GAEC de la Bunouderie
Elevage laitier mêlant prairies, cultures en ACS et agroforesterie
Sylvain Poussier, Yvon Poussier
La transition de la ferme d'Yvon et Sylvain Poussier se fait dans les années 2000, poussée par l'inquiétude sur l'état d'érosion de leurs sols. En effet, la ferme se situe sur des terres très pentues et accidentées et les agriculteurs remarquent que le travail du sol, notamment le labour, avait une forte incidence lors des orages. Dans ce sens Yvon et Sylvain ont vocation à suivre la démarche agronomique de l'Agriculture de Conservation des Sols sur leur ferme tout en baissant l'usage des intrants. La ferme est en semis direct depuis 5 ans, en étant passée auparavant par la case des Techniques Culturales Simplifiées et présente une démarche exemplaire de plantation de haies, fournissant une autonomie énergétique à la ferme, permettant à la fois de lutter contre l'érosion des sols et de capturer du carbone.
Contexte
- Lieu : Ferme située en bassin versant de la Mayenne en amont, traversée par plusieurs cours d'eau. Il y a donc un enjeu de préservation de la ressource en eau.
- SAU : 130 ha.
- 70 ha en semis direct, sauf le maïs qui est au strip-till.
- 52 % de maïs dans la SFP (Surface Fourragère Principale) : 37 ha de maïs / 70 ha (dont 15 ha en maïs épi et le reste en ensilage).
- 50% de la surface en pâturage avec un parcellaire accessible.
- Cultures fourragères : Maïs fourrage, luzerne, prairie temporaire, prairie permanente.
- Cultures de vente : Blé tendre, avoine d'hiver, féverole, vesce graine, colza.
- Cultures arboricoles : Pomme, Pomme à cidre, Poire.
- UTH : 4.
- Anita et Valérie Poussier : Traite, suivi des factures, suivi et élevage des veaux et tâches ménagères.
- Yvon et Sylvain Poussier : Suivi des cultures, du pâturage et des haies.
- Autres labels : HVE, FQRN (Filière de Qualité Race Normande) et Label Haies.
- Climat : Océanique, tempéré et humide marqué par un hiver doux et humide, ainsi qu'un été chaud et humide. (Source : Plan de gestion des haies du GAEC)
- Pluviométrie : 800 mm/an en moyenne (Source : données issues du document de plan de gestion des haies du GAEC).
- Température : Les influences maritimes limitent l'amplitude thermique annuelle qui est de l'ordre de 10°C. (Source : Plan de gestion des haies du GAEC)
Enjeux locaux[1]
- A l'échelle de l'intercommunalité : une majorité de fermes en bovin lait.
- Part d'actifs agricoles permanents plus élevé que la moyenne française mais en déclin.
- Dépendance marquée à l'énergie, marquée aux pesticides et relativement faible à l'eau d'irrigation.
- Utilisation de pesticides à l'échelle de l'interco : 2 fois la dose annuelle maximale autorisée pour une substance donnée.
- Production élevée mais trop spécialisée pour couvrir la consommation et pratiques agricoles très préjudiciables à la biodiversité.
- Score HVN (haute valeur naturelle) à l'échelle de l'intercommunalité : 11/30.
Etapes dans la transition de système
- 1984 : Début du GAEC (avec Sylvain, son frère, et ses parents).
- 1990 : Arrivée de Valérie Poussier, femme de Sylvain qui prend place du père Poussier.
- 1994 : Yvon Poussier rejoint le GAEC (avec Sylvain, son frère, et ses parents).
- Quand il s'est installé, le système initial avait déjà de l'élevage. C'était un système majoritairement herbager avec davantage de labour et peu de cultures. Néanmoins, depuis le début il y avait toujours la préoccupation d'avoir un sol couvert. L'impact des étés secs se faisait davantage sentir dans ce système.
- Dans les premières années, la ferme n'était pas autonome en fourrages par manque de surface.
- Double culture seigle-maïs.
- Agrandissement de la surface de 12 ha.
- Années 90 : Remembrement et replantation de haies.
- Années 2000 : Début de la mise en place de couverts végétaux (les dérobées).
- Essai avec : avoine gélive - labour - épandage de fumier en mars - disques - maïs - couvert.
- Essai seigle.
- 2002 : Anita Poussier, femme de Yvon, rejoint le GAEC.
- 2010 : Début d'essais en techniques culturales simplifiées notamment pour des raisons de "simplification du boulot".
