Guide technique sur les engrais verts en maraîchage

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Couvert de seigle, vesce velue d'hiver et féverole d'hiver

Ce guide regroupe l'ensemble des connaissances et des pratiques propres aux couverts végétaux en maraîchage sur sol vivant regroupées par le GIEE animé par MSV Normandie sur la période 2021 - 2023. Au total, 8 maraîchers se sont engagés à travailler sur la thématique des couverts végétaux. De ce fait, plusieurs essais sur l'implantation des couverts végétaux mais aussi sur la composition de ceux-ci ont été mis en place. Plusieurs résultats concluants ainsi que les échecs sont partagés ici.

Qu'est-ce qu'un engrais vert ou un couvert végétal ?

Un couvert végétal désigne un ensemble de végétaux spontanés ou implantés recouvrant le sol de manière temporaire. Il peut s’agir d’une culture secondaire d’interculture, c'est-a-dire implanté après une culture légumière dans le but de produire de la biomasse qui nourrira la vie du sol.

Comment est décomposée la matière organique produite par les couverts ?

Lorsque les résidus d'un couvert se trouvent au contact d'un sol vivant, aéré, suffisamment chaud et humide, une série de transformation commence à se mettre en place. Il est possible de regrouper cette transformation en deux phases :

  • la période de déconstruction
  • la période de reconstruction.

La période de déconstruction

Après la destruction d'un couvert, la matière organique est fragmentée par les micro-organismes (champignons, bactéries, nématodes, protozoaires). Les premières substances décomposées sont riches en sucres (feuilles et tiges jeunes et "tendres"). Elles fournissent de l'énergie. Un important dégagement de chaleur, gaz carbonique et d'eau est observable au cours de ces réactions. L'abondance des micro-organismes est alors très élevée.

Une fois que les matériaux les plus tendres et fermentescibles sont décomposés, ceux qui le sont moins sont attaqués à leur tour. Ainsi, la cellulose (feuilles & tiges sèches) puis la lignine (bois) sont "digérées", parfois au bout de quelque mois seulement, ou de quelques années dans le cas des bois les plus "durs".

Outre le gaz carbonique et l'eau, ces transformations libèrent de nombreuses substances :

  • des éléments minéraux assimilables par les plantes (sels d'azote, acide phosphorique, potasse, magnésium, oligo-éléments)
  • des molécules organiques (enzymes, vitamines), assez mal documentées, dont certaines peuvent être absorbées directement par les plantes.

Ensuite, ces molécules et éléments minéraux sont soit :

  • absorbés par la végétation (si le sol en porte une)
  • fixés en réserve sur le complexe argilo-humique
  • des composants de l'humus
  • perdus par lessivage, lixiviation ou par départ dans l'atmosphère sous forme de gaz divers.

Cette masse de produits organiques et de minéraux divers issus de la décomposition du couvert et celle des décomposeurs (surtout des bactéries) vivants ou morts (humus bactérien) constituent ce qu'on appelle les "produits transitoires". Ils sont appelés ainsi car ils sont sous une forme transitoire entre les matières organiques fraiches et l'humus : ils subsistent peu de temps (quelques mois tout au plus).

La période de reconstruction

Elle correspond à l'humification, c'est-à-dire l'apparition de l'humus à partir des éléments formés au cours de la première période. L'humus est formé de longues molécules dites "polymérisées" : provenant de la réunion des molécules, plus petites, issus des produits transitoires. Ces molécules sont d'une grande variété selon, notamment, les conditions dans lesquelles elles se sont formées.

Retenons surtout que l'humus est :

  • peu soluble ou insoluble dans l'eau
  • capable de se lier à l'argile pour former le complexe argilo-humique
  • susceptibles de se décomposer lentement en fournissant des éléments nutritifs aux plantes
  • améliorateurs de propriétés physique du sol (meilleure rétention de l'eau, porosité)

Quel est le rôle des produits transitoires dans le sol ?

