Ferme du Chaumont
Lydie DENEUVILLE s'installe en 1994 à la ferme du Chaumont, à Chevenon dans la Nièvre (58). Dès les premières années elle implante ses céréales d'hiver et les colzas, tournesols, pois de printemps en TCS. Elle laboure uniquement la première année pour les cultures de printemps (avant cette, date 100% de la ferme était en labour avec paille exportée) pour y implanter les cultures de printemps. En 1995 les charrues sont vendues et aujourd'hui, ce choix est complètement assumé par l'amélioration de la fonctionnalité des sols vivants de la ferme....Ce choix est conforté ensuite par les résultats économiques de l'entreprise et son développement....
Données générales
- Texture du sol : Limon argileux.
- Taux de MO (2020) : 2,5.
- pH du sol (2020) : 6,7.
- Historique du terrain avant installation : Anciennement ferme d'élevage.
- Température moyenne :
- Annuelle : 10,9°C, avec une moyenne minimale de 5,8°C et une moyenne maximale de 16°C.
- En hiver : 4,9°C.
- En été : 17,7°C. Juillet est le mois le plus chaud de l’année avec une moyenne mensuelle de 19,2°C.
- Précipitations :
- Hauteur cumulée annuelle : 804,1 mm. Les précipitations sont importantes et réparties également sur l’année.
- Moyenne mensuelle : 67,0 mm. La période la moins pluvieuse se situe en mars avec 54,3 mm d’eau en moyenne. Le mois le plus pluvieux est celui de mai avec 80,1 mm en moyenne sur la période.
Spécificités de la ferme
- En réflexion semis direct sous couvert végétal depuis 1998, en SCV Lucien SÉGUY depuis 2001.
- Développement de la technique de semis dite de "Semis nature".
- Semis de plantes de services à chaque semis de cultures .
- Alternance calculées entre cultures printemps/hiver, légumineuses/graminées.
- Production de semences fermières.
- Vente directe ferme sur le site https://www.identite-cereales.fr/.
Installation et changements opérés dans la ferme
Changements opérés
Noël, s'installe de son coté en 2002, sur une commune voisine avec les mêmes techniques de production et donc, le matériel est mis en commun avec Lydie. Sur sa ferme les sols sont plutôt limono-sableux avec peu de portance et aussi, un potentiel de production en retrait.
- Lydie et Noël s'engagent dans une démarche TCS ce qui a le mérite de gagner en portance des sols dans un contexte de terres très argileuses ou très peu portantes, et cherchent des synergies dans le territoire allant dans le sens de la conservation des sols en grandes cultures. Dans cette optique, ils se rattachent rapidement à un CETA et adhèrent à une CUMA, étant donné qu'en 1997/98 les semoirs en SD n'étaient pas assez répandus, investir directement dans un semoir seul n'était pas raisonnable. Ils ont donc testé plusieurs semoirs (Gaspardo, Kuhn, John Deere, Semeato...) mais aucun ne correspondait à leurs besoins. Puis, en fouillant sur internet, ils ont pris connaissance de solutions en Amérique du Sud et trouvent leur premier vrai semoir SD de la marque (Victor Jury). Pendant cette courte période, les TCS disparaissent et ils se confrontent à de nombreux échecs dans des parcelles plus difficiles, les rendements peuvent rapidement baisser. La prise de conscience du problème est rapide et très vite ils ressentent la conviction que des solutions existent ailleurs.
- L'effet déclencheur a été toute la gamme de voyages et visites de fermes proposés par Frédéric Thomas en Europe et l'intelligence collective qui émergeait de ces dynamiques d'une cinquantaine d'agriculteurs comme (Jean-Claude Quillet) qui participaient à ces voyages d'études et d'agronomes rencontrés (dont , Carlos Crovetto, Ademir Caligari, la revue TCS, l'association BASE). Cela les amène à diversifier leur rotation. Ils feront plus tard la connaissance de Lucien Séguy lors de la 2ème édition du NLSD (Festival du Non Labour et Semis Direct) qu'ils visiteront plusieurs fois au Brésil, Argentine, Uruguay. Il leur donnera accès à son réseau et fera le suivi de nombreux essais sur leurs fermes. C'est pendant cette période de recherche qu'ils démarreront les couverts végétaux avec succès grâce à Aldemir Caligari, les plantes associées, notamment de légumineuses, apparaissent avec plusieurs graines tropicales de plantes géantes pour faire des comparaisons d'enracinement avec l'aide de Lucien Séguy. Cette approche technique nouvelle des SCV de Lucien va propulser Lydie et Noël vers des résultats économiques très intéressants.