- 2014 : Semis direct de prairies permanentes (ray-grass, trèfle, plantin).
- 2018-2019 : Début de l'Agriculture de conservation des sols
- Essais strip-till avec Anton Sidler.
- Ils se rendent compte que reconduire de l'avoine en couvert tous les ans rendait ce couvert malade (notamment avec de la rouille). Puis, avec l'effet allélopathique de l'avoine, les pois et le maïs "ramaient".
- Ils ont ensuite pensé à faire de la féverole et du pois pendant 3 ans et se sont aperçus avec des analyses de la Chambre qu'il ne fallait pas reconduire un couvert de féverole tous les ans car "il y avait une maladie qui noircit la féverole".
- Conclusion :"Couverts comme cultures : il faut faire des rotations !"
- 2020 : Ils tentent le maïs en semis direct (SD).
Objectifs
- Vivre du métier d'agriculteur.
- Mieux équilibrer travail et temps libre.
- Autonomie fourragère.
- Bien maîtriser le semis direct.
- Mieux maîtriser les adventices.
- Résister à la sécheresse.
Assolement
En vert : Surfaces fourragères
En jaune : Surfaces de vente
Détail des surfaces (en ha)
- SAU : 130 ha.
- SFP : 70 ha. Les prairies permanentes ont entre 20 et 40 ans pour la plus âgée.
- Cultures de vente : 15 ha.
- Surface non cultivée (prairies naturelles, jachères, etc.) : 75 ha.
- Surface en pâturage : 75 ha.
- Surface en non travail du sol : 70 ha en SD (sauf le maïs qui est semé au strip-till).
- Type parcellaire : Accessible (23 ha accessibles au pâturage).
- Logique de séparation des parcelles : 2ha pour les prairies et 5ha pour les cultures.
- Taux de couverture du sol : 100%.
Fertilité et structure du sol
- Texture de sol : Terres hétérogènes, limons battants (là où sont mises les génisses), terres sableuses, terres sur schiste avec terre peu profonde.
- Taux de MO 2015 : 2,7. Yvon Poussier estime qu'en faisant du TCS pendant un temps, cela travaillait "toujours trop" la terre et qu'ils ont perdu de la MO en conséquence.
- Taux de MO (Matière Organique) du dernier test labo : 3,5 ou 4 en fonction des cultures et parcelles.
- PH du sol 2020 : 6,5.
- Sols portants.
Gestion des cultures
Rotation
- 2018 : Semis de blé en semis direct le 16 novembre 2018 pour une récole le 27 juillet 2019 (exportation des pailles).
- 2019 : Semis de colza en semis direct en association avec de la luzerne le 10 août 2019
- Pour une récolte du colza le 28 Juillet 2020.
- Pour une première coupe de la luzerne en affouragement le 15 septembre 2020.
- 2021 : Récolte du colza avec la luzerne en associé (22 qtx de colza et en blé 60 qtx).
- Récolte de la luzerne ensilage en préfanage le 10 mai 2021.
- Récolte de la luzerne ensilage préfanage le 1er juillet 2021.
- Récolte luzerne en affourragement le 10 août 2021.
- Récolte luzerne en affourragement le 25 septembre 2021.
- 2022 : Idem que l'année précédente pour 4 coupes.
- 2023 : Idem que l'année précédente pour 3 coupes.
- 4ème coupe n'est pas récoltée
- Semis de blé le 25 novembre 2023 en semis-direct.
Amendements
- Apport de fumier et de bois à l'automne
Itinéraire technique du blé
Lors de notre entretien Yvon a pu détailler l'itinéraire du blé dur d'hiver sur couvert permanent de luzerne, sur une parcelle de 6 ha à 2 km de l'exploitation. Il est intéressant de dénoter comment Yvon permet par sa gestion, aux deux cultures de cohabiter :
- Usage/devenir de la culture : Vente.
- Pré-semis :
- Test de germination (30% de perte, donc semis plus dense). "En SD, il faut semer 10% / 20% de plus pour assurer l'implantation" explique Yvon.
- Enrobage : Semences non traitées, enrobage dans malaxeuse à béton avec 3 L de levain pour 100kg de semences + mycorhizes (1 L + argile).
- Associations de cultures :
- Implantation depuis 2020 :
- Espèce : Couvert permanent de luzerne.
- Objectif : Les Poussier remarquent des atouts par rapport :
- A la résistance aux maladies (septoriose, fusariose), ce qui leur permet d'éviter les fongicides, à la fertilisation (la luzerne ramène entre 45-50 U d'azote et du phosphore par les racines).