Les produits transitoires représentent une masse importante et variées d'éléments nutritifs pour les plantes. On comprend également que s'ils sont libérés alors que le sol est nu, une partie d'entre eux risque d'etre perdue par lixiviation dans le sol et "évaporation" dans l'air.

A l'inverse, sur un sol sans produits transitoires, les cultures doivent trouver leur nourriture dans les "réserves" du garde-manger, soit l'humus, ou dans les engrais, mulch ou autres matières organiques qu'on leur apporte.

De plus, la libération des produits transitoires est concomitante d'une prolifération microbienne, laquelle joue un rôle positif sur la structure du sol. Des substances organiques, telles que des hormones, vitamines et amino-acides sont présents dans les produits transitoires. Ces substances aident les plantes à se maintenir en bonne santé, à résister aux maladies et aux parasites.

Maintenir un stock permanent de produits transitoires

La nature est capable, sans intervention humaine, d'une production végétale élevée, et ce, bien que les terrains restés non cultivés soient assez souvent les moins fertiles et ne reçoivent ni engrais et ni traitement. En effet, les forets sont occupés en permanence par un stock important de produits transitoires tant que les conditions climatiques le permettent. Le mulchage des débris végétaux est permanent; la décomposition de ces derniers se poursuit tant que les conditions de température et d'humidité sont convenables.

En revanche, les terres cultivées produisent des produits transitoires pendant peu de temps en moyenne; en faible quantité (surtout si peu de matières organiques est restituées au sol ou déposé en surface).

Pourtant, il est possible d'assurer une production quasi continue de produits transitoires. Les engrais verts et les paillages sont d'excellents leviers pour maintenir un stock permanent de produits transitoires.

Notion de rapport carbone/azote

Les produits transitoires sont donc, en gros, le résultat de la première phase de décomposition des matières organiques. Leur existence est étroitement liée à la présence de ces matières organiques en décomposition. C'est pour cette raison qu'il est important que la terre soit constamment couverte par une couche de mulch, paille, résidus de couvert ou compost.

Cependant, il est également nécessaire que cette couverture de sol/mulch soit équilibré avec un bon rapport entre les matériaux rapidement fermentescibles (sucres), ceux qui se décomposent plus lentement ou très lentement (cellulose et lignine) et ceux riches en azote. De cette façon, les décomposeurs ont à leur disposition une alimentation à la fois facile à digérer et suffisamment consistante qui leur permet de travailler vite, bien et de façon régulière et continue. C'est l'assurance, pour les plantes, d'une alimentation régulière et continue.

Pour catégoriser les matières organiques rapidement fermentescibles et celles qui se décomposent lentement, on utilise le rapport carbone/azote ou C/N. Dans les matières organiques fraiches, le rapport C/N est faible (30 ou 40) si les tissus sont jeunes ou plus élevé s'ils sont âgés (de l'ordre de 100). Lorsque les matières organiques se décomposent, leur C/N diminue, car le carbone part plus rapidement (sous forme de C02) que l'azote (sous forme de nitrates).

Le rapport C/N de l'humus est proche de 10. Or, les matériaux à C/N élevé, comme la paille, doivent "perdre" beaucoup de carbone et/ou prélever beaucoup d'azote pour atteindre un C/N identique à l'humus. Est-ce un inconvénient ? C'est problématique si l'azote est prélevé dans le sol au détriment des cultures. Ce n'en n'est pas un si l'azote n'est pas prélevé au détriment des cultures. Cela peut devenir un avantage, si cet azote non seulement n'est pas prélevé au détriment des cultures, mais provient d'une source gratuite et est ensuite stocké dans le sol, lequel se trouve enrichi sans frais.

Malheureusement, la notion du rapport C/N est insuffisante : elle donne une photographie intéressante de l'évolution des matières organiques à un moment précis mais ne dit pas grand chose sur la façon dont ces matières organiques se décomposent. Elle ne guide pas assez vers les sources d'éléments gratuits recherchées, notamment l'azote.