Objectifs et expérimentations
- Réussir à se passer le plus souvent de glyphosate (tout en ne s'interdisant pas de l'avoir en roue de secours).
- Développer une machine "outil SCV+" pour écorcher uniquement les cuticules des plantes du couvert pour une meilleure assimilation des Matières Actives en permettant ainsi de diminuer fortement leur dose et leur impact.
- Tester l'allélopathie de divers plantes de couvertures ou de cultures.
- Développer et tester le Semis Nature.
- Essais sur la gestion des concurrences, tests d'augmentation de densité.
- Travail sur le lien entre l'utilisation d'herbicides et les maladies/ravageurs présentes sur les cultures. Dans ce sens Noël a fait quelques essais de glyphosate sur un colza en végétation (courant avril) avec Lucien Seguy. L'objectif était de pulvériser différentes doses de glyphosate pour voir jusqu'à quelle dose ils pouvaient monter avant de désherber complètement un colza arrivé à maturité. Car, le colza comme la féverole, présente un petit caractère de résistance au glyphosate. Ils se sont rendus compte que les pucerons venaient attaquer le colza légèrement atteint par le glyphosate. Même effet pour le blé.
Evolution de l'assolement en ha
Blé tendre | 40,43 |
Escourgeon | 31,57 |
Maïs grain | 53,1 |
Soja | 26,38 |
Tournesol | 16,17 |
Total cultures de vente 2019 | 178,69 |
Colza d'hiver | 6,22 |
Blé tendre | 32,99 |
Sarrasin | 27 |
Maïs grain sec | 30,02 |
Soja | 75,46 |
Tournesol | 1,09 |
Orge hiver | 26,82 |
Féverole | 4,99 |
Semences fourragères | 1,1 |
Millet rouge | 4,22 |
Total cultures de vente 2022 | 208,81 |
Rotation type
Pas de rotation type. Le choix de la succession des cultures est choisi en fonction de l'aspect rentabilité économique et agronomique. La rotation est très variable suivant les années, mais essaie de respecter une espèce d'alternance raisonnable et judicieuse entre les grandes familles de plantes que l'on trouve dans notre région agricole. Chaque année, une ou plusieurs cultures expérimentales sont introduites ou retirées suivant leurs performances.
Suivi technique de quelques cultures :
Colza et moutarde d'hiver
En semis SCV, avec plantes associées
- 150 unités d'azote.
- Antidicotylédones au printemps.
- Aucun fongicide/insecticide.
- Après la moisson, glyphosate (0,5 ou 0,8) si pas assez propre, afin de laisser les repousses de colza en place et développer ainsi un couvert économique qui précédera la culture de blé.
Blé
- En octobre le blé est semé directement dans des repousses de colza (jusqu'à 30 cm de développement suivant les années) on peut facilement envisager cette culture de blé sans aucun antilimaces.
- 0,3 / 0,5 de glyphosate après le semis pour calmer le colza (il faut qu'il reste appétant pour les limaces).
- Quand le blé atteint le stade 3 feuilles à travers le colza, on peut prévoir un désherbage avec une faible dose de sulfonylurées
- Le Fosburi ou autre est ajouté au désherbage classique d'automne.
- Pas d'insecticide pas de fongicide.
- A la moisson du blé :
- Si c'est avant le 14 juillet et qu'il a encore du sarrasin, il en met (parfois il sème le sarrasin avant même de moissonner).
- Sinon, il met un couvert multi espèces d'été (prédominance de légumineuses pour stocker l'azote, et de plantes gélives).
- Noël a fait des essais d'association moutarde ou sarrasin (fonction désherbante) : il ne faut pas mettre plus de 25 kg pour 100/150 kg de blé. Pour l’instant il ne peut pas les reconduire car il n’a pas d’irrigation et il faudrait des automnes un peu plus humides.
Sarrasin
- Cendres sur sarrasin qui est levé (environ 1 t/ha), reçoit 3t/ an (relation directe avec chaufferie).
