Radis fourrager
Le radis fourrager (Raphanus sativus) est une variété de plantes à fleurs annuelles de la famille des Brassicacées. Il est cultivé pour la production de feuillage utilisé comme fourrage, engrais vert ou couvert végétal. C'est une plante herbacée annuelle à pousse rapide, à tige glabre. Le cycle de végétation est très court : 60 à 80 jours. Il est peu cher, facile à cultiver et présente différents avantages agronomiques et écologiques[1].
Caractéristiques générales
- Type de couvert : Espèce gélive
- Type d'enracinement : Pivotant
- Coût indicatif de la semence : 26 à 40 euros/ha
- Densité de semis en pur : 9 kg/ha
- PMG (Poids de Mille Grains) : 12 g
- Hauteur à maturité : 60 à 90cm [2]
Culture
Période et climat
Les conditions optimales de croissance du radis fourrager sont une température minimale de 5°C et une exposition ensoleillée[3]. Le radis fourrager tolère les conditions fraîches à très chaudes et une humidité limitée du lit de semence[2].
Type de sol
C’est une culture très adaptée aux sols argileux, sableux et humifères mais qui peut aussi être cultivée sur des sols calcaires ou caillouteux. Elle peut donc s’adapter à différents types de sols mais les sols excessivement humides sont déconseillés, ainsi les sols sableux sont les mieux adaptés[1].
Elle est également plus adaptée aux pH neutres ou acides mais peut s’adapter aux pH alcalins.
Fertilisation
Il n’y a pas de fertilisation recommandée, elle est à raisonner dans la rotation en fonction des cultures principales.
Semis
Le semis s’effectue de juin à septembre avec une densité de 9 kg/ha. Différentes méthodes de semis peuvent être utilisées car les graines sont de petites taille ce qui facilite le contact avec le sol. Ces méthodes seront détaillées plus loin.
La profondeur idéale de semis est de 2 à 4 cm. Il peut être semé avec un semoir à dents ou un semoir à disques.
Le radis fourrager a une floraison plus tardive que la moutarde blanche ce qui en fait une culture plus adaptée au semis précoce[1][2].
Tableau récapitulatif des types de semis possibles :
Mode de semis | |
---|---|
Semis sous la coupe | ++ |
Semis avec semoir à dents | ++ |
Semis direct avec semoir à disques sur chaume | + |
Autre cas d'utilisation de semoir | ++ |
Semis recouvert lors de l'opération de déchaumage | + |
Semis sur déchaumeur déposé au niveau du rouleau (non recouvert) | +/- |
Semis à la volée puis rouleau | +/- |
Irrigation
Idéalement, le sol doit être maintenu humide pour favoriser la croissance et la germination. L’apport en eau peut être modéré, cette culture est tolérante à différentes conditions mais les sols excessivement humides sont déconseillés donc il ne faut pas trop irriguer[1][4][5].
Récolte
Cette plante a un cycle court et se récolte environ 60 à 80 jours après la date de semis (donc aux alentours de septembre / octobre pour un semis effectué en été).
Destruction du couvert
Les modes de destruction du radis fourrager varient en efficacité selon les conditions et les objectifs.
Gel (sensible qu'à -10°C)
Le gel peut détruire partiellement ou totalement le radis fourrager, mais son efficacité dépend de la température et du développement de la plante. Si les températures ne descendent pas suffisamment (-10°C ou moins), la destruction sera incomplète, et les pivots peuvent repartir au printemps. Cette méthode dépend des conditions climatiques locales et est donc peu adaptée à la destruction du couvert[1][6].
Broyeur ou rouleau hacheur
Le broyage ou le roulage hacheur est efficace pour fragmenter les résidus, mais il ne suffit pas à détruire complètement les racines pivotantes du radis fourrager. De plus, si le sol n'est pas suffisamment ressuyé, ces méthodes peuvent causer des tassements ou des lissages. Elles sont donc moins adaptées pour une destruction totale[1][7].
Rouleau lourd sur gel
Le roulage lourd sur sol gelé est une méthode efficace, car il combine les effets mécaniques et les dommages causés par le gel. Cependant, il nécessite des conditions météorologiques spécifiques (gel et sol bien ressuyé pour limiter le tassement du sol) et est moins efficace sur les plantes à tiges souples ou peu développées. Il est donc adapté, mais uniquement dans des conditions précises[1][7].
Déchaumeur
Le déchaumeur peut être utilisé pour fragmenter les résidus et incorporer partiellement le couvert dans le sol. Cependant, il ne suffit pas à détruire les racines pivotantes profondes du radis fourrager, surtout si elles sont bien développées. Cette méthode est donc plus adaptée comme complément à d'autres techniques.
