.
J’ai donc commencé par arrêter le labour en 2006 et comme mes parcelles sont situées en zone vulnérable j’ai été obligé de mettre en place des couverts végétaux. J’ai commencé avec des couverts à base de céréales et je me suis vite rendu compte qu’au printemps qu'ils étaient très difficiles à détruire. Les sols gardaient l’humidité donc ce n’était pas facile pour moi de semer mon maïs rapidement derrière le couvert.
J’ai donc changé de type de couvert en passant à la féverole, beaucoup plus facile à détruire. Depuis, j’utilise toujours les semences de féverole, que je produis depuis 2007, comme couvert avant le maïs car elles me permettent à la fois de gérer les dicotylédones et les graminées d’hiver mais également d’enrichir le sol en azote.
Mise en pratique
Culture intermédiaire: La féverole, ma façon de faire
La féverole présente de nombreux avantages :
- en tant que légumineuse elle restitue de l’azote dans le sol favorable à la culture suivante
- elle possède des racines pivotantes permettant de structurer le sol et de réduire les problèmes de battance sur sol limoneux
- semée dense elle peut être très couvrante et étouffer les adventices potentiellement présentes, en particulier les dicotylédones d’hiver comme les mourons
- elle est facilement destructible mécaniquement
Le semis du couvert
Densité de semis : 150 kg/ha
Coûts : 200 €/t soit environ 30 €/ha en auto-production de semences
Outils :
- Épandeur d'engrais largeur 24m
- Cover crop combiné avec un rouleau Cambridge
La destruction du couvert
Outils : Cover crop en combiné avec un rouleau barre : 10 km/h ; 8-10 cm de profondeur, 2 passages en même temps OU un 1er passage puis un 2ème 8 jours après si le couvert est très dense.
Le semis du maïs ensilage
Outils : Semoir monograine combiné à un déchaumeur à disques 60 cm d’écartement entre les rangs
« Je me suis rendu compte qu’avec un travail simplifié du sol, je peux détruire mon couvert facilement et sans glyphosate. »
« L’action du couvert de féverole me permet de ne pas utiliser d’herbicides pendant l’interculture. Dans le maïs, j’ai du liseron qui apparaît au printemps que je détruis encore avec un passage d’herbicide à dose réduite. »
Intérêts et points de vigilance
Intérêts
- Destruction mécanique facile
- Étouffe les adventices grâce à sa forte biomasse
- Apport d’azote
- Structuration du sol
Points de vigilance
- Graines lourdes, susceptibles de sauter dans les parcelles voisines lors du semis
- Sensible à certaines maladies (botrytis et anthracnose)
Mes conseils pour réussir
- Ne pas semer trop tôt pour éviter le risque de maladie (botrytis, anthracnose) sur la féverole.
- Préférer semer la féverole fin septembre.
- Pour plus d’efficacité, combinaison avec d’autres leviers.
Mes perspectives
- Je commence à insérer dans ma rotation du lupin ou du soja, ce qui permettra une double action : la maîtrise des graminées et l’apport de protéines en remplacement du tourteau de soja pour l’alimentation de mon troupeau.
- Diversifier mon couvert de féverole avec de la phacélie et du radis pour augmenter la surface de couverture du sol ou avec du pois fourrager et de la vesce pour les ensiler et ramener de la protéine à mes animaux.
- Fabriquer un outil me permettant d’effectuer la préparation du sol et le semis de différents couverts en même temps : rajouter une trémie et des descentes sur mon déchaumeur à dents.
- Utiliser des mélanges de variétés de blé résistantes aux maladies pour réduire l’utilisation de fongicides.
Leviers évoqués dans ce système
- Choix variétal
- Couvert végétal
- Décalage de la date de semis
- Densité d'écartement
- Détruire un couvert végétal
- Diminution de la fertilisation
- Non labour
- Semer
- Techniques culturales simplifiées
Mes résultats
Agroenvironnemental
- Diminution de l’IFT herbicide (10 à 30%)
- Diminution de la pression adventices
- Stabilité de la pression ravageurs
- Pas d’évolution de la pression maladies
Social
- Diminution du temps de travail au printemps
- Augmentation du temps de travail en automne
- Stabilité du temps d’observation
Economique
- Stabilité des charges de mécanisation
- Stabilité de la marge nette
- Stabilité du coût de mise en oeuvre
L'avis du comité d'experts
Evaluation selon la grille d'analyse ESR.
Efficience
L'objectif est d’augmenter l’efficience des moyens de lutte disponibles grâce au développement de technologies qui améliorent leur emploi ou par un meilleur positionnement. Dans ce cadre, se positionnent les outils d’aide au raisonnement mais aussi l’agriculture de précision.
Agriculteur membre du réseau DEPHY Ferme, animé par la Chambre d’Agriculture de l’Ariège.
Auteur de la fiche : Txomin Elosegui.
Date d'édition : 2019.
Annexes et liens
- Fiche Aglae éditée par la Chambre d'Agriculture Occitanie https://occitanie.chambre-agriculture.fr/agroenvironnement/agroecologie/aglae/tous-les-temoignages/les-cultures-intermediaires-pour-lutter-contre-les-dicotyledones-dhiver/
Matériel évoqué dans ce retour d'expérience
- Cover crop
- Déchaumeur à dents
- Déchaumeur à disques
- Épandeur d'engrais
- Rouleau barre
- Rouleau Cambridge
- Semoir monograine
Cultures évoquées
Bioagresseurs évoqués dans ce retour d'expérience