- Moisson en novembre (il faut attendre la première gelée, le sarrasin gèle dès -1°C.
Couvert d'hiver
- Avoine, vesce, féverole en prévision de la culture de maïs.
- Il faudra faire attention à l'eau dans les sols, ils ne faut pas qu'ils soient hydromorphes, compactés, etc.
Maïs
Fertilisation azotée des parcelles de maïs assez tôt, environ 2/3 de la dose en azote. (N39 ou Urée) l'objectif est de booster les plantes de couverture jusqu'au jour du semis (c'est une période favorable au développement très rapide des plantes (les éleveurs l'appellent la pousse de l'herbe du printemps) Lucien Séguy disait qu'en SCV, cette pousse de printemps est essentielle pour fabriquer de la MO , récupérer les éléments et surtout de la puissance racinaire qui doit reconquérir la profondeur des sols. Ce point est crucial et doit être intégré dans la démarche SCV, la seule réticence serait une situation de sols superficielles avec peu de réserve hydrique ou une période printanière très sèche.
- Semis du maïs fin avril début mai, l'objectif est la préservation maximum de la structure superficielle du sol.
- La gestion du couvert en SCV doit permettre un bon ressuyage pour faciliter le semis. A noter aussi que sur un sol non perturbé structurellement, la recharge hydrique est beaucoup plus efficace.
- La se gestion du désherbage chimiquefait principalement en foliaire, dès l'apparition des premières plantes adventices. Les passages sont renouvelés, si nécessaire, si d'autres adventices se représentent à chaque fois qu'une période météo déclenche des levées de ces adventices.
- Noël utilise les principaux désherbants foliaires en alternance suivant les plantes à gérer, avec des doses faibles, il préfère les produits simples avec 1 seule matière active, qu'il peut ajuster à la demande (conditions d'application, météo, pluviométrie,...).
- Dernier passage de désherbage en juin (fertilisation foliaire), 1 ou 2 passages, 4L/ha.
- Récolte fin octobre, avant le 15 novembre.
Couvert d'hiver
- Passage au Lopa d'un mélange avoine-vesce qui va durer jusqu'au soja au 15 mai.
Soja
- Ambroisie (volonté de tester autre chose).
- Fertigol.
Couvert
Tournesol / sorgho / lin. Semis du colza 1 mois après.
Conduite du maïs irrigué
- Parcelle depuis 5/6 ans en semis direct.
- Dès que la batteuse est passée, semis du couvert : un maximum de légumineuses, avoine, féverole, vesce et un peu de graminées car sinon le couvert d'hiver est trop cher.
- Au printemps quand le couvert est haut, il faut compenser le manque de minéralisation ou de réchauffement de la culture, pour cela, ils apportent des fertilisants, de l'engrais azoté assez tôt avec du soufre pour faire pousser le couvert, mais pas d'insecticides. L'avis de Noël est que si les couverts sont arrêtés tôt, au mois de janvier par exemple, ils n'auront pas rendu 10% des services qu'ils rendraient 15 jours avant ou pendant le semis du maïs.
- Désherbage foliaire, car le taux de MO est bon et parce que les herbicides racinaires ne marchent pas car il n'y a pas assez de pluie. Noël s'aperçoit qu'il est à la limite du système car les graminées ont eu la dose normale et sont toujours en place.
- Semis dans le couvert et destruction du couvert après le semis pour éviter que le couvert patauge au démarrage.
- Fertilise sur la ligne de semis (40 U d'azote liquide, 150 kg d'engrais organique, soufre élémentaire).
- Semis de plantes compagnes : colza (3kg/ha) pour limaces, soja/tournesol/blé/orge/avoine pour les taupins.
Noël attend que les cailloux dans la parcelle soient descendus pour faire du soja et du blé.
