Ferme d'Antoine Chabi

De Triple Performance
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Agroécologie, diversité des cultures, fertilité des sols, pâturage
Antoine Chabi
Bénin Polyculture-élevage

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Plantes fourragères

Antoine Chabi, agriculteur à Boko Sakaro au Bénin cultive ses terres et élève son bétail selon les principes de l'agroécologie. Voici le portrait de sa ferme.

Contexte

  • Nom : Antoine Chabi.
  • Localisation : Boko Sakaro (Boko 2), Bénin.
  • Date d’installation : 2019.
  • Surface cultivée : 25 ha.
  • Texture du sol : Sablo limoneux.
  • Nombre de personnes travaillant sur l’exploitation (UTH) : 8.
  • Productions :
  • Climat : Boko possède un climat de savane à hiver sec (Aw) selon la classification de Köppen-Geiger. Boko est une zone avec des précipitations importantes. Même pendant le mois le plus sec, il pleut beaucoup. Sur l’année, la température moyenne à Boko est de 26,8 °C et les précipitations sont en moyenne de 1023,6 mm. Il y a un vent continental constant et chaud l'Harmattan (vent nord est) plus froid et sec qui peut faire descendre les températures jusqu'à 4°C.
  • Études/formation/parcours de vie : Antoine Chabi grandit entouré d'animaux grâce à son père vétérinaire, ce qui a nourri sa passion pour l'élevage dès son enfance. Bien qu'il n'ait pas suivi d'études formelles en agronomie et en élevage et a échoué à plusieurs concours, Antoine a compensé par une connaissance pratique approfondie du métier. Sa détermination l'a conduit à lancer plusieurs fermes au fil des années. Sa première exploitation, située à Bohicon, a marqué le début de son aventure. Aujourd'hui, Antoine est à la tête de cinq fermes de productions différentes, témoignant de sa capacité à transformer des idées en succès concrets et durables.


Motivations et objectifs

Son intérêt pour l’agroécologie est venu avec l’accompagnement opéré par le cabinet Monrado, qui fait du conseil agricole.

Il voit l'agroécologie comme un moyen de pouvoir faire les choses différemment et plus efficacement afin de remplir son objectif initial de production laitière, pour cela, il a commencé par mettre en place des parcelles pour la production de fourrage.


Historique de la ferme

  • Antoine Chabi à commencé son activité par de l'élevage bovin. Néanmoins les problèmes au niveau de la disponibilité du fourrage et des aires de pâturage, les conflits entre éleveurs et agriculteurs l’ont obligé assez rapidement à modifier son approche.
  • La première expérience de mise en place des parcelles pour la production de fourrage n’a pas été concluante : Antoine était obligé de beaucoup déplacer les troupeaux car les parcelles étaient trop petites, ce qui a entraîné une trop faible production de lait. Il disposait d’un hectare de parcelles en pâturage, mais le fait d’avoir des races de vaches locales, peu adaptées à la production laitière mais plus à la production de viande, l’a obligé très rapidement à changer de stratégie.
  • Les temps de pâturage sur les parcelles ont été réduits et les parcelles laissées plus longtemps au repos afin d’obtenir une production de fourrage plus importante et de moins perturber la régénération avec le surpâturage. Il a consulté une ferme qui a une bonne expérience en vaches laitières, située à  Lokossa, qui produit entre 20 et 25 L de lait par vache et par jour avec des races brésiliennes afin d’optimiser sa stratégie. Avant, il utilisait que des races locales qui produisent peu de lait, mais sont plus rustiques.
  • Il y a des conflits entre les agriculteurs et éleveurs à cause des modes de pâturage, les bêtes sont en général en pâturage libre et il y a souvent des dégâts sur les cultures.  Il fallait réfléchir autrement, il a donc divisé les 20 hectares de son exploitation en 2 :
    • Zone A : 10 ha en déambulation libre,  morcelés par des haies de séparation et à l’heure actuelle il y a trop de surpâturage et peu de régénération de la végétation.
Zone A.
    • Zone B : Clôturée tout autour pour éviter le pâturage d’animaux extérieur et la déambulation, il réalise l’épandage de l’ensemble des fumiers et lisiers (bétail et volaille) au niveau des plantes de cette zone. Ils laissent rentrer les animaux dans la zones B quelques heures seulement pour éviter le surpâturage.
Zone B.
  • Par la suite, il a développé plusieurs activités annexes à côté de l'atelier de production laitière. Il possède 60 vaches de race locale, pour la production de viande et produit aussi de la volaille (350 poulets/pintades)  en système agroforestier, en semi claustration.
Poulets et pintades en semi claustration.


