Implanter des cultures pièges à bio-agresseurs

De Triple Performance
Aller à :navigation, rechercher
Cet article est issu de la base GECO. Cliquez ici pour accéder à la page d’origine : Logo Geco

Image Implanter des cultures pi ges bio agresseurs.jpg

1. Présentation



Caractérisation de la technique

Description de la technique :

Les plantes pièges (en général une seule espèce, mais parfois plusieurs) sont introduites dans la rotation, cultivées en interculture ou implantées avec la culture à protéger (en mélange ou en bordure), dans certains cas avec un décalage de la date de semis. Les plantes pièges sensibles (pour pouvoir être contaminées) doivent être détruites complètement avant que les ravageurs n'aient pu se multiplier (cas des nématodes). Leur rôle est donc de réduire activement l’inoculum. Les plantes pièges résistantes attirent les ravageurs et en limitent les dégâts. Elles peuvent éventuellement être récoltées. Leur rôle est alors autant de réduire l’inoculum que de le concentrer localement pour mieux protéger la culture sensible menée de manière quasi synchrone ou légèrement décalée. En grandes cultures, la technique des plantes pièges est surtout pratiquée contre les nématodes dans les cultures de betterave et de pomme de terre, mais aussi contre les méligèthes et l'orobanche du colza. Il semble que la pratique soit assez communément citée comme utilisable et utile entre deux cultures sous serre. Elle se pratique notamment pour le piment. Si les plantes pièges sensibles peuvent être la culture elle-même, les plantes pièges résistantes seront souvent des plantes différentes des plantes à protéger mais de même famille botanique.

Exemple de mise en oeuvre :

Exemple tiré de La Technique Betteravière (cf. bibliographie) pour la lutte contre les nématodes à kystes. Déchaumage des résidus du précédent rapidement après sa récolte. Travail du sol superficiel ou labour à 15cm. Semis précoce estival d'une variété résistante de radis (avant le 15 août) ou de moutarde (avant le 1er septembre), et à forte densité (15Kg/ha pour le radis, 10Kg/ha pour la moutarde). Bien rappuyer le sol pour assurer la levée. Détruire les cultures intermédiaires avant l'hiver par un broyage le plus fin possible. Enfouir les résidus au rotavator à 10-15 cm.

Précision sur la technique :

Cette technique est aussi développée sur des cultures exotiques comme le coton ou sur la production de courges et autres cucurbitacées. Un article de 2006 a recensé 10 cas d'application à grande échelle de techniques faisant appel à des plantes pièges. Le mécanisme peut aussi faire appel à des plantes pièges OGM, comme des pommes de terre qui produisent la toxine Bt. Semées plus tôt que la culture principale, elles attirent les doryphores qui sont intoxiqués par le Bt.



Période de mise en œuvre

Pendant l'interculture Sur culture implantée

Les plantes pièges peuvent être efficaces sur la culture (cas du colza), à l'échelle de la rotation, ou utilisées en interculture.



Echelle spatiale de mise en œuvre

Parcelle Exploitation Territoire

En fonction de l'échelle à laquelle se déplacent les organismes visés et selon l’attractivité, l'échelle d'efficacité va de la parcelle au paysage. La gestion de plantes pièges à l'échelle du paysage peut nécessiter une collaboration entre agriculteurs voisins.



Application de la technique à...

Neutre

Toutes les cultures :

Généralisation parfois délicate

Généralisation délicate par manque de référence pour de nombreuses cultures. Technique utilisée surtout pour limiter les populations de nématodes à kystes sur betterave, en développement pour le piégeage des méligèthes hors du colza.

Pratiqué communément même si de manière inconsciente avec les repousses de colza dans le cas de l’orobanche rameuse (Phelipanche ramosa). Les exemples connus correspondent tous à des situations où un ravageur majeur est visé. Hors usage d’OGM du type Bt et/ou de la culture elle-même ou d’une proche cousine phylogénétique, il est illusoire d’espérer disposer d’une plante piège à large spectre de couverture de bioagresseurs.

Betterave : Méthode éprouvée (implantation de crucifères en culture intermédaire contre les nématodes à kystes)

Colza hiver, Colza printemps : Semis de 10% d'une variété plus précoce ou 5% d'une variété très précoce en mélange avec la culture ou en bordure contre les méligèthes. Semis dans la rotation, en dérobé ou en mélange de culture piège sensible ou faux"hôte" contre l'orobanche.

Pomme de terre, Carotte : contre les nématodes

Canne à sucre : contre le foreur ou "borer" ponctué.