Répartition des produits en fonction des cultures récoltées en 2022
Cultures de vente | Colza d'hiver | Blé tendre | Sarrasin | Mais grain sec | Soja | Tournessol | Orge hiver | Feverole | Millet rouge |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Surface | 6,22 | 32,99 | 27 | 30,02 | 75,46 | 1,09 | 26,82 | 4,99 | 4,22 |
Produit/ha | 1662,57 | 2027,2791 | 1216,18 | 1515 | 300 | 545 | 1206,6406 | 960 | 1239,0378 |
Produit/UTH | 10341,19 | 66879,93751 | 32836,86 | 45480,3 | 22638 | 594,05 | 32362,10089 | 4790,4 | 5228,739516 |
Charges/ha | 532,69 | 555,299 | 234,795 | 848,18 | 379,83 | 384,68 | 532,69 | 360,6 | 434,0969 |
Marge/ha | 673,69 | 1471,9801 | 981,385 | 666,82 | 589,42 | 160,32 | 673,9506 | 599,4 | 804,9409 |
Composition des couverts végétaux
Selon Lucien Séguy, derrière une graminée :
- 80% de légumineuses, 20% de graminées.
Puis, l’inverse après légumineuses :
- 80% de graminées et 20% de légumineuses.
Gestion des ravageurs
Limaces
Noël n'utilise plus plus d'antilimaces depuis 15 ans.
La ferme avait historiquement beaucoup de problèmes liés aux limaces, même avant 1994 avec la pratique du labour systématique de son prédécesseur. Noël raconte que plus il mettaist d’antilimaces, plus il en avait.
Donc, aujourd’hui quand il fait ses semis soit d'automne, soit de printemps, il prévoit des plantes de services pour les limaces qui sont de l'alimentation pour les nourrir. En n’utilisant plus d’antilimaces chimiques et coûteux, l'écosystème invite les carabes, hérissons, oiseaux, leurs prédateurs qui restent efficaces et en équilibre avec la présence ou non de limaces.
Pour en savoir plus : https://www.lucienseguy.fr/la-gestion-nature-des-limaces-avec-noel-deneuville/
Rongeurs
Pour les problèmes de campagnols, mulots et autres rongeurs pouvant perturber les cultures, Noël décourage gentiment, avec explications, les chasseurs de ne pas tirer les renards et rapaces qui conservent leur alimentation et leurs habitats. Plusieurs terriers de renards sont d'ailleurs présents et préservés au milieu des parcelles et ne sont pas détruits par aucun travail de sol.
Dans ce sens il y a une stratégie sur l'ensemble de la ferme de valorisation de la biodiversité fonctionnelle sur le long terme :
Depuis plus de 20 ans, la chasse aux renards est interdite sur la ferme en SCV, résultat : très peu de mulots, juste assez pour nourrir les renards et autres prédateurs naturels. La Nature est bien faite !
Le meilleur prédateur des souris, mulots et campagnols reste le chat. Le chat sauvage, particulièrement efficace, fréquente les grands massifs boisés mais descend volontiers en plaine pour chasser. Les chats domestiques ou harets, plus communs, sont aussi de précieux alliés jusque dans les bâtiments de ferme.
Le renard, lui, doit chasser les rongeurs toute l’année pour survivre. Attraper des petits rongeurs est bien plus facile pour lui que de s’attaquer à un gibier vigoureux. Mais il n’est pas le seul régulateur naturel : buses et autres rapaces diurnes et nocturnes jouent aussi un rôle clé. Sans parler des couleuvres, qui consomment énormément de petits rongeurs, ou encore des hérons, qui se régalent des souris des champs.
Un équilibre basé sur la biodiversité et la stabilité du sol
Ce fragile équilibre repose sur la diversité des habitats et sur la préservation du sol. Les petits rongeurs, dont la reproduction est extrêmement rapide, doivent sortir de leurs galeries pour se nourrir, ce qui les expose à leurs prédateurs. Mais pour que cette régulation naturelle fonctionne pleinement, il est essentiel de préserver, un minimum vital, les éléments du paysage qui favorisent les prédateurs : arbres, haies et bosquets sont indispensables.
Les arbres ne sont pas seulement des perchoirs pour les rapaces, ils remplissent de nombreuses fonctions :
- Ils servent d’abris et de refuges à une faune variée, favorisant la biodiversité et à la régulation de bien d'autres prédateurs des cultures.
- Ils participent au climat local en offrant une régulation des températures et en limitant l’évaporation de l’eau.
- Leurs racines stabilisent les sols, permettent la structuration profonde du sol, la filtration de l'eau brute ainsi que la recharge des nappes phréatiques avec de l'eau potable, ils limitent l’érosion.
