Les jardins du Wiedenthal
ITK Maraîchage Sol Vivant
Thiebaud Schaffhauser, Jennifer Bato
L'idée : montrer qu'il est possible d'imaginer une agriculture moderne travaillant en synergie avec la nature, à la fois productive et complètement intégrée dans son écosytème. Basée sur les dernières connaissances scientifiques en matière de fonctionnement du sol, il s'agit de prendre soin de sa petite surface - 40 ares - en nourrissant le sol avec des apports naturels (engrais vert, paille, broyat, tonte, compost et fumier), de densifier au maximum les cultures tout en travaillant le moins possible le sol, afin de ne pas le perturber.
Présentation générale de la ferme
Chiffres clefs
- Altitude : 450m exposé nord, forte pente (8-10%).
- Climat : Semi-continental.
- Pluviométrie moyenne : de 450 à 600 mm/an.
- Type de sol : Sablo-limoneux, ancienne prairie.
- Historique du terrain : Ancienne prairie permanente pâturée non retournée.
- Année d'installation : 2018.
- Statut : Entreprise individuelle + une structure pour l'achat/revente.
- Formation : Doctorat puis BPREA.
- Travail du sol : Non.
- Surface cultivée en plein champ : 0,40 ha
- Surface cultivée sous abris : 0,036 ha.
- UTH : 2.
- Temps de travail en pleine saison/UTH : 60 h /semaine.
- Temps de travail en hors saison/UTH : 30 h / semaine.
- Congés/an (hors week-end) : 2 semaines.
- Cahier des charges : Agriculture Biologique, sans traitement, maraîchage sol vivant (MSV).
- Productions : Cultures de saison uniquement, complété par de l'achat-revente :
- Poireaux, choux (Chou-fleur, pointu, rouge, brocoli, Bruxelles, vert et le classique cabus pour choucroute ou conso directe, tomates, concombres, navet rose, haricots verts, carottes, épinards, courges, pommes de terre, salades, mesclun, poivrons, radis d'hiver (noirs et verts), petits pois, fenouil, aubergines, échalotes, oignons, ail.
- En aromatiques : Basilic, persil, oseille, thym, sauge officinale, verveine citronnelle, romarin, menthe.
Les maraîchers
Docteur en sciences de la Terre, Thiébaud a finalement décidé de s'installer en 2017, en maraîchage sur des terres familiales. Son souhait : rapprocher deux mondes qu’il connaît bien : celui des scientifiques et celui des paysans : comme un chercheur, un paysan observe et analyse son environnement. Il est vice-président de l'association maraîchage sol Vivant en Grand-Est depuis sa création en 2019.
Sa compagne Jennifer l'a rejoint en 2022. Jennifer a travaillé précédemment en boulangerie.
Ils se partagent le travail au champ et sur les marchés et ont pour projet de planter un verger sur une parcelle adjacente qu'ils viennent de récupérer, une prairie aussi, tout comme le terrain initial.
Objectif à l'installation
Petite surface et non travail du sol. Peu d’investissements de départ, pas besoin de gros matériel : le fait de travailler sur petite surface et en limitant les interventions sur le sol, permet de pouvoir s’installer sans s’endetter : les besoins de mécanisation sont faibles. Thiébaud est libre d’expérimenter et de tester son modèle. Cela permet la création d’un nouveau modèle économique fiable pour ceux qui souhaitent s’installer hors cadre familial. Pourquoi travailler le sol puisque la vie du sol, en particulier les vers de terre, le fait pour nous… et mieux que nous : nos outils sont incapables de créer la microporosité présente naturellement dans un sol en bonne santé. C’est cette microporosité qui rend les sols résilients aux aléas climatiques, qui permet le stockage de l’eau, de la matière organique (MO)et des minéraux. Le non travail du sol est donc un pilier de son modèle : c’est la première étape vers l’équilibre du système : la fertilité des sols cultivés.
Sources d'inspiration
Une volonté de faire évoluer les itinéraires techniques grâce à l’observation et à la rigueur scientifique. Ses principes de culture sont basés sur les dernières connaissances scientifiques en matière de fonctionnement du sol : il s'agit de prendre soin de sa petite surface - 40 ares - en nourrissant le sol avec des apports naturels (engrais vert, paille, broyat, tonte, compost et fumier), de densifier au maximum les cultures en les associant judicieusement, tout en travaillant le moins possible le sol, afin de ne pas le perturber. Thiébaud souhaite mettre à profit ses méthodes de chercheur pour montrer l’intérêt de son système, l’améliorer continuellement et le transmettre aux futurs maraîchers. Il met un soin particulier à garder la mémoire écrite des heures travaillées, des types de semences utilisées, des méthodes de cultures pratiquées et leurs échecs ou réussites. Pendant la saison d’hiver, toutes ces données sont compilées, analysées… et les résultats utilisés pour planifier la saison suivante, et tester des nouveautés.
Les principes de non travail du sol doivent sans cesse être confrontés à la réalité du terrain, et selon le contexte pédo-climatique, certaines pratiques ne sont pas applicables. Tout… sauf la routine ! Chaque épreuve rencontrée peut être vue comme une opportunité d’évoluer et de grandir.
Installation en MSV
- Fin 2017 : Installation sur prairie : Amendement en MO : compost + fumier puis occultation par bâche d'ensilage pendant 4 à 6 mois. Mise en culture de 20 ares.
- En 2019 : Mise en culture de 30 ares.
- En 2020 : Achat d'une seconde serre (460m2).
- Forte densification des cultures et associations de culture (radis/carottes, choux/salades, carottes/poireaux, choux/betteraves, choux/céleris (contre piéride)).
Environnement
- Taux de matière organique : Entre 1,5 et 8% de taux de matière organique.[1]
- Nombre d'espèces cultivées : 100% au delà de 30 espèces cultivées sur la ferme.
- Absence de chimie : 100% quand la ferme est en bio.
- Non travail du sol : % de la SAU qui n'est jamais travaillée.
- Biodiversité : Pourcentage de la surface d'intérêt écologique sur la SAU.
- Couverture de sol : 100% quand moins de 10 jours de sols nus dans l'année - 0% au delà de 150 j/an.
Commercialisation
Comptabilité
En année 1 (2018) :
- Aides reçues : DJA Montagne : 41000€ (80% en 2018) + crédit d'impôt bio 3500€.
- Apport privé de 26015€.
- Prêt de 11837€.
Gros investissements : Captage de source et matériel d'irrigation, camionnette, serres, bâches.
Analyse socio-économique
Gestion de la MO dans les jardins
Autonomie
Organisation des jardins
- Nombre de jardins en rotation : 12.
- Longueur de planche standardisée : 25 m quand c'est possible.
- Largeur : 70cm.
- Passe pied : 30-40 cm.
Globalement, chaque jardin abrite une famille de légume et est intégré dans une rotation.
Equipements
- 2 tunnels.
- Bâches adaptées en longueur et largeur pour couvrir les jardins et être retirées petit à petit (repliage progressif).
- Appareil pour trouer les bâches.
- Planteurs à poireaux Terratec.
- Brouette mécanisée.
Galerie photos
- ↑ Dans l'analyse de terre, la matières organiques (MO) est quantifiée à partir du dosage de la teneur en carbone organique (C) son constituant majeur, que l'on multiplie par un coefficient censé refléter la teneur en carbone de la MO, qui peut différer selon les laboratoires Français : 1.72 ou 2. Ce coefficient est toujours précisé sur les bulletins d'analyse. Il est donc nécessaire de vérifier le coefficient utilisé si on change de laboratoire pour éviter une interprétation erronée de l'évolution de la teneur en MO.
