Limiter l'emploi de phytosanitaires en agriculture de conservation - retour d'expérience (Thomas Muller)

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Témoignage de M. Thomas MULLER, agriculteur à Tavaux (39)

Fiche témoignage


M. Muller souhaite développer un système le plus durable et le plus autonome possible, en dégageant un revenu correct et stable. Il est président du GVA (Groupement de Vulgarisation Agricole) Chemin-Dole, membre du GIEE TESTER et membre d'un réseau DEPHY depuis 2011.


Objectifs : Gestion des sols, diminution des intrants.

L'exploitation

  • Localisation : Tavaux (39), sur le Finage (plaine jurassienne) à 190 m d’altitude.
  • UTH : 1 + un employé qui aide une cinquantaine de jour par an.
  • Type de sols : argileux à limono-argileux, profonds.
  • Atelier 1 : céréales, vendues à l’organisme stockeur ou au prix ferme.
  • Atelier 2 : anciennement, prise de moutons du Haut Jura en pension durant l’hiver, aujourd’hui : achat de 150 brebis rustiques et association avec un apprenti pour gérer cet atelier.
  • Travail collectif :
    • Président du GVA Chemin-Dole.
    • Membre du Groupement d’Intérêt Economique et Ecologique – GIEE « TESTER ».
    • Trésorier de la FDGEDA.
    • Membre du réseau Ecophyto depuis 2011.
    • Membre de l’APAD.
  • Réflexion en cours :
    • Création d’habitats : haies, bandes enherbées pour favoriser les auxiliaires et limiter l’usage des produits phytosanitaires.
    • Agroforesterie.
    • Incorporation de l’élevage ovin dans un système céréalier : complémentarité des systèmes.
  • Assolement :

Mes objectifs

Je suis convaincu qu’il ne faut pas lutter contre les éléments mais travailler avec.

Je souhaite développer un système le plus durable et autonome possible, en dégageant un revenu correct et stable, et éventuellement faire vivre une personne en plus.

J’apprécie énormément d’échanger en groupe (GVA, GIEE …) et apprendre.

J’estime que mon système est bon, mais il en existe d’autres. Je ne veux pas imposer ma manière de travailler : c’est à chacun de trouver le système qui lui convient dans l’objectif de répondre aux demandes de la société et de se dégager un revenu convenable. Dans cette optique, j’assume mes difficultés autant que mes réussites et n’hésite pas à les évoquer en groupe pour avancer.

Etapes de la mise en œuvre

  • Je suis membre d’un réseau DEPHY depuis 2011 : réseau de Démonstration, Expérimentation et Production de références sur les systèmes économes en phytosanitaires, mis en place dans le cadre du plan Écophyto. A l’époque, je cherchais déjà à transformer mon système. Ce qui m'a beaucoup aidé dans ce réseau, c'est que j'avais moi-même des idées mais j'avais besoin d'un accompagnement pour m’aider à faire les comptages et pour m’aider à faire le choix de traiter ou non. L’agronome du réseau se rend disponible pour cela, et ça me rassure.


  • Plusieurs pratiques m'ont permis de diminuer mes IFT (Indices de Fréquence de Traitement) hors herbicides :
    • je pratique des observations/comptages des ravageurs et une évaluation du risque d’impact avant traitement
    • je cultive du colza associé avec des légumineuses, qui permet un meilleur contrôle des adventices et une réduction des dégâts d’insectes d’automne
    • j’utilise des trichogrammes contre la pyrale du maïs
    • j’utilise du [Sluxx] (anti limace agréé en Bio).


  • Concernant les herbicides : en semis direct (SD), il est particulièrement difficile de maîtriser les adventices, surtout les premières années, le temps que le système trouve un équilibre. La baisse des IFT Herbicides est un objectif à long terme !

Au démarrage du semis direct, j'ai fait trop d’impasses sur les adventices. Par conséquent, je dois me battre quelques années plus tard pour "rattraper" cela. Le salissement en SD est différent du système labour, par exemple, on a des vivaces à gérer (comme les chardons), qui sont habituellement détruites par le labour. Face à cela, je n’ai peut-être pas appliqué les doses ou les produits les plus adaptés ?

Pour un agriculteur qui débute en Techniques Culturales Simplifiées (TCS), je pense essentiel d’identifier le plus rapidement possible les nouvelles adventices (le commercial ne les connaît pas forcément !) pour trouver les solutions adaptées. En amont, un échange avec d’autres agriculteurs en TCS à proximité serait un vrai plus pour essayer d’anticiper.


  • Je souhaite associer la biodiversité et l’équilibre du système à la baisse des IFT. Depuis 2016, je débute une réflexion avec le GIEE (Groupement d’Intérêt Ecologique et Economique) « TESTER » pour favoriser la présence d’auxiliaires des cultures dans les champs afin de limiter l’usage des intrants. J’ai le projet d’aménager 80 ha de parcellaire groupé avec des bandes enherbées (espacées de 135 à 162 m) pour fournir des habitats notamment aux carabes et à la petite faune. Il est aussi possible d’améliorer les bandes enherbées préexistantes en travaillant sur les espèces semées et leur entretien pour fournir des habitats aux auxiliaires.

Intérêts technico-économiques

J’ai réussi à diminuer mon IFT hors herbicides mais une difficulté à maîtriser les adventices. En SD il faut avoir une parcelle « nickel » au semis. Les premières années, j’ai toléré un peu trop d’adventices. Aujourd’hui je suis plus exigeant et je réalise qu’il faut bien installer le système avant de réussir à baisser les herbicides ensuite.


Evolution des IFT herbicides et hors herbicides de la SCEE de la Colombière en SD

Intérêts environnementaux

Baisse de l’usage de certains produits phytosanitaires.

Ça m'a plu

Indirectement, j’ai trouvé dans notre groupe DEPHY l’accompagnement technique que je cherchais. De plus, sur 11 membres, nous sommes 6 à mettre en place des pratiques d’agriculture de conservation : ce groupe est donc un lieu d’échanges particulièrement important pour nous, qui avons beaucoup de besoins et cherchons des solutions de façon un peu trop solitaire. Ca contribue à notre investissement !

Les clés de la réussite

  • Pour la mise en place du système en SD, je pense qu’il ne faut pas faire d’impasses sur les vivaces car il est difficile ensuite de s’en débarrasser.
  • Il ne faut pas vouloir tout faire à la fois : changer de système et en même temps vouloir à tout prix baisser son IFT herbicide. Ces étapes se font successivement.

Les points de vigilance et les limites de la pratique

Pour le moment, j’ai des difficultés à diminuer l’IFT herbicide en semis direct.

Mon bilan, si c'était à refaire

Je le referais, même si je trouve que nous sommes encore trop peu nombreux et insuffisamment accompagnés. Mais les choses sont en train de bouger.

Les appuis mobilisés

  • La Chambre d’Agriculture du Jura et le Réseau Ecophyto (Florian Bailly-Maitre notamment).
  • Fédération Départementale des Chasseurs du Jura (Caroline Lebris) et ONCFS : aide technique et financière pour la mise en place de haies, habitat pour les auxiliaires.
  • La revue TCS de Frédéric Thomas est très intéressante ; j’aime particulièrement les articles de M. Pastourau.
  • Les formations proposées par l’ADFPA 39.

Focus sur mes autres pratiques

Annexes

Leviers évoqués dans ce système

Bioagresseurs évoqués

Contribue à

Auxiliaires évoqués

Materiel évoqué


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