Intégration de la flore spontanée aux couverts végétaux en maraîchage

De Triple Performance
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Nicole et Pierre Besse

Retour d'expérience de Pierre Besse, dans le cadre du GIEE "Tester des couverts végétaux en maraîchage biologique en piémonts pyrénéens : de l'engrais vert à la plantation dans un couvert", animé par Bio Ariège-Garonne. Il nous explique comment les adventices présentes sur ses parcelles sont devenues des couverts spontanés qu'il intègre comme couverts végétaux à son assolement.

Parcours

Pierre Besse, diplômé de l’école d’agronomie de Nancy, s’installe en maraîchage biologique en 1990 à Ramonville (31). Il travaille pendant 8 saisons sur 2 ha de terrains communaux, à la Ferme de Cinquante, association créée en 1986 pour favoriser l'éducation à l'environnement pour tous. En 1998, il devient propriétaire de 5 ha à Lagardelle-sur-Lèze. Son épouse Nicole est alors professeure à l’INSA où elle exercera jusqu’en 2002. Jusqu'en 2005, il pratique le maraîchage en société à 2 puis en GAEC à 3. Fin 2005, le GAEC est dissous. En 2006, Pierre revient à une exploitation individuelle et son épouse se met à travailler avec lui. Après la vente d’1 ha à son ancien associé, la SAU de l’exploitation se réduit à 3 ha sur lesquels 0,5 ha sont cultivés en maraîchage, 1,5 ha sont en prairies, fauchées pour le foin et 0,5 ha de verger fruitier sur lequel paissent 3 brebis. Les maraîchers vendent la totalité de sa production dans une AMAP. Pierre et Nicole désirent pouvoir concilier travail et vie privée en se dégageant du temps. Pour cela, ils cherchent à obtenir sur de petites surfaces des productions intensives et productives.

Présentation de la ferme

La ferme en bref

  • SAU : 3 ha (0,5ha maraîchage, 0,5ha verger fruitier, reste en prairie)
  • Surfaces cultivées en légumes :
  • Sols sablo-limoneux (10-15% d’argile), terrains partiellement inondables
  • Commercialisation : AMAP


Conditions pédoclimatiques

  • L’exploitation se situe dans une zone très sèche, ce qui impose une irrigation abondante en été. La pluviométrie est déficitaire en été, ce qui entraîne une demande en eau importante (5 mm ETP).
  • Heureusement, l’eau se trouve un peu partout sur le terrain, ce qui a permis la construction de 3 puits et d’un forage profond.
  • Toutefois, une partie du terrain se situe en zone inondable. Lors de crues exceptionnelles, les parcelles situées autour de la maison se retrouvent donc entièrement sous l’eau.
  • Le sol, d’une profondeur de 50 cm, est de type sablo-limoneux. Il s’agit d’une ancienne zone d’alluvions de l’Ariège et contient donc très peu d’argile (10-15%), ce qui facilite la culture des légumes.
  • Les cultures sont protégées du vent par des haies qui entourent l’exploitation sur 2 km.


Niveau de mécanisation

Lorsque Pierre était en GAEC, le travail était mécanique et manuel (sarclage).

Depuis 2006, lors du retour à une exploitation individuelle, il a arrêté toute mécanisation et le travail est devenu entièrement manuel. Les outils principaux sont : le pousse-pousse (cultivateur à roue), la griffe, la binette, la houe, la brouette et de petits outils manuels : pelles, plantoirs...

Pour le travail du sol, Pierre utilisait une grelinette lui permettant de travailler sur 20 cm de profondeur. Il en a désormais arrêté l’usage pour ne plus le travailler que sur 8-10 cm grâce au croc, voire ne faire qu’un travail superficiel interculture au sarcloir ou au râteau.

Motivations

Carcassonne - Luzerne d'Arabie.jpg


En 2010, Pierre travaillait essentiellement sur sol nu. Il avait fini de « larguer les machines (thermiques) » et travaillait le sol avec des outils manuels : houe à pousser, croc, râteau… Le travail du sol réalisé était donc uniquement superficiel.

En hiver, du compost était rajouté sur les planches pour gérer la fertilité des sols. Dans ce contexte-là, de nombreuses adventices levaient. La plus importante d’entre elles était la luzerne d'Arabie.


  • Cette variété de luzerne est un couvert spontané intéressant au mois de mai pour planter directement les cultures dedans car la luzerne finit son cycle au printemps.
  • En mourant, la luzerne d’arabie ne laisse quasiment pas de biomasse, juste un petit mulch. Par endroit elle vient à faire un couvert assez homogène et assez propre en février.
  • Pierre la laissait alors se développer jusqu’au mois de mai et il y plantait les tomates, aubergines, courges en écartant simplement un peu la luzerne.

Les premiers tests de couverts végétaux ont commencé de cette manière. Lorsque Pierre est passé de sol nu à sol paillé avec du gazon, la luzerne est devenue discrète et un autre couvert spontané a pris sa place : le gaillet gratteron.


La 1ère motivation d’intégrer des couverts végétaux à son assolement est de simplifier le travail de reprise des planches permanentes au printemps.