Le rapport sucre/cellulose + lignine/azote

Le C/N exprime un état statique. Or, considérons les notions d'azote et de carbone "lents" et "rapides". Pour ce faire, il est possible de les exprimer par le rapport suivant : sucres/celluloses + lignine/azote. L'idée est de retranscrire l'apparition et la mobilisation plus ou moins importantes et soutenues d'éléments du sol sur lesquels l'agriculteur peut exercer une influence via la rotation, l'apport de matières organiques, le travail du sol.

La cellulose et la lignine évoluent lentement, mais leur décomposition est accélérée par la présence de matières sucrées et azotées jouant le rôle de "starter" du développement microbien. Si ces matières organiques sont enterrées, les micro-organismes décomposeurs prélèvent l'azote dont ils ont besoin dans la terre, qui se trouve momentanément appauvrie. Si elles sont convenablement mulchées en surface, les micro-organismes aérobies et fixateurs d'azote atmosphérique peuvent entrer en action et fournir un apport supplémentaire et gratuit d'azote. Il est donc important d'éviter d'enfouir les résidus de couvert !

La seule connaissance du rapport C/N ne renseigne pas sur la provenance de l'azote qui permet la décomposition de la cellulose ni sur la rapidité des réactions. En revanche, si l'on sait que les sucres sont abondants (et que la matière carbonée est mulchée en surface), on peut espérer que la décomposition sera active et apportera de l'azote gratuit à la terre. Si les sucres manquent, la décomposition sera plus longue et laborieuse; l'absence de matériaux azotées la retardera encore. En effet, les matériaux carbonés "durs" (cellulose, lignine) sont attaqués seulement par les bactéries et des champignons. Pour pouvoir décomposer ce type de matières organiques, les bactéries ont besoin d'azote et n'ont pas la capacité de prélever cet élément dans l'air. Conséquence : la paille placée seule à la surface du sol se décompose lentement.

Des matériaux "tendres", riches en sucres, ajoutés à la paille constituent une nourriture équilibrée pour azotobacter, qui prolifèrent alors en fixant l'azote de l'air. Azote qui profite aux bactéries, leur permet de se multiplier et d'intensifier considérablement leur consommation de la paille. Cette dernière disparait alors beaucoup plus rapidement. Au total on est en présence d'une véritable réaction en chaine qui s'accélère progressivement.

Selon le type de rotation suivi, le rapport sucres/cellulose + lignine/azote est bon ou, au contraire, plus ou moins déséquilibré. En maraichage, une grande diversité de culture est cultivé mais les légumes sont riches en sucres, ont besoin d'azote et les rotations sont pauvres en cellulose. Dans ce cas, les mélanges seigle + vesce conviennent bien pour rééquilibrer les sols.

Une culture à adapter au contexte du maraîchage sol vivant

La culture d'engrais vert se retrouve en maraîchage comme dans d'autres systèmes agricoles, mais il convient de préciser qu’elle doit être adaptée au contexte maraîcher où on cultive une succession rapide d'une grande variété de légumes occupant presque continuellement la surface disponible. En maraichage sur sol vivant, les sols sont riches en matières organiques et en éléments nutritifs. Dans ces conditions, le rôle premier des couverts n'est pas d'apporter une fertilité supplémentaire mais de maintenir une bonne structure du sol, favoriser les communautés microbiennes via les exsudats racinaires qui peuvent etre considérés comme du sucre pour les microorganismes, limiter les pertes par lessivages et de couvrir le sol.

De plus, les systèmes MSV cultivent une diversité de légumes qui sont riches en sucres mais pauvres en cellulose. Or, il est important d'avoir un bon rapport sucres/cellulose + lignine/azote pour garantir une bonne fertilité de son sol. Pour corriger ce manque en matières carbonés, les couverts doivent contenir des espèces apportant de la cellulose, tel que les graminées.

A cela s'ajoute que les planches cultivées en maraîchage sur sol vivant sont souvent recouvertes de paillage et/ou de résidus de culture qui vont rendre difficile une levée homogène des couverts. Il est donc nécessaire de réaliser plusieurs actions pour maximiser les chances d'obtenir une bonne levée, même si ce n'est pas une culture de vente. Dans la pratique ce n’est pas si évident puisque cela suppose la maîtrise d'une culture supplémentaire qui doit s’intégrer judicieusement dans sa planification, d'où l'intérêt de ce guide.

