Réduction de la compaction des sols en viticulture

Réduction de la compaction des sols en viticulture

Traction animale, diminution des passages d'engins, mise en place de couverts, matière organique, ...

Réduction de la compaction des sols en viticulture

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Vineyards in Napa Valley 7.jpg Traction animale, diminution des passages d'engins, mise en place de couverts, matière organique, ...

Réduction de la compaction des sols en viticultureVineyards in Napa Valley 7.jpg

La structure du sol est un élément essentiel de sa fertilité. Un sol correctement structuré permet une bonne infiltration de l’eau, une activité biologique plus importante, un meilleur accès aux nutriments et un bon enracinement de la vigne. En viticulture, les passages d’engins agricoles lourds et certaines conditions météorologiques (fortes pluies…) entraînent une compaction des sols qui casse sa structure et fait diminuer les rendements[1].

Différents leviers permettent d’éviter ou de corriger cette compaction.


Améliorer la portance du sol

Matière organique

La matière organique contribue à la structuration des sols et à leur résistance aux contraintes en formant des complexes organo-minéraux stables. Pour limiter la compaction des sols il est donc possible de l’enrichir en matière organique, par exemple en restituant les résidus de culture ou en apportant des amendements organiques (broyat de bois de taille, compost de déchets verts, fumier…).


Couvert de féverole dans les parcelles viticoles de Philippe Leymat à Branceilles

Couverts végétaux

Les couverts végétaux permettent un apport de matière organique et permettent également de structurer le sol en profondeur grâce à leur système racinaire. Leur mise en place peut favoriser la décompaction.


La féverole

Le système racinaire de la féverole en pivot très ramifié et la profondeur des racines (80-100cm) permettent une très bonne structuration du sol[2].


Avantages :

  • Ce couvert favorise la fixation de l’azote atmosphérique.
  • Il est facile à mettre en place de par sa bonne capacité de germination.
  • Il est possible de réaliser des semis tardifs.


Inconvénients :  

  • Le développement de la féverole est lent.
  • La plante est peu couvrante au départ donc elle ne permet pas un bon contrôle des adventices.
  • Un semis trop précoce expose la plante aux maladies ce qui peut entraîner une diminution de la biomasse produite.
  • Le coût du semis peut être élevé selon les variétés.


Navette fourragère

La navette fourragère

Le système racinaire de la navette est un pivot ligneux qui a un impact en profondeur sur le sol.


Avantages :

  • Installation rapide avec un fort pouvoir concurrentiel des adventices.
  • Potentiel de piégeage de l’azote élevé pour réduire les pertes par lessivage.
  • Semences bon marché.
  • Résistante au froid.

Inconvénients :

  • Destruction compliquée si le système racinaire est bien développé.
  • Sensible au stress hydrique.
  • Elle peut entrer en concurrence avec la vigne pour les nutriments en cas de reprise rapide.
  • En sol pauvre, le semis d’une Brassicacée peut diminuer la mycorhization et acidifier le sol.


Moutarde blanche

Les Brassicacées comme la moutarde blanche ont un système racinaire pivotant idéal pour décompacter le sol.


Avantages :

  • Piège à nitrates.
  • Action nématicide.
  • Compétitrice vis à vis des adventices.
  • Destruction simple.
  • Semences bon marché.
  • Fort pouvoir germinatif donc semis facile.


Inconvénients :

  • Sensible au stress hydrique et à la chaleur.
  • Il est conseillé de l’associer à une légumineuse pour éviter le risque de faim d’azote à la destruction.
  • En cas d’association, sa rapidité au démarrage crée une difficulté pour la plante associée.


D'autres couverts végétaux peuvent être utilisés pour limiter la compaction : radis fourrager, avoine d'hiver...


Limiter la pression exercée sur le sol

Adapter son itinéraire technique et ses outils

La compaction des sols est principalement liée aux passages des engins agricoles. Il est important d’avoir un itinéraire technique adapté pour limiter les risques de compaction[3] :

  • Une diminution du nombre de passages de machines permet de diminuer la fréquence des contraintes exercées sur le sol.
  • Utiliser des outils et tracteurs les plus légers possibles est aussi un moyen de diminuer la contrainte exercée[4].
  • Privilégier des tracteurs avec des pneus larges permet de répartir la contrainte sur une plus grande surface et donc de limiter la compaction.
    Cultivateur (chisel)

L'utilisation de cultivateurs à dents comme les charrue-chisels permet un travail du sol en profondeur sans retournement. La charrue-bêche permet aussi de travailler le sol sans formation d’une semelle de labour. Si cette dernière est déjà présente, le sous-solage permet de la détruire.

Charrue bêche (ou machine à bêcher)


Ajuster la pression des pneus pour éviter la compaction du sol

Un autre levier d’action est de réduire la pression des pneus, ce qui permet de préserver le sol en limitant le tassement. En réduisant la pression, le pneu s’écrase davantage et augmente la surface de contact avec le sol, et un pneu sous-gonflé s’enfonce moins dans le sol ce qui évite de créer des ornières.

C’est un levier simple à mettre en place pour limiter la compaction des sols. Il faut adapter la pression des pneus en fonction des travaux à réaliser et des surfaces sur lesquelles le tracteur roule. Il existe des systèmes de télégonflage qui adaptent la pression des pneus en continu.


Régénérer un sol compacté

Si la compaction est trop importante, il faut envisager des opérations de décompactage[1].

  • Si le sol est compacté en surface (0 à 10 cm de profondeur), un travail superficiel du sol suffit à le décompacter.
  • Pour les horizons au delà de 10 cm de profondeur, il faut envisager un labour, un décompactage ou un pseudo-labour pour restructurer le sol
  • Pour des compactions très en profondeur (au delà de 30cm), il n’existe pas d’opération mécanique. Il faut alors mettre en place des pratiques pour favoriser l’activité biologique du sol qui va permettre une restructuration naturelle en quelques années, par exemple la mise en place de couverts végétaux.


Réaliser un décompactage efficace  

  • Le décompactage ne doit pas être systématique, il doit être réalisé uniquement si nécessaire après confirmation d’un profil cultural.
  • Il doit être réalisé sur un sol ressuyé et friable pour être efficace. La période idéale en viticulture est la période post-vendanges[3].
  • Dent de sous-soleuse (aussi appelée soc)
    Préserver le sol et les vignes : le décompactage ne doit pas mélanger les différents horizons du sol, il doit préserver le système racinaire des vignes en n’étant pas réalisé trop près des rangs et ne doit pas être réalisé sur tous les rangs la même année. Pour décompacter, il faut donc utiliser des outils adaptés qui agissent verticalement pour ne pas bouleverser les horizons, comme la sous-soleuse pour un décompactage en profondeur ou un décompacteur pour un travail moins profond.
  • La pointe de la dent de l’outil doit se situer 10 cm sous la zone à fissurer.
  • Mise en place d’un couvert végétal : afin de conserver la porosité et la friabilité créées, la mise en place d’un couvert végétal après le décompactage est nécessaire pour que la structure soit maintenue par les racines du couvert.


Coûts et pertes engendrés par un sol compacté

Un sol compacté peut entraîner une perte de rendement allant de 5 à 30% en fonction du système[1].

De plus, une opération de décompactage du sol va engendrer un coût de quelques centaines à quelques milliers d’euros. L’achat d’un décompacteur peut coûter de 500€ à plusieurs milliers d’euros pour les modèles intensifs, et en location il faut compter 10 à 100€ l’hectare en plus d’une caution[5]. Il est donc important de limiter au maximum la compaction pour éviter la dégradation des sols et des pertes économiques pour l'exploitation.


Sources et références


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