- En bordure de parcelles, ils créent des microclimats favorables aux cultures et aux auxiliaires des cultures.
Mais cet équilibre ne fonctionne correctement que si le sol des parcelles agricoles est préservé et non perturbé. L’Agriculture de Conservation des Sols (ACS) et les Systèmes de Cultures Vivants (SCV) permettent de maintenir un sol riche en biodiversité en évitant le travail du sol et en favorisant les couverts végétaux.
Les limites de l’agriculture biologique sur la biodiversité
Contrairement aux idées reçues, l’agriculture biologique, qui repose souvent sur le travail du sol pour gérer les adventices, perturbe fortement les écosystèmes du sol et détruit une grande partie de la biodiversité souterraine et superficielle . En retournant régulièrement la terre, elle réduit la présence de nombreux auxiliaires, détruit leur habitat, expose les sols à l’érosion et déstabilise les cycles naturels qui permettent la régulation des ravageurs, y compris les petits rongeurs.
Quand tout est bien en place, la nature s’équilibre d’elle-même, sans intervention humaine excessive. À l’inverse, les solutions chimiques ou mécaniques perturbent durablement ces cycles naturels et aggravent souvent le problème.
À tester également : le mélilot, une plante répulsive pour les petits rongeurs, qui peut être semée en bordure de parcelles dans les cas graves. D'autres pistes avec ces plantes de service olfactives et répulsives sont aussi testées actuellement sur la ferme.
Evolution du bilan économique
Année | 2022 | 2021 | 2020 | 2019 | |
---|---|---|---|---|---|
SAU (ha) | 178,69 | 178,69 | 178,69 | 178,69 | |
Cultures de vente (ha) | 178,69 | 178,69 | 178,69 | 177,57 | |
Produits | dont produits culture de vente (€/ha) | 1349 | 1195 | 545 | 886 |
dont autres produits (€/ha) | 517 | 84 | 257 | 229 | |
dont aides (€/ha) | 227 | 210 | 250 | 221 | |
Total produits (€/ha) | 2093 | 1489 | 1125 | 1116 | |
Charges opérationnelles | dont semences (€/ha) | 56 | 73 | 34 | |
dont fertilisation amendements (€/ha) | 279 | 52 | 182 | ||
dont traitements (€/ha) | |||||
Total charges opérationnelles (€/ha) | 486 | 209 | 207 | 403 | |
Charges de structure | dont fermage et mise à disposition | 162 | 175 | 150 | 162 |
dont mécanisation (carburants,
lubrifiants, amortissements, entretien du matériel et travaux par tiers) |
137 | 301 | 436 | 536 | |
dont eau, gaz, electricité | 9 | 9 | 10 | 10 | |
dont frais de gestion | 90 | 83 | 43 | 39 | |
dont assurances | 30 | 47 | 47 | 51 | |
dont transport et déplacements | 13 | 8 | 4 | 6 | |
autres | 7 | 53 | 336 | 5 | |
Total charges de structure | 453 | 679 | 1028 | 813 | |
Charges de personnel | dont salariés et charges sociales | 164 | 58 | 78 | 79 |
dont charges sociales exploitant | 15 | 19 | 18 | 18 | |
Total charges de personnel | 182 | 77 | 96 | 97 | |
EBE | 1052 | 604 | -235 | 156 |
Focus Semis Nature
Le "Semis Nature" n'est absolument pas un semis à la volée , le Semis Nature, cherche à imiter les conditions de semis dans les écosystèmes naturels ne subissant aucune perturbation du sol.
Il note que c'est un semis opportuniste, si et seulement si toutes les conditions sont réunies pour une germination optimale :
- Le sol doit être vivant et structuré par la biodiversité (les sols limoneux de type battants qui sont conduits en travail de sols ne sont pas du tout conseillés pour tenter un Semis Nature) .
- Pour limiter les coûts, Noël opte plutôt pour des semences fermières (vesce, sarrasin, moutarde, millet, tournesol géant, ...)
- Il y a des cultures plus adaptées que d’autres au semis nature (plus simple pour les implantations de culture d’hiver : orge, blé, avoine,…).
- Pour les semis d'été, préférer mai - juin (déclenché en avance pour gagner du temps par rapport à un semis normal) mais uniquement si la météo est favorable. Dans ce cas, les cultures plus adaptées sont le trèfle et le sarrasin.