Lorsque les intercultures ne le permettent pas, et si l’espace est suffisant, il peut être intéressant d’intégrer l’engrais vert dans la succession culturale des parcelles cultivées à la manière des prairies temporaires.

Quelles espèces choisir en fonction de la date de semis ?

Il est important de choisir la composition de son mélange d'espèces à semer en fonction de la date de semis. En effet, les couverts sont regroupés en trois catégories.

Les couverts d'hivers

Semés entre septembre et octobre afin d'occuper le sol durant l'hiver et créer une forte biomasse au printemps suivant. Les espèces sont dites non gélifs.

Espèces Famille Type de racines Intérets Inconvénients
Seigle Graminées Chevelu fasciculé et dense - Fort production de biomasse

- Apport important de carbone si bien développé au printemps

- Forte concurrence contre la flore spontanée

Peut repartir si pas correctement détruit
Féverole d'hiver Légumineuses Pivot radiculaire - Racine ayant un effet drainage

- Apport d'azote

- Faible concurrence contre la flore spontanée

- Graines couteuses (10 €/kg)

Vesce commune d'hiver Légumineuses Fasciculé
Vesce velue d'hiver Légumineuses Fasciculé
Pois fourrager d'hiver Légumineuses - Germe bien à travers un paillage

- Fixation d'azote

- S'associe bien avec le seigle

- Sensible à l'excès d'eau

- Faible biomasse

- Faible concurrence

Radis fourrager Brassicacées Pivotant et puissant - Très bonne levée lors des semis à la volée sur paillage

- Croissance rapide

- Forte concurrence contre la flore spontanée

- Bonne biomasse

- Améliore la structure en profondeur

- Sensible aux forts gels (- 8°C)
Phacélie Hydrophyllacées Système radiculaire important et ramifié - Mellifère

- Croissance rapide

- Améliore la structure en surface

- Repousse facilement l'année suivante

- Peut devenir invasive

- Graines sont onéreuses

Fenugrec Légumineuses Pivotant - Croissance rapide

- Fixation d'azote

- Peut devenir invasif
Avoine Graminées Racines fasciculées - Rusticité

- Recouvrant

- Biomasse aérienne modérée
Ray-Grass anglais Graminées Chevelu fasciculé et dense - Excellent fourrage

- Structure de sol grumeleuse en surface

- Biomasse aérienne modérée

- Croissance lente

Les couverts d'été

Ils ont besoin de chaleur pour se développer, les dates de semis débutent en mai, après les épisodes de gel, et peuvent s'effectuer jusqu'en juillet.

Espèces Famille Type de racines Intérets Inconvénients
Millet Graminées Chevelu fasciculé et dense - F - Faible concurrence contre la flore spontanée
Moha Graminées Racines profondes (60 cm) - Fourrager

- Pousse bien dans des conditions de sécheresse

- Etouffeur d'adventices

Sorgho Graminées Système radiculaire développé, profond (1,5 m) et structurant - Très forte production de biomasse sous serre et irriguée

- Couverture rapide du terrain

- Possibilité d'effectuer plusieurs coupes

- A besoin de chaleur

- Besoin en eau

Tournesol Composées Pivotant - Forte production de cellulose

- Graines faciles à récolter pour répliquer

- Forte pression pigeons, limaces et rongeurs
Amarante
Maïs Poaginacées
Avoine brésilienne Graminées Chevelu fasciculé - Fort recouvrement

- Croissance rapide


Les couverts d'automnes

Semés fin de l'été, entre août et septembre, afin de créer une biomasse avant l'hiver. Les espèces sont donc généralement gélives.