- Aux besoins des deux cultures : La luzerne est en dormance l'hiver donc le blé a davantage le temps de faire son enracinement (sauf si le printemps est séchant et que le blé ne prend pas, sachant que le désherbage est limité).
- Aux économies générées en coût de couvert : "dès que le blé est moissonné ça repart" .
- Vigilances : "Il ne faut pas que la luzerne dépasse le blé (entre 10/15cm)".
- 15 jours avant le semis, passage du Rolo faca puis 2 L/ha de Glyphosate et 1L/ha de sulfate d'ammonium
- Lors du semis : 10 g/ha d'Allié SX pour calmer la luzerne.
- Implantation depuis 2020 :
- Semis culture principale : 16-25/11/2023.
- Semence fermière :coût : 60 €/kg, densité : 210kg/ha, normalement on sème plutôt à 180 kg/ha mais les semences n'étaient pas bonnes.
- Densité : 220kg/ha.
- Semoir : Semeato semé à 1,5 cm.
- Fertilisation :
- Azote à l'épandeur centrifuge : 16/02 : 30 U avant le "stade de redressement".
- Urée liquide :
- Fin février : 39 U ou 100 L /ha.
- Fin mars : 150 L de solution liquide azotée / ha.
- Oligo-éléments (Objectif : itinéraire sans fongicides) :
- 2,5 L/ha Assimil k santé 02/04, 02/05, 02/06 (phase de montaison et de synthèse/absorption de l'azote).
- Souffre élémentaire à 96% (30kg/ha).
- Vitamine C.
- Traitements :
- Fin janvier, stade deux feuilles : 0,5 L d'Antilope + 2,5 L/ha de Minarix : réduction de la luzerne qui pour l'instant ne nuit pas car elle est en dormance. L'objectif est désherber le le ray-grass "résistant".
- 15 avril : 0,3 L/ha de Pixxaro.
- 15 mai : 0,5 L /ha de Starane 200.
- Si à la floraison il pleut : fongicides.
- Récolte (faite par une ETA) : 15-20 juillet, parfois plus tard (120 €/ha).
- Pressage à la ferme : 15 € la tonne (fait par eux).
- Luzerne repart ensuite (un bon rendement = 3t/ha) pour l'affouragement des vaches.
- 4 coupes par an (14 t au total) :
- 1ère coupe : Début mai (ensilage).
- 2ème coupe : Fin juin (ensilage ou affouragement).
- 3ème coupe : Mi-août.
- 4ème coupe : Mi-septembre.
- Si repousses d'herbe : soit enrubannage soit ensilage.
- 4 coupes par an (14 t au total) :
Marge brute 2022 -2023 du blé avec un itinéraire similaire
Pour un rendement de 6,8 t de blé tendre :
Attention : le produit inclut les ventes, les prélèvements, les cessions et les stocks fin.
Retour sur itinéraire méteil précédent maïs [2]
- Ces dernières années le maïs était conduit en double culture : méteil/maïs
- Cependant, Yvon et Sylvain ne sont pas convaincus du système méteil-maïs dans leur contexte. En effet avec des terres séchantes ils mangeaient le "capital flotte" et faisaient de bons méteils mais pas de très bons rendements de maïs. Ils perdaient donc 2 L de lait par laitière et ont donc privilégié de faire du trèfle dans terres humides (suivi soit d'un blé soit d'un maïs sous couvert léger de trèfle) et de la luzerne dans des terres séchantes permettant ainsi d'avoir une plus forte MAT (Matière Azotée Totale). Selon Yvon le trèfle, même si peu avancé, a une meilleure MAT que les méteil qu'ils produisaient à la ferme.
Itinéraire technique du maïs en strip-till[2]
- 15/10 : Semis du couvert/méteil
- 250 kg/ha féverole, 15 kg/ha avoine
- 15/12 : apport de 40 t de fumier
- 10/05 : désherbage 1,5L round up
- 15/05 : semis au strip-till
- 78 000 pieds/m2 (grand roux basque)
- 110 kg azote liquide
- 40 kg soufre élémentaire
- CMV vache
- Enrobage (levain/inoculant mycorhizien/argile)
- 15/05 : roulage du couvert végétal/méteil
- 18/05 : deuxième passage de round up dans les parcelles avec des problématiques de ray grass
- 30/05 : désherbage : 0,6L (Pantani, Onyx, Caliboost)
Exemple du coût fourrager / ha du maïs
Essais
Essais en cours de semences de couvert en bandes de 2 ha semées en janvier :
- Vesce de Narbonne semence fermière faite il y a deux ans.