Charrue
Le labour avec une charrue est une méthode efficace pour enfouir complètement le couvert et détruire les racines. Cependant, il peut être coûteux en énergie et risque de perturber la structure du sol. Il est adapté pour une destruction totale, mais pas toujours recommandé dans les systèmes de non-labour[1].
Glyphosate pur
Le glyphosate est efficace contre les graminées et certaines dicotylédones, mais il est moins efficace sur les Brassicacées comme le radis fourrager. Il nécessite souvent des doses élevées pour une destruction complète, ce qui peut poser des problèmes réglementaires et environnementaux[1][7].
Glyphosate + 2,4D
L'ajout de 2,4D au glyphosate améliore son efficacité sur les dicotylédones, y compris le radis fourrager. Cette combinaison est souvent utilisée pour une destruction chimique efficace, mais elle reste soumise à des restrictions réglementaires[1][7].
Pâturage
Le pâturage n'est pas une méthode efficace pour détruire le couvert de radis fourrager, car il ne détruit pas les racines pivotantes. Cependant, il est une excellente option pour valoriser le radis fourrager comme fourrage dans des prairies dédiées au bétail. Il est donc adapté pour un usage fourrager, mais pas pour la destruction d’un couvert végétal[1].
Tableau récapitulatif
Mode de destruction | |
---|---|
Gel : -10 °C | - |
Broyeur, rouleau hacheur | -- |
Rouleau lourd sur gel | +/- |
Déchaumeur | - |
Charrue | +/- |
Glyphosate pur | - |
Glyphosate + 2,4D | +/- |
Pâturage | -- |
Stockage
Le radis fourrager n'est pas adapté à l'ensilage ou à l'enrubannage à cause de sa forte teneur en eau, ce qui rend impossible la constitution de stocks de fourrage[1].
Utilisation/ intérêts agronomiques et écologiques
Pour l’alimentation animale
- Le radis fourrager a une valeur nutritive élevée, il est riche en nutriments notamment en azote[4].
- Il a une croissance rapide ce qui en fait un excellent fourrage de fin de saison
- En cas de développement vigoureux, le radis fourrager a une excellente valeur alimentaire et peut donc être très bien valorisé en pâturage
En tant que couvert végétal
- Son système racinaire en pivot est puissant ; il décompacte, aère le sol et améliore l’infiltration de l’eau, ce qui facilite l’infiltration pour les cultures suivantes. Il protège également le sol contre l’érosion et favorise la vie microbienne du sol.
- C’est une culture piège à nitrate ce qui réduit les risques de lessivage et donc de pollution des nappes phréatiques
- C’est une plante mellifère qui attire la biodiversité
- Il a une faible appétence pour les limaces ce qui est un atout pour sa culture [4]
Associations de cultures
Le radis fourrager est bien adapté à des mélanges de couverts estivaux semés après la récolte des céréales d’hiver et détruits pendant l’hiver. On peut l’associer avec des espèces de différentes familles pour multiplier les intérêts agronomiques, par exemple avec des légumineuses fixatrices d’azote (féverole…).
Cependant, il est déconseillé de l'associer à des couverts à cycle long destinés à rester en place tout l'hiver. En effet, en cas d’association avec ce type de couvert, le radis se développe au cours de l’été puis cesse de croître après sa floraison à la fin de l’automne alors que l’objectif des couverts d’hiver est de continuer leur croissance au printemps[1].
Tableau récapitulatif des associations possibles
Rotations de cultures
Le radis fourrager est un couvert très adapté à être implanté entre deux cultures de blé car il permet de réduire le risque de piétin échaudage grâce à ses effets allélopathiques, ce qui peut augmenter le rendement de blé jusqu'à 5 quintaux supplémentaires. Des essais ont aussi montré qu’il peut contribuer à améliorer le rendement des cultures de pommes de terre[1].
A l’inverse, il n’est pas adapté aux rotations avec d’autres Brassicacées (colza…) car il peut favoriser la hernie, qui affecte ces cultures.
Par ailleurs, dans les rotations avec les betteraves, il faut utiliser des variétés de radis fourrager nématicides (par exemple les variétés Reaktion, Brutus ou Trident [8]), dans le cas contraire le couvert peut favoriser le développement des nématodes et avoir un impact négatif sur le rendement de la culture de betteraves[1][4].
Tableau récapitulatif des rotations possibles
Culture de la rotation | Commentaire | |
---|---|---|
Colza ou choux | -- | Couverts de crucifères déconseillés en raison du risque sanitaire
lié à la hernie des crucifères. |
Tournesol | +/- | |
Pois ou haricot ou lentille | +/- | |
Féverole | +/- | |
Betterave avec risque de
Nématode à kystes |
-- | Risque de multiplication du nématode Heterodera schachtii avec les crucifères,
en particulier si le couvert est semé tôt. Opter pour des variétés nématicides de moutarde ou radis (test normalisé réalisé par la SNES). |
Betterave avec risque de
Nématode du collet |
-- | En rotation betteravière, par précaution, les crucifères
non nématicides sont évitées. |
Lin | +/- | |
Soja ou pois chiche | +/- | |
Lupin | +/- | |
Chanvre | +/- |
Tableau récapitulatif d'adaptation à la culture suivante
Culture suivant le couvert | Commentaire | |
---|---|---|
Blé assolé et autres céréales d’hiver | +/- | |
Blé de blé | ++ | Réduction possible du piétin échaudage d’un blé sur blé.