Volet agronomique

Production animale

Les bovins

  • L'activité principale est l'élevage de bovins. Antoine possède 60 vaches pour la production d'abord de lait et ensuite de viande. Elles sont de races locales Borgou et Goudani, et produisent en moyenne 2 L de lait / vache / jour. L’objectif est de produire un lait avec un goût intéressant. Ils font un essai avec 2 vaches de race brésilienne, leur lait n'a pas de goût, mais elles sont beaucoup plus productives avec 25 L de lait / vache / jour.
  • Une fois par an, les veaux sont mis dans les enclos utilisés en saison sèche, pour les nourrir. Il est difficile de bien les nourrir à cause du manque de végétation, de ce fait ils sont assez maigres.


Les volailles

L'activité secondaire est l'élevage de poulets et pintades, Antoine en possède entre 300 et 400 têtes. Le cycle de croissance des poulets se fait comme suit sur l’exploitation :

  • Il y a un poulailler dans la maison avec les poussins et les poules.
  • Après 2 semaines de croissance, ils sont déplacés dans des poulaillers plus grands puis relâchés en plein air pour déambuler dans des parcelles prévues à cet effet.
  • Les pintades sont élevées à part dans des enclos de 50 m de côté.


Pour la gestion des volailles : ils plantent du panicum pour nourrir les animaux à l'intérieur des enclos. Les poules pondent les œufs dans les panicums et la végétation. L'élevage se fait en plein air et en poulaillers. La vente des poulets se fait en fonction des naissances pour libérer de la place dans les poulaillers.


Pratiques agricoles

Gestion de la fertilité

Apport important de matière organique sur les cultures : la fiente de volaille et la bouse de vache sont valorisées pour conserver/améliorer la fertilité et la structure du sol sur l’exploitation. "C’est une ferme intégrée, tout est utilisé et produit ici. L’utilisation des bouses de vaches a amélioré la production des culture fourragères".


Travail du sol

  • La culture du maïs est réalisée de manière traditionnelle, en billon.
  • Un labour et un sarclage sont effectués pour le sorgho.
Culture de maïs en billon.


Gestion des ravageurs

Les problèmes principaux qu'Antoine rencontre sont les maladies des poulets. Lorsque plusieurs animaux tombent malades, ils appellent le vétérinaire. Les principales maladies sont la coccidiose, la variole aviaire et la peste. Si les traitements ne marchent pas les animaux malades sont éliminés.


Réservoirs de secours.

Stratégies face aux contraintes

  • Erosion hydrique et éolienne : Mise en place d’aménagements anti-érosifs sur des zones clefs de l’exploitation. Le Panicum C1 est utilisé, c'est une plante fourragère à forte appétence pour les bovins qui a un système racinaire profond, qui permet de réduire l’érosion en maintenant le sol.
  • Impact de la déambulation du bétail sur les parcelles : Ils clôturent avec du grillage autour des parcelles afin d’en limiter/interdire l’accès au bétail, ce système permet une meilleure régénération des prairies cultivées.
  • Présence d'Hyptis suaveolens sur l’exploitation (plante invasive) : Il n'y a pas de moyen de lutte efficace en dehors du désherbage manuel, mais il demande beaucoup de main d’œuvre.
  • En saison sèche : Si la pompe vient à tomber en panne il y a des réservoirs de secours.
Abreuvoirs.

Système hydrique

Présence de deux forages sur la ferme. Il y a des abreuvoirs un peu partout dans la ferme. Tout le système de plomberie de distribution a été mis en place.