- Vesce commune (refleurit facilement).
- Féverole (en refont tous les ans).
- Luzerne.
Deux années d’essais de céréales sous couvert de luzerne
- Essai plutôt concluant rendements équivalents aux autres parcelles
- Attention à bien maitriser le développement de la luzerne
Problématiques
- Ray-grass persistant.
Troupeau
- Race Normande (sans croisement) :
- 80 vaches laitières (sur 200 animaux au total).
- 82 génisses.
- 61 taurillons.
- Salle de traite 2 x 10 m.
- 2 traites par jour.
- Production : quotas de 600 000 L de lait /an.
- Soit 6 000 L / vache.
- 19 kg de lait /jour / VL (Vache laitière).
- Taux de renouvellement : 26 % (le rapport entre le nombre de vêlages de primipares et le nombre total de vêlages sur une campagne).
- 6 mois de pâturage minimum. Début en mars quand la météo le permet - entrée à l'étable en novembre. Pour les génisses, rentrée à l'étable à Noël.
- Analyses laitières :
- TB (Taux Butyreux) : 48 g/kg.
- TP (Taux Protéique) : 37 g/kg.
- Urée : 61 mg/L.
- 33 mois au premier vêlage.
Santé
- Quelques problèmes sanitaires persistants depuis 10 ans (contaminant par les bouses).
- Pas de traitements systématiques à part un vermifuge pour les génisses d'un an.
- Nombre de mammites : 2/an.
- Cellules du troupeau : 325 (1 000 / ml).
- Frais de vétérinaire 2022-2023 : 56 €/ VL.
Alimentation (exemple)
Début mars - fin octobre | Majorité de pâturage (avec un peu de maïs ensilage à
l'auge en début de saison = 10kg / vache) |
14 juillet - 15 sept | Pâturage
Début d'affouragement (luzerne 20 ha en 2 coupes ) Ensilage de maïs quand il y en a |
A partir du 15 novembre | Fourrages :
= 4 T pour 75 laitières Concentrés :
|
Alimentation des génisses :
- Enrubannage trèfle + prairies + luzerne.
- 600 kg de maïs + légumineuses (même mélange que pour les vaches).
Coût alimentaire :
- 70€ / VL à l'année.
- 112 € / 1 000 L pour la période 2022-2023.
Autonomie : "On ne manque jamais d'herbe" explique Yvon.
Stratégie : Incorporation de plus de légumineuses pour diminuer les concentrés.
Gestion du pâturage
- Amélioration de l'aménagement du parcellaire pour faire du pâturage tournant (recoupage du parcellaire en plus petit = paddocks 1,2 ha, amélioration des accès et points d'eau....). "Avant, les parcelles étaient trop grandes, d'environ 2 ha, et on était toujours amenés à refaucher les refus des vaches".
- Début de saison : Avant de mettre les laitières dans les prairies, ils font du "mob grazing" et du déprimage au printemps.
- "Début mai on met la faucheuse en route" :
- Ce qui est trop haut = ensilage.
- Parcelles "pas assez avancées" = fauche à 15 cm avant de remettre les laitières dedans.
- Temps de séjour : Pâturage 2 jours + 1 nuit si pousse importante.
- 2 mois de repos végétatif.
Conduite de la prairie
Sylvain Poussier parle davantage d'orientation de la prairie que de gestion :
- Espèces présentes : Trèfle blanc, dactyle, fétuque, ray-grass, plantain, (terres séchantes). Ils ne font pas des implantations tous les ans.
- Le trèfle est implanté plutôt dans les zones humides et la luzerne dans les terres séchantes.
- Regarnissement des prairies en fin d'année si elles ne sont pas assez productives (rajout de trèfle en mélange) : Semoir - coup de rouleau faca, puis ils remettent les vaches 10 jour après.
- Quand il y a du sur-semis dans les prairies "il faut le faire en septembre le temps que le trèfle s'implante". Les vaches pâturent ras pour que le trèfle s'implante.
- 35 U d'urée au printemps, mais s'ils fauchent pour faire de l'ensilage, ils en mettent un peu plus.
- Chaux tous les 3/4ans si pâquerettes, carences et de la mousse.
- Observation de la santé du sol par rapport à la productivité.