Positif

Tous les types de sols :

Facilement généralisable

Positif

Tous les contextes climatiques :

Facilement généralisable





Réglementation

Influence positive et négative. L'obligation d'implanter des CIPAN favorise l'étude du potentiel de ces cultures pour une contribution à la protection de cultures commerciales. A l'inverse, les couverts semblent plus souvent perçus comme une contrainte réglementaire et moins comme une opportunité de développer de nouvelles techniques. Le retrait de nombreux nématicides chimiques oblige à trouver et déployer des alternatives. Directive Nitrate Retrait de nombreux nématicides chimiques (Statut de ces bandes de culture dans les déclarations d’assolement à creuser)



2. Services rendus par la technique



3. Effets sur la durabilité du système de culture



Critères "environnementaux"

Effet sur la qualité de l'air :

Variable

émission phytosanitaires : DIMINUTION

émission GES : VARIABLE



Positif

Effet sur la qualité de l'eau :

En augmentation

pesticides : DIMINUTION



Neutre

Effet sur la consommation de ressources fossiles :

Variable

consommation d'énergie fossile : VARIABLE



Neutre

Autre :

Pas d'effet (neutre)

Transfert polluant vers eaux (N, P, phyto ...) :

Diminution si réduction des traitements insecticides ou autres. En betterave les nématodes ne font pas l'objet de traitements, ni l'orobanche sur colza.

Transfert polluant vers air (N, P, phyto ...) :

Diminution si réduction des traitements insecticides ou autres. En betterave les nématodes ne font pas l'objet de traitements, ni l'orobanche sur colza.

Consommation d'énergie fossile :

Effet variable selon la culture piège et l'énergie consommée pour son implantation, son entretien et sa récolte / destruction (culture principale, intermédiaire, implantée en bordure, sensibilité au gel, incorporation). Réduction éventuelle du nombre de passages pour traiter.

Dégagement de GES :

Fonction de la conduite de la culture piège, notamment du travail du sol.







Critères "agronomiques"

Positif

Productivité :

En augmentation

Culture : augmentation du rendement si amélioration de la protection de la culture (exemple : +15% de rendement en sucres attendus sur betterave par amélioration de la protection contre le nématode à kystes). Système de culture : peu d'effet si introduction avec la culture à protéger ou en interculture, réduction si introduction d'une plante piège sensible détruite dans la rotation.

Il faut évidemment défalquer la surface détournée pour installer les plantes pièges ou l’accroissement de compétition lors d’une utilisation intra parcelle





Positif

Fertilité du sol :

En augmentation

Augmentation si introduction de cultures dans la rotation, car des cultures variées explorent différents compartiments du sol et n'exploitent pas les mêmes ressources. Augmentation si la culture piège est une CIPAN qui joue un rôle d’engrais vert en relarguant l'azote piégé après enfouissement ou si elle fixe l'azote de l'air (légumineuse).

Bien que ça ne soit pas l'objectif principal, une culture piège en bordure de parcelle ou en interculture peut limiter l'érosion et la battance.





Neutre

Stress hydrique :

Variable

Effet variable selon la culture introduite.



Positif

Biodiversité fonctionnelle :

En augmentation

Augmentation possible, du fait de la diversification des habitats et ressources offerts par l'agro-écosystème. Des auxiliaires et pollinisateurs peuvent être hébergés dans des cultures pièges en bordure.





Neutre

Autres critères agronomiques :

Variable

Variabilité des résultats de protection des cultures :

La destruction des plantes pièges sensibles doit être rigoureuse : destruction complète et au bon moment. Une mauvaise destruction peut au contraire contribuer à accroitre les populations de ravageurs.

Battance : Diminution

Bien que ça ne soit pas l'objectif principal, une culture piège en bordure de parcelle ou en interculture peut limiter la battance.







Critères "économiques"



Neutre

Charges opérationnelles :

Variable

Dépend de la culture introduite et de sa place dans la rotation (culture intermédiaire, culture principale, bordure). L'implantation en culture intermédiaire ou en bordure implique un coût supplémentaire. Réduction possible si l'usage de pesticides est réduit ou si des semences de ferme sont utilisées.





Neutre

Charges de mécanisation :

Variable

Fonction de la culture introduite, de son itinéraire technique et de sa place dans la rotation (culture récoltée, culture intermédaire, mélange avec la culture à protéger, etc.).





Marge :

Variable

Culture piège implantée en culture intermédaire ou avec la culture : variable en fonction de l'équilibre entre coût de la culture piège, économies en produits phytosanitaires et gain de rendement. Culture piège introduite comme une culture de la rotation : (1) diminution si culture détruite (2) variable si culture récoltée (plante piège résistante) en fonction des marges de la culture et de ses effets sur les marges des autres cultures de la rotation.

Débouchés :

Si l'on introduit une culture piège récoltée (donc résistante) dans la rotation, il faut pouvoir la vendre ou la réutiliser sur l'exploitation (semences, compostage, etc.).