Espèces Famille Type de racines Intérets Inconvénients
Moutarde blanche Brassicacées Pivotant - Floraison 2 mois post semis

- Pompes à nitrates

- Ne repousse pas après broyage

- Pas de mycorhization
Navette fourragère Brassicacées Pivotant - Semence difficile à trouver
Sarrasin Polygonacées - Forte croissance

- Allopathique

- Germe à travers un paillage

- Rends le phosphore disponible pour les cultures suivantes

Trèfle d'Alexandrie Légumineuses Fasciculé - Croissance rapide

- Fixe l'azote

- Peu concurrentiel face à la flore spontanée

- N'aime pas les sols acides

Trèfle incarnat Légumineuses - Croissance très rapide

- Fixe l'azote

- Mellifère

- Fourrager

Bourrache Boraginacées Fort système radiculaire pivotant - Amélioration de la structure du sol en profondeur

- Mellifère

- Riche en potassium

- Permet de diversifier les familles botaniques

- Peut devenir gênante car se ressème facilement
Gesse Légumineuses - Supportent les sols sableux ou calcaires

- Excellent fourrage

Nyger Composées Pivotant - Absence de repousses - Faible levée lors des semis à la volée

- Sensible à la concurrence

Mélange de plusieurs espèces

Il est préférable d'associer plusieurs espèces remplissant diverses fonctions et ayant des conditions de levée différentes afin de garantir une densité homogène du couvert. Il est intéressant de mélanger des espèces ayant des systèmes racinaires variés afin de maintenir une bonne structure du sol sur plusieurs horizons. Combiner les familles botaniques permet d'apporter une diversité de matières organiques digestibles pour la vie du sol.

Il est possible de faire soi même les mélanges et de ne pas les acheter tout faits pour répondre à ses besoins. "Il faut trouver un juste milieu entre une routine excessive (adopter une fois pour toutes un mélange "qui marche" et ne plus se poser de questions) et un tâtonnement permanent (chercher toujours le "super engrais vert" et n'aboutir à rien de stable et de satisfaisant). Cela dépend à la fois du tempérament de chacun et des conditions techniques auxquelles ont est soumis". Joseph Pousset.

Comprendre l'objectif poursuivi est nécessaire pour faire le tri entre les espèces et la manière de les associer. Ainsi, la recherche d'un bon rapport sucres/cellulose + lignine/azote amène à bien étudier la rotation culturale, l'historique du terrain ainsi que les types de matières organiques apportées sur la planche pour trouver de quel "côté" elle se penche. Il faut alors choisir un mélange qui la corrige. Vous pouvez utiliser le guide des plantes bioindicatrices pour évaluer votre rapport sucres/cellulose + lignine/azote.

Par exemple, associer l'avoine et la phacélie, améliore à la fois la structure en surface et en profondeur. Lorsque l'on a besoin d'azote pour des cultures gourmandes (choux, courges), associer légumineuses et graminées permet de bénéficier de :

  • L'effet fixateur des légumineuses.
  • La capacité "récupératrice" des graminées.
  • La complémentarité des systèmes radiculaires des deux.

De multiples autres critères (production de fourrage, maîtrise de la flore spontanée, jachère améliorée, etc.) peuvent constituer des objectifs, plus ou moins prioritaires selon les cas et conduire à élaborer tel ou tel mélange.


Dans la plupart des situations, deux à quatre espèces suffisent pour composer le mélange répondant aux objectifs voulus. Il est conseillé de bien mélanger les graines avec du compost ou du sable pour avoir une répartition homogène des graines lors des semis à la volée.

Quel dosage de semences dois-je prévoir ?

Une idée des densités de semis à prévoir est donnée dans les fiches couverts d'Arvalis.

Comment réussir une bonne levée en condition de sols vivants ?

Comment détruire l'engrais vert ?

La bonne conduite de la culture de l’engrais vert est cruciale pour garantir son effet positif sur la culture suivante, cela est d’autant plus vrai concernant sa destruction. On portera avant tout notre attention sur le moment et sur la technique utilisée pour détruire l’engrais vert.