- Bonne dégradation des bouses. Il y a 25 ans ils donnaient du vermifuge aux vaches et cela se passait moins bien.
- Génisses pleines : Mangent les repousses d'herbe sur le parcellaire des laitières.
- Bonnes pratiques :
- En période de sècheresse : Retirer rapidement les animaux pour éviter que ce soit pâturé trop bas et garder un stock d'humidité.
- Pour éviter le surpâturage : Attendre un stade d'au moins 3 cm de pousse et ne pas revenir avant 40 jours sur le paddock.
- 1 fauche dans l'année pour les prairies permanentes (fauche la veille à 7/8cm et pâturage le lendemain si le temps le permet).
Yvon poussier observe que ses prairies permanentes sont plus performantes que les temporaires.
Agroforesterie
Avec 12/13 km de haies sur 130 ha (soit une densité de 69 m de haies / ha), les Poussiers font perdurer ce que leurs ancêtres ont mis en place après le remembrement en 1991 : à ce moment donné des haies ont été déplacées lors de plans de replantation qui ont été proposés aux agriculteurs et ils ont ainsi pu préserver certaines souches. Cette densité est supérieure à la moyenne départementale (60m/ha).
- La plantation est dense = 1 arbre tous les mètres.
- Essences locales :
- 2/3 poussante (elles font le rendement)
- 1/3 bourrante (elles viennent par la suite toutes seules grâce à la faune)
- Les essences principales présentes dans la ferme sont le châtaigner (48%) et le noisetier (26%).
- Il y a une grande diversité de haies avec une majorité de taillis sous futaille et cépées d'arbustes. Le taillis sous futaille présente un grand intérêt en termes de préservation de la biodiversité car l'ensemble des strates est présente et donc une plus grande diversité d'habitats.
- Autant de haies interparcellaires qu'intraparcellaires (environ 30% pour les deux catégories). Il y a également une forte proportion de haie en bordure de route (20%).
Intérêts
- Le maintien du bocage et de la biodiversité (96% de recouvrement continu de la haie, ce qui permet de jouer un rôle décisif de gîte pour la biodiversité).
- Cloisonnement des parcelles.
- La capture de carbone : Partant du principe qu'une tonne de bois contient 0,5 t de carbone, le potentiel est de 3 367 t de carbone stocké et un accroissement annuel de 224 t supplémentaires tous les ans.
- La résilience par rapport au dérèglement climatique et aux hausses des températures : Les agriculteurs observent que les haies permettent de conserver la fraîcheur à l'intérieur des parcelles. Yvon Poussier évoque notamment un épisode en 1976 de grande sécheresse où il a observé que les prairies où les haies étaient présentes étaient plus productives. Dans ce sens, Yvon et Sylvain n'observent pas nécessairement de perte de productivité en conséquence des haies : "Quand c'est de la prairie, il n'y a pas d'effet de bordure" par rapport aux haies".
- Lutte contre l'érosion des sols : 35% des haies sont perpendiculaires ou obliques par rapport à la pente et sont donc un atout considérable pour protéger les sols. 45% sont parallèles et ont donc un rôle dans le circuit de l'eau de ruissellement.
- Le bien-être animal en période de pâturage.
- De générer la première couche de litière avec du BRF (Bois Raméal Fragmenté).
- De générer de l'énergie et du rendement avec du bois de chauffage déchiqueté (essences ciblées pour cela : châtaigner, frêne, merisier et saule). La ferme est ainsi équipée de 3 chaudières et est autonome en chauffage depuis 2004. Sylvain participe à la structuration de cette filière dans son département depuis le début des années 2000, étant actuellement président de la CUMA Innov'61. Cette filière est favorisée par l'existence de chaufferies locales comme celle de Domfront. La ferme a été équipée de la première machine à grappin en 2004, et était la seule dans le département, depuis 180 se sont développées.
- Production de 700 MAP (Mètre cube Apparent).
- 400 mil t par an à l'échelle de la CUMA.
- Possible production pour du bois d'œuvre (environ 3 000 mètres linéaires présents dans la ferme pourraient rentrer dans cette production).
Entretien des haies
- Gestion à la tronçonneuse.
- Clôtures à 1m 50 de l'axe, de chaque côté de l'arbre pour lui donner de la place.
- Recépage des haies anciennes tous les 10/12 ans (une "coupe rase", explique Sylvain, tout comme le mob grazing en pâturage) pour que les arbres refassent des racines, que le sol stocke davantage de carbone et que les nouvelles racines s'adaptent davantage au milieu.