- L'automne est plus adapté aux graines plus grosses car il y a plus de pluies et la terre aura été chauffée l’été.
- Il y a également des graines plus adaptées que d'autres pour un maximum de contact sol-graine : des graines angulaires comme le sarrasin ou plates du tournesol (plus de contact avec le sol) qui à la volée lèvent mieux que des graines rondes comme les féveroles (par ailleurs, les grosses graines de légumineuses ont besoin de dix fois leur poids en eau pour germer).
- Il faut faire attention au désherbant/sulfonylurées qui empêchent la graine de germer.
- L'objectif étant la récolte, semis d’une seule espèce. Mais il est possible d’associer avec la chicorée, luzerne, vesce, amarante. Pas besoin de mettre de grandes doses pour obtenir les services écosystémiques de ces plantes. Ex : 500g de luzerne, 300g de chicorée + la culture principale (ex : moutarde).
- Conditions de semis : Noël semait à la volée avec son épandeur à engrais (enjambeur Lopa). Avant il épandait à 30 m puis a réduit à 24 m. En 2021, ils ont investi dans un « DP 24 », car avec l’épandeur centrifuge il ne pouvait travailler qu’avec des grosses graines (les graines lourdes vont pouvoir être projetées). Pour les petites graines comme pour le tournesol, colza, trèfle, millet,... c'était plus compliqué.
- Pour lever cet obstacle, il a travaillé avec Lucien Séguy à l’enrobage des semences pour les alourdir ou les coller avec d’autres graines (avec de l’argile et de la mélasse qui en même temps fertilisent). Cela représente cependant du travail supplémentaire.
- Préparation de l'enrobage avec une bétonnière ou un godet malaxeur. Une fois les graines en mouvement, ajouter 2-3L de mélasse pour 300 L de mélange. Ajouter du fertilisant (fumier de porc ou volaille en granulés). Sécher la préparation avec de sciure ou de la chaux éteinte. Il ne faut pas faire tourner trop longtemps. Le mélange est fait au fur et à mesure et épandu aussitôt. Il ne faut pas que ce soit collant ni trop poussiéreux.
Autonomie à la ferme du Chaumont
Semences de ferme : Soja, colza, blé pareil (permet de semer plus tôt et sans insecticides), féverole / millet / orge 20% d'achat, tournesol et sorgho 2/3 hybrides et 1/3 acheté.
Equipements
- Moissonneuse.
- Pulvérisateur automoteur.
- 1 semoirs Juri 6 m : Semoir polyvalent. On peut semer en céréales et adapter les doses de semis. A l'avant, on peut mettre une autre rangée de semis, qui peut servir à semer des plantes compagnes. Cela fait que les grosses trémies sont coupées en deux. Equipées de deux distributions : une pour les petites graines (trèfle, amarante, colza..) et les mono-graines avec 50 cm d'écartement (possibilité de semer du maïs et du tournesol). Disque ouvreur et option chasse débris. Ils ont monté une distribution d'engrais liquide avec la cuve à l'avant du tracteur.
- 1 Lopa avec centrifuge.
- 1 Rauch pour semis pneumatique précision, rampe 24 m.
- 1 semoir à dents Horsh : plus simple que le Juri. Dents fines, bon nettoyage de la ligne de semis, pas de gène par la paille. Bons résultats de levée. Ils ont ajouté des disques ouvreurs à l'avant pour pouvoir l'utiliser dans les couverts.
Bilans
Economique :
EBE/UTH | 1052 |
EBE/CA | 50 |
Subventions/CA | 10 |
Annuités/EBE | 0 |
Charges/CA | 53 |
Environnemental :
Tx de MO | 2,5 |
Couverture du sol | 100% |
Indice de travail du sol | 5% |
SIE/SAU | 0,61 |
Diversité des cultures | 11 |
Focus vente directe, "accomplissement final du métier d'agriculteur"
- Le choix des cultures et de la rotation se fait à la fois pour des raisons agronomiques et économiques (le cours et le contexte géopolitique doivent être favorables).
- La conduite de la batteuse est importante pour ne pas faire passer dans la trieuse trop d'impuretés (la récolte est ensuite soit déversée dans une plateforme ou sur un boisseau).