Critères "sociaux"



Neutre

Temps de travail :

Variable

Fonction de la culture introduite, de son itinéraire technique et de sa place dans la rotation (culture récoltée, culture intermédaire, mélange avec la culture à protéger, etc.).

Augmentation dans le cas de l'impantation d'une culture intermédaire par rapport à l'absence de couvert d'interculture.





Effet sur la santé de l'agriculteur :

Variable

Besoin de coopération entre agriculteurs voisins : Augmentation

Lorsque la technique vise des insectes qui se déplacent à l'échelle du paysage, une coordination est nécessaire entre agriculteurs voisins pour en assurer l'efficacité.





Neutre

Temps d'observation :

Pas d'effet (neutre)

Pas d'effet. Peut-être une augmentation s'il est nécessaire de surveiller une culture piège pour la détruire au bon moment.

Technicité requise : Augmentation

Le développement des cultures pièges nécessite d'importantes connaissances sur les caractéristiques des plantes pièges, l'écologie et le comportement des organismes cibles. Le manque de connaissance peut en partie expliquer leur faible développement malgré un potentiel intéressant.







4. Organismes favorisés ou défavorisés



Bioagresseurs favorisés



Bioagresseurs défavorisés



Auxiliaires favorisés



Auxiliaires défavorisés



Accidents climatiques et physiologiques favorisés



Accidents climatiques et physiologiques défavorisés



5. Pour en savoir plus

  • Avertissements agricoles - cultures légumières n°2
    -DRAF Centre et FREDON Centre DRAF Centre et FREDON Centre, Brochure technique, 2005

A propos de la gestion des nématodes sur carotte.

  • Behavioural and chemical ecology underlying the success of turnip rape (Brassica rapa) trap crops in protecting oilseed rape (Brassica napus) from the pollen beetle (Meligethes aeneus)
    -S.M. Cook ; H.B. Rasmussen ; M.A. Birkett ; D.A. Murray ; B.J. Pye ; N.P. Watts ; I.H. Williams Arthropod-plant interactions, Article de revue avec comité, 2007

Résultats d'essais en champs et en laboratoire sur l'attractivité (par l'olfaction) comparative de navets et colzas aux stades boutons et fleuris.

  • Concepts and applications of trap cropping in pest management
    -A.M. Shelton et F.R. Badenez-Perez (Département d'Entomologie, Université Cornell, U.S.A.) Annual Reviews, Article de revue avec comité, 2006

Précise le concept, ses différentes modalités, donne de nombreux exemples, état des lieux de la mise en œuvre et des recherches, facteurs de réussite et les limites de la technique

  • Cultiver du colza d'hiver en AB
    -J. Leroyer et L. Fontaine (ITAB), J.-L. Audfray (CA Morbihan), L. Prieur (CREAB Midi-Pyrénées), R. Maurice (CA Pays de la Loire), P. Morand (CA Drôme), C. Aubert (CA Seine-et-Marne), T. Quirin (CA Vienne), J.-L. Giteau (CA Bretagne), B. Nezet (CA Finistère), G. Salitot (CA l’Oise), P. Pradalié (Coop De France) Institut Technique de l'Agriculture Biologique, Brochure technique, 2007
  • L'orobanche rameuse, les plantes-pièges et le feu
    -D. Pineault (CA Vendée) ; C. Boulet (Université de Nantes) ; H. Benharrat (Université de Nantes) phytoma, Article de presse, 2010

n°630 janvier 2010

  • La période d'interculture mise à profit pour assainir le sol
    -Institut Technique de la Betterave ITB, La Technique Betteravière, Article de presse, 2011

n°950, 24 juin 2011 Concerne l'implantation de plantes pièges résistantes en interculture avant une culture de betterave pour lutter contre le nématode à kyste.

  • Lutte contre le nématode doré
    -PhytoDis, Phytofar, belgapom Site Internet, 2011

www.nematodes.be Précise une méthode de lutte à l'aide de plantes pièges (pommes de terre résistantes, raketblat : solanacée tropicale faux-hôte)

  • Nématodes à galles, l'atout des plantes pièges
    -C. Dijan-Caporalino (INRA) ; H. Védie (GRAB) ; A. Arrufat (Civam bio 66) phytoma, Article de presse, 2009

n°624-625 septembre 2009 - concerne plutôt les rotations légumières.

  • Piéger l'appétit des méligèthes…c'est dès l'implantation qu'il faut agir
    -J. Raimbault (Terres Inovia) Oleomail - Lettre d'information régionale, Brochure technique, 2011

lien vers la brochure

6. Mots clés



Méthode de contrôle des bioagresseurs :

Contrôle cultural

Mode d'action :

Evitement Action sur le stock initial

Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides :

Substitution

Annexes

Est complémentaire des leviers

S'applique aux cultures suivantes

Défavorise les bioagresseurs suivants

Partager sur :