Volet social

Satisfactions / insatisfactions

  • Charge de travail : 7. Le chef d’exploitation a 5 fermes et n’est donc pas constamment sur la ferme. Il y a beaucoup de travail mais la présence de stagiaires sur la ferme permet de déléguer.
  • Confort de travail : 8. Les employés de la ferme sont nourris et logés sur place, l’ensemble des soins nécessaires à une bonne qualité de vie des employés est pris en charge par le chef d’exploitation.
  • Sociale : Les ouvriers qui travaillent sur la ferme se sont présentés eux même ou sont des connaissances des ouvriers qui travaillent déjà sur la ferme. Cela crée un environnement de travail serein.
  • Cadre de vie : 9. Agréable en pleine nature, les ouvriers sont logés sur place et nourris.

Echelle de 1 = très insatisfait, à 10 = très satisfait.


Environnement

Accompagnement technique / aides

La ferme est accompagnée par des conseillers du Cabinet Monrado mais pas par d'autres conseillers. Antoine avait tenté un autre conseiller spécialiste du moringa, mais il n'est jamais revenu.


Coopération avec d’autres agriculteurs

La ferme ne fait pas partie de coopérative et n’a pas de coopération.


Volet économique

Charges

  • Salaire mensuel : Les 6 salariés sont au SMIC agricole. Environ 50 000 FCFA / mois.
  • Foncier : 1 ha = 450 000 FCFA.
  • Matériel : Clôture à base de fil barbelé + piquets + main d'œuvre : 10 millions. Très satisfait de l’investissement car diminution des problèmes des maladies dues à la divagation. Les animaux sont bien nourris, il n'y a plus de problème de conflits et plus de stress.
  • Dons, aides financières :
  • Main d'œuvre et prise des bêtes : De 100 000 à 7 000 000 FCFA.
  • Culture de soja avec désherbage manuel (500 000 € pour 2 ha): Jusqu'à 25 sacs récoltés, 1 sac coûte 25 000-40 000 FCFA.


Panneaux solaires.

Investissement

  • Électricité : Investissement de 2 000 000 FCFA pour tout alimenter avec des panneaux solaires.
  • Forage : 2 600 000 FCFA pour toutes les installations liées au forage.
  • Foncier : Pas d'idée de la somme totale, l'immobilier est construit au fur et à mesure. (45 000 x 25 ha)


Produit

Revenus : 6 - 7 millions FCFA / an avec la vente du lait, de la viande, des volailles, des œufs et du miel.


Stratégie commerciale / débouchés

Les grossistes achètent en fonction de leurs besoins, les passages sur la ferme sont variables. L’objectif est de transformer à la ferme pour garder la valeur ajoutée : miellerie, mini laiterie.


Les conseils de l'agriculteur

L’agriculture est un très bon secteur mais il faut de la volonté, de la patience et de la persévérance si on veut aboutir.


Perspectives

  • Développement d’un atelier de production de miel : 300 ruches avec paillote ( pour protéger les ruches) et installation d’une miellerie sur l’exploitation pour produire, transformer et mettre en pot le miel sur place. Les ruches seront installées tout au long de la berge.

Actuellement, le projet est en développement : ils plantent des haies de moringas afin de créer des galeries forestières: 4m entre les Moringa et ils plantent entre du tournesol. Les ruches seront disposées à 15 m les unes des autres, ou 30 si  cela représente une charge trop forte, les abeilles seront : Apis mellifera et abeille Africaine. Le miel sera utilisé pour la consommation et produire des cosmétiques.

Galerie forestière de moringas pour le rucher.
  • Développement d’un atelier maraîchage spécialisé : Production de tomates et de piments. Actuellement le projet en est au stade expérimental, il fait des expérimentations sur petite surface.
  • Développer des ateliers de transformations de lait, viande sur la ferme pour garder la valeur ajoutée des produits et créer de l’emploi local.


Galerie photos


Sources

Interview d'Antoine Chabi réalisée en Août 2024 par l'équipe de Ver de Terre Production dans le cadre du projet Urbane.

Crédits photos : Ver de Terre Production.


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Cette page a été rédigée en partenariat avec le projet Urbane et grâce au soutien financier de l'Union Européenne.

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