- Recépage tous les ans des haies récentes (= ayant moins de 10 ans et qui représentent environ 3% des haies).
- Eclaircissement également tous les 10/12 ans.
- Elagage des haies réalisé par les vaches.
- Sécateur tous les ans pour éviter la ronce et sélectionner les espèces souhaitées (le robinier par exemple, peut devenir trop envahissant et ne fait pas non plus de très bons rendements, donc il est enlevé).
Rendement des haies
Pour Sylvain Poussier le bois est un production qui doit être rentable (donc coûter au moins 45€ /t de bois vert).
Capture de carbone en système herbager
On observe sur ce schéma :
- Hausse de la photosynthèse pour le système herbager
- Minimas de photosynthèse de plus en plus bas pour le système en agriculture conventionnelle, la réintroduction des cultures tous les ans, entraine une irrégularité de du NDVI.
- En moyenne sur 5 ans, 20% de photosynthèse en moins, ce qui pourrait indiquer une plus faible capacité à refroidir les températures au sol et amener la pluie.
Bilan social
- Satisfaction sociale : 8/10
- Satisfaction économique : 7/10
- En temps de travail, ils ne dépassent pas les 60h/semaine.
- Sylvain Poussier explique qu'il ne se sent pas surchargé car le système est assez souple, que tout le monde peut se faire remplacer sans trop de problème et que depuis la transition en semis direct, cela a davantage assoupli leur système.
- Il y a de l'entraide, mais il faut aussi résister à la pression sociale de ce que disent les voisins sur son leur système.
Economie
Evolution des marges brutes entre 2019 et 2023
Note sur la marge de l'avoine de printemps en 2020-2021 : "C'était une année difficile.... normalement il faudrait la semer entre début mars et le 15 mars au plus tard mais cette année là on avait fait début avril. Il a fait froid, ça n’a pas poussé, puis il y a eu un coup de chaud en juin, ce qui fait que l'avoine a épié très vite...". Selon Yvon, la bonne stratégie aurait été de faucher plus tôt et d'en faire de l'enrubannage pour les vaches.
Evolution des coûts fourragers entre 2019 et 2023
Sachant qu'au total le coût des surfaces fourragères / ha est de 259 € pour la période 2023-2024.
Evolution des marges brutes / ha de l'atelier Vaches laitières et taurillons
Bilan économique
Radar économique
Comparaison avec les moyennes en Normandie en 2021 (Source : AGRESTE - RICA (Réseau d'Information Comptable Agricole).
Equipements et bâtiments
Equipements | |
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Equipement 1 | Semeato d'occasion acheté il ya 5 ans (3m 20) |
Coût Equipement 1 | 13 000 € + entretien 7 000 € |
Equipement 2 | Herse |
Voie d'obtention | CUMA |
Equipement 3 | Semoir à blé |
Voie d'obtention | CUMA |
Equipement 4 | Strip till (Jamet) |
Voie d'obtention | 17 000 € (neuf, CUMA) |
Equipement 5 | Rouleau Faca |
Voie d'obtention | 10 000 € (neuf) |
Equipement 6 | Trieur nettoyeur |
Voie d'obtention | 3 000 € (d'occasion) |
Equipement 7 | 3 Chaudières |
Bâtiments | |
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Bâtiment 1 | Salle se traite |
Bâtiment 2 | Stabulation pour animaux |
Bâtiment 3 | Stockage de fumier |
Bâtiment 4 | Stockage troupeau |
Bâtiment 5 | Stockage paille |
Commercialisation
Production et commercialisation | |
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Atelier de production 1 | Grandes cultures de blé |
Atelier de production 2 | Lait |
Atelier de production 3 | Taurillons |
Atelier de production 4 | Pommes |
Tout est vendu à la coopérative Agrial.
Galerie photos
Sources
- Entretiens réalisés le 17/01/2024 avec Yvon Poussier et le 21/02/2024 avec Yvon et Sylvain Poussier sur leur ferme.
- Portrait du 19/06/2023 réalisé par le groupe LVH (La vache heureuse) lors de la 5ème édition du carrefour des éleveurs (notamment pour les informations sur les itinéraires techniques du maïs).
- ↑ https://crater.resiliencealimentaire.org/diagnostic/avrilly_(orne)?echelleterritoriale=epci
- ↑ 2,0 et 2,1 LVH (La vache hereuse) 29/06/2023