- Tout est ensuite stocké, trié, répertorié par lots à la ferme. Lydie et Noël ont commencé avec un petit trieur à grilles d'occasion et sont maintenant équipés d'un Trieur Denis D 200 (200 q/h) à plusieurs grilles en fonction du calibre de la graine. Il est important de le rendre automatique (le leur peut tourner 2/3 h seul). En terme de vitesses de triage des semences pour la commercialisation : 100 q/h et on passe à 25/50q/h pour de la semence "plus fine". Parfois ils trient deux fois car il y a un mélange de graines : "on commence par enlever les impuretés avec une grosse aspiration et après, dans un deuxième temps, en changeant les grilles".
- La démarche a été de trouver des solutions pour la commercialisation qui est faite soit en direct sur la ferme à travers le marché libre, soit par des courtiers.
- Sélection des récoltes par lots en fonction de la qualité (ils parviennent à commercialiser aussi bien les très bons lots que les moins bons). Avant de chercher un acheteur il faut chercher à déterminer un prix et voir comment les cours peuvent évoluer en fonction des besoins du marché. Par exemple, la France, pour être couverte en besoin de sarrasin, est obligée d'importer. Si les cours ne sont pas favorables il convient de bien gérer son stockage (sec et ventilé), un lot trié et propre et une large gamme de cultures pour les vendre en fonction de l'évolution des prix. Par exemple pour l'avoine d'hiver (graine intéressante pour les couverts), si on est sur une année où tout le monde décide d'en semer car les besoins, et donc les prix en avoine augmentent à la récolte, il est possible que les prix se baissent car il y a trop d'offre par rapport à la demande. L'année d'après les prix baissent et les agriculteurs sont moins nombreux à produire de l'avoine, donc les besoins en avoine de l'année suivante seront supérieurs par rapport à l'offre disponible. Ça leur est déjà arrivé de stocker l'avoine pendant un an parce que le cours n'était pas intéressant.
- Pour trouver des acheteurs, ils font appel à des courtiers à proximité, ou cherchent des meuneries, biscuiteries, des huileries en valorisant leurs pratiques ACS, le fait de produire sans insecticides et anti-limaces depuis 18 ans. "Si c'est vendu à la coopérative, il y a une banalisation du lot, sachant qu'ensuite le stockage est passé sous insecticides".
- Pour bien négocier, il faut attendre que les prix augmentent et négocier par semis entier. Sachant que l'unité de commercialisation aujourd'hui est de minimum 30 tonnes, ce qui équivaut à, chez Lydie et Noël un camion. Ils s'arrangent souvent avec des voisins pour compléter un camion. S'il y a des excès dans les lots de moins bonne qualité qui ne peuvent pas être vendus, car ils ne suffisent pas pour remplir un camion, ces derniers sont gardés pour les couverts. Par ailleurs, comme ils sont équipés d'un trieur, ils envoient un échantillon de très bonne qualité quand il y a une proposition de marché.
- Le stockage est pour eux le meilleur investissement car c'est "détenir sa récolte" : il est fait à plat, d'une capacité d'entre 5 000 et 6 000 t sans insecticides, simple à nettoyer (avec un compresseur de chantier ça retire tous les insectes), ensuite ils épandent de la poudre de diatomée dans les coins (pour un ordres d'idée avec un sac de 30 kg ils font 2 ans). S'il y a des lots prévus pour de la semence, ils font attention à prendre des bon lots, stocker dans des lieux qui ne vont pas excéder 40°C.
- Pour le stockage et la conservation du sarrasin (qui est délicate car c'est une culture tardive qui se rapproche des pluies) : aussitôt après la moisson il faut faire le triage, car il reste toujours des impuretés et des graines pas mûres (comme pour le blé sa maturation n'est pas homogène). Ensuite, remise aux normes avec le séchoir. Il faut bien faire attention à la ventilation car le sarrasin absorbe très facilement l'humidité.
- Pour les semences, pour la plupart ils le font en vrac (séparées en petits lots, mais pour les semences de ferme et stockés dans 7/8 remorques d'occasion) .
Cultures de niches en système céréalier
Voir Commercialiser soi-même les cultures de niches en système céréalier, retour des Deneuville :
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