Le moment

La date de destruction du couvert est choisie pour faire coïncider la période de forte minéralisation des résidus de l’engrais vert avec la période d’absorption de la culture suivante. En effet, toutes les cultures n’apprécient pas une litière de matière organique trop fraîche, il faut donc laisser les résidus se décomposer. Généralement, trois semaines à un mois de bâchage est suffisant pour accélérer la décomposition et éviter tout risque de reprise de l’engrais vert ainsi que la flore spontanée.

Cependant, il est important de laisser pousser les engrais verts un maximum afin d'optimiser leurs services écosystémiques (porosité du sol, production d'exsudats racinaires, biomasse aérienne carbonée). Détruire un engrais vert jeune, réduira considérablement les bénéfices rendus et ne permettra pas de rééquilibrer le rapport sucres/cellulose + lignine azote. Il faut donc trouver un compromis entre maximiser la biomasse produite et détruire le couvert au bon moment pour ne pas retarder l'implantation de la culture légumière suivante.

Pour un couvert d'hiver de seigle, vesce et féverole, l'idéal est de détruire l’engrais vert en début de floraison/au stade grain laiteux puisque c'est souvent à ce stade que la plante est la plus équilibrée en éléments nutritifs (C/N) permettant sa bonne décomposition et limitant les faims d’azote. Ce stade arrive autour d'avril - mai en fonction du contexte pédoclimatique.

Techniques de destruction

La technique utilisée pour détruire un engrais vert dépend du couvert, de la météo, de la portance du sol mais aussi et surtout du matériel disponible sur la ferme. C’est pourquoi en système peu mécanisé on privilégie essentiellement l’occultation avec une bâche par exemple, d’autant plus que dans les mélanges d’engrais vert, les différentes espèces n’arrivent pas en même temps à maturité. Au préalable, un broyage ou un roulage de la culture peut être nécessaire.

Type destruction Avantages Inconvénients Coût
Broyage - Chantier à haut débit

- Dégradation rapide des résidus de petite taille

- Réduit la pression de la flore spontanée

- Faible épaisseur de paillage et taux de recouvrement < 100 % sur les couverts à faible biomasse

- Pas ou peu efficace sur graminées ou crucifères

- Forte consommation de pétrole

- Possible destruction de la faune sauvage (broyer alors du centre de la parcelle vers l'extérieur)

-Disponibilité du matériel

50 - 55 €
Roulage avec tracteur & rouleau FACA - Rapidité

- Fort taux de recouvrement du sol

- Efficace lorsque effectué au bon stade

- Dégradation plus lente qu'avec un broyeur

- Nécessite un rouleau FACA

- Pas aussi efficace qu'un broyeur si la biomasse est faible (< 50 cm) car les tiges ne sont pas pincées correctement

20 - 25 €
Roulage manuel - Coût nul

- Pas besoin d'un tracteur

- Très bon taux de recouvrement

- Destruction moyennement efficace

- Chronophage sur des grandes surfaces (> 300 m²)

0 €
Gel - Coût nul

- Maintien des résidus en surface

- Pas de tassement sur sols sensibles

- Préserve les améliorations de la structure

- Nécessité d'avoir des gelées importantes sur la région (- 6°C)

- Choix limité des couverts

- Possibilité de destruction précoce

0 €
Roulage + Gel - Accélération de la dégradation du couvert

- Pas de dégradation de la structure du sol si le sol est gelé

- Faible coût

- Technique rapide

- Nécessité d’avoir des gelées importantes et des couverts bien développés (effet du pincement de la tige.)

- Pénalise les sols limoneux hydromorphes où le plaquage de couvert au sol peut ralentir et limiter le ressuyage du sol au printemps

- Disponibilité du matériel

20 - 25 €

Les points de vigilance

Les couverts d'hivers se développent exponentiellement durant le printemps. Or, cette rapide croissance est accompagnée par un fort besoin en eau. Par conséquent, en cas de manque de précipitation durant le printemps, il est possible que le couvert d'hiver assèche la réserve utile en eau du sol. Pour remédier a cette situation, il sera nécessaire d'irriguer la planche avant l'implantation de la culture légumière et jusqu'au moment de la levée pour sécuriser la production.