Derrière un couvert de crucifère. Résultats aléatoires selon les essais (gain de rendement de 0 à 5 q/ha). |
Orge de printemps | +/- | |
Pois | - | Par précaution, éviter les couverts de crucifères avant légumineuses. |
Soja | - | Par précaution, éviter les couverts de crucifères avant légumineuses. |
Féverole, lupin ou pois chiche | - | |
Légume d'industrie | -- | Risque de Sclerotinia s’il y a production de sclérotes. |
Maïs | +/- | L’effet potentiellement négatif des crucifères avant maïs n’est observé
que si le couvert est détruit tardivement (mars ou avril). |
Sorgho | +/- | |
Betterave | -- | Risque d’amplification des populations de nématode de la betterave
(Heterodera schachtii), en particulier si le couvert est semé tôt. |
Pomme de terre | ++ | D’après des essais récents menés sur le Nord France, le radis fourrager
semble apporter un gain de rendement à la pomme de terre qui suit |
Tournesol | +/- | |
Lin | +/- | |
Tabac (Virginie) | +/- | Peut multiplier le Sclerotinia et l’Orobanche rameuse.
Peut réduire les populations de nématodes du tabac par biofumigation. |
Tabac (Burley) | +/- | Peut multiplier le Sclerotinia et l’Orobanche rameuse.
Peut réduire les populations de nématodes du tabac par biofumigation. |
Chanvre | - | Quelles que soient les espèces de couvert, éviter les destructions tardives
(proches du semis), pour limiter les effets dépressifs sur le chanvre. |
Colza associé au couvert | -- | Les espèces non légumineuses sont à éviter car leur croissance
se fait au détriment du colza. |
Points de vigilance
- Risque sanitaire : il peut favoriser la hernie dans les rotations avec des Brassicacées[4].
- Dans les rotations avec de la betterave, il peut entraîner la multiplication des nématodes si des variétés non nématicides sont utilisées[1][4].
- Le radis fourrager peut favoriser la multiplication de sclérotinia et de l’orobanche rameuse si la destruction du couvert est trop tardive[2].
- Faible appétence : sa faible appétence peut limiter son utilisation en pâturage pur. Il est donc conseillé de l'associer à d'autres espèces.
- Multiplication : le radis fourrager peut se multiplier spontanément si le couvert n'est pas détruit correctement, devenant une adventice dans les cultures suivantes. Il faut donc faire attention à sa multiplication.
Sources et références
- ↑ Revenir plus haut en : 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 1,14 et 1,15 https://www.agro-league.com/radis-fourrager
- ↑ Revenir plus haut en : 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 et 2,7 https://fiches.arvalis-infos.fr/couverts/fiche_couvert.php?mode=fc&type_couv=pures&id_couvert=148
- ↑ https://www.agrivert.fr/radis-fourrager-un-engrais-vert-strategique-pour-vos-cultures/#:~:text=Les%20conditions%20optimales%20de%20croissance,C%20et%20une%20exposition%20ensoleill%C3%A9e.
- ↑ Revenir plus haut en : 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 et 4,5 https://www.agryco.com/blog/cultures/radis
- ↑ https://www.semaille.com/fr/engrais-verts/1531-radis-fourrager-engrais-vert-5415166026576.html#:~:text=Le%20radis%20fourrager%20fleurit%20entre%20ao%C3%BBt%20et%20octobre.&text=Incorporer%20en%20surface%20si%20n%C3%A9cessaire,compl%C3%A8te%20et%20incorpor%C3%A9e%20au%20sol.
- ↑ https://www.terresinovia.fr/-/optimiser-la-destruction-du-couvert-et-l-implantation-de-la-culture-suivante
- ↑ Revenir plus haut en : 7,0 7,1 7,2 et 7,3 https://www.arvalis.fr/sites/default/files/imported_files/381_639616510232276899.pdf
- ↑ https://www.itbfr.org/tous-les-articles/article/news/moutardes-radis-oui-mais-lesquels/
Si cet article vous a plu, n'oubliez pas de l'applaudir en cliquant ci-dessous.
Pour rester informé des évolutions qui lui seront apportées, cliquez sur "Suivre".
si vous voulez partager votre expérience avec la communauté autour de ce sujet, cliquez sur "Je le fais".