Si on ne dispose pas suffisamment d'eau et que la météo n'annonce pas de précipitations durant les jours à venir, il est possible d'avancer la date de destruction du couvert pour limiter l'asséchement du profil.

Si le couvert n'est pas suffisamment bâché, il y a un risque de repousse de l’engrais vert lors de la culture suivante, soit en raison d’une montée à graines due à un broyage trop tardif, soit au drageonnage (phacélie) ou au tallage (graminées).

Résultats des essais menés au cours du GIEE MSV Normandie

Couvert estival de plantes géantes

Double apport de biomasse via la destruction d'un couvert automnal suivi d'un couvert hivernal

L'objectif de cet essai est d'évaluer s'il est possible de réaliser un double apport de biomasse en faisant se succéder un couvert automnal et un couvert hivernal. Mi-août est la période de semis idéale pour le couvert automnal pour qu'il puisse produire une biomasse importante avant sa destruction mi-octobre afin de semer le couvert d'hiver.

Moutarde, trèfle de Michelli, niger et tournesol suivi d'un seigle, vesce et féverole
Sarassin, niger, radis fourrager, moutarde blanche, chia, tournesol, trèfle de Michelli, phacélie suivi d'un seigle, vesce, pois fourrager et féverole

Associer engrais verts et cultures

Rotation prairie - culture légumières

Dans le cas d'un objectif d'intensification de production des cultures légumières, sans créneau disponible pour réaliser les engrais verts ou tout simplement par manque de place, il peut être intéressant d’intégrer l’engrais vert dans la succession culturale des parcelles cultivées à la manière des prairies temporaires.

Retours d'expériences

Cette section à pour objectif de regrouper les différents retours d'expériences, des maraîchers ayant intégré les couverts végétaux dans leurs rotations, disponibles sur Triple Performance.


GAEC BioTaupes

Vous pouvez retrouver le portrait de ferme du GAEC BioTaupes ici :

Xavier Dumas.png

Portrait de ferme

GAEC Biautaupes


Ainsi qu'une vidéo de Xavier Dumas expliquant comment les couverts végétaux sont intégrés dans les rotations légumières sur la ferme du GAEC BioTaupes.

Ferme Biji Biji

Vous pouvez retrouver le portrait de ferme du GAEC BioTaupes ici :

Xavier Moisière.jpg

Portrait de ferme

Ferme Biji Biji



Ainsi qu'une deuxième vidéo  :

Alban Réveillé

Vous pouvez retrouver le retour d'expérience d'Alban Réveillé, dans le cadre du GIEE "Tester des couverts végétaux en maraîchage biologique en piémonts pyrénéens : de l'engrais vert à la plantation dans un couvert" animé par le CIVAM Bio Ariège-Garonne, ici :


GAEC Légumes en Salat

Florian Bégard et Thomas Broué du GAEC Légumes en Salat, installés en maraîchage bio sur une parcelle de 1,6ha à Montsaunès (31), nous expliquent leurs motivations et objectifs dans l’utilisation de couverts végétaux en plein champ et nous présentent leurs 1ers essais :


CIPAN

Culture Intermédiaire Piège à nitrates. Ce sont des plantes à croissance rapide que l’on met en place sur une parcelle pour limiter la lixiviation des éléments minéraux entre deux cultures. La moutarde est souvent utilisée comme CIPAN. A noter qu'en maraîchage sur sol vivant, la lixiviation des éléments durant l'hiver est limitée car le sol, par principe, n'est jamais laissé à nu. De plus, le non travail du sol ou le travail du sol superficiel réduisent la minéralisation des éléments. A cela s'ajoute que le complexe argilo-humique permet de retenir les éléments nutritifs. Cependant, il est toujours intéressant de semer des plantes pompes à nitrates pour leur forte croissance.

Si vous voulez en apprendre plus sur les différentes familles botaniques utilisées dans les compositions des engrais verts, nous vous invitions à lire cet article.


Annexes

Cette technique utilise le matériel suivants

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