  • En effet, en observant le sol au fil des cultures, Pierre a noté que la culture de radis rose de chine (semé au 15 août) laissait, après récolte au mois de mars, un sol très propre et qu’il suffisait alors de passer un coup de râteau avant de semer la culture suivante.
  • Donc si le couvert est installé dans des bonnes conditions, le temps de reprise des planches au printemps peut être divisé par 4 et la pénibilité du travail est diminuée car le radis s’arrache facilement.

C’est ainsi que Pierre a commencé à intégrer à son assolement des couverts de radis.


La 2ème motivation de s’intéresser aux couverts végétaux est de produire de la biomasse pour créer un paillage sur les planches.

Cela diminue de façon significative les besoins en paillage rapporté.

  • Précédemment, sur la ferme la totalité de la biomasse était importée : paillage organique sur 80% du jardin, au moins une fois dans l’année avec essentiellement de la tonte de gazon.
  • Cela suppose une disponibilité constante de la biomasse sous forme de gazon fourni par le jardinier paysagiste du village, livré de fin mars jusqu’à l’automne.
  • C’est un flux fragile, non disponible partout et temporaire.

L’utilisation de couverts végétaux augmente ainsi l’indépendance de la ferme envers la biomasse rapportée et améliore sa résilience.


La 3ème motivation pour implanter des couverts végétaux est de travailler sur la fertilité du sol.


Pierre n’utilise pas de couverts en été. Les couverts végétaux utilisés en hiver sont composés de couverts spontanés ou de couverts semés.

L’ensemble de ces espèces est utilisé dans un objectif de cultiver des légumes d’été à grand développement.


Objectifs des couverts végétaux

  • Simplifier et diminuer le travail de reprise des planches au printemps
  • Produire de la biomasse pour créer un paillage sur les planches
  • Améliorer la fertilité des sols

Mise en pratique

Gaillet gratteron

Gaillet Gratteron

Le gaillet gratteron est un couvert spontané très intéressant sur la ferme de Pierre et Nicole Besse. De façon autonome, il pousse jusqu’à 1m20 assez facilement, simplement en s’appuyant sur lui-même. Il sèche en juillet (selon la météo) et a un potentiel d’installation spontanée important : depuis 5 ans Pierre l’utilise et n’a jamais manipulé une seule graine !

Le gaillet gratteron se développe cette année sur 900 m² au total du jardin de Pierre et Nicole. Il vient comme base du couvert spontané sur environ 600m², et il complémente spontanément le couvert semé radis/féverole par endroit, sur environ 300m². Au mois de mai, Pierre l’aplatira pour implanter des cultures d’été (cucurbitacées et solanacées). En cas de semis de carottes fin mars, il serait nécessaire de détruire intégralement le gaillet et de mettre le sol à nu. Le schéma de ce couvert spontané de gaillet gratteron est pertinent avec des cultures d’été mais ne l’est pas pour des semis de laitues ou d’épinards par exemple.

Brome stérile

Brome stérile

Le brome stérile est une graminée annuelle d’hiver, maturité plutôt précoce qui sèche en juillet. Une fois écrasé, Pierre peut implanter ses cultures sans problème. Sur la ferme de Pierre et Nicole, on trouve ce couvert spontané sous les haies, dans les sous-bois clairs, aux endroits où il y a de la lumière en hiver et encore au printemps. Ce sont des plantes qui finissent leur cycle à l’ombre et qui en séchant laissent un petit paillage propre. Le couvert redémarre à l’automne.


Le couple gaillet gratteron et brome stérile a du sens puisque leurs cycles sont similaires.

Agrostis Stolonifère

Agrostis stolonifère

L’Agrostis Stolonifère est un chiendent spécial, une graminée vivace stolonifère, à paille extrêmement fine, qui fait un matelas très épais et très moelleux, étouffante au point de tout faire disparaître. Pierre s’interroge sur la possibilité de réaliser des cultures (tomates, courges) dans ce couvert spontané qui semble avoir un certain intérêt.

Radis rose d'hiver de Chine

Mélange Radis et Féverole

Approvisionnement en semences

  • Autoproduction

Descriptif

  • Radis d'hiver : de la famille des crucifères, enracinement pivotant

La variété actuellement utilisée est en réalité une hybridation naturelle qui s'est produite sur le radis rose de Chine, et est soupçonnée par Pierre et Nicole de provenir d'un croisement avec le rapistre rugueux. Cet événement a formé une variété non gélive (comme le radis rose de Chine), qui couvre bien tout le long du printemps, mais dont la partie légume a dégénéré (racine plus dure et enracinée en profondeur). Cette nouvelle variété leur convient, ils font donc en sorte de récupérer des semences tous les ans.

Objectifs

  • Gestion de l'enherbement
Féverole

Itinéraire cultural

  • Date de semis :
  • Densité de semis :
    • Radis : 0,4kg/ha (40 graines/m²)
    • Féverole : 80 kg/ha (15graines/m²)
  • Préparation du sol et semis : Par endroit le semis est semé « proprement », en ligne avec le sillonneur puis refermé avec le râteau, à d’autres endroits il a été jeté à la volée et gratté au croc. La féverole est semée à la canne à semer.
  • Date de destruction du couvert : courant mai
  • Méthodes de destruction :
    • Arraché (produit laissé sur place ou décalé sur une planche voisine), et parfois complémenté par d’autres biomasses. Exemple : pour une culture de haricots fin avril il faut mulcher l’andain central, gratter sur 30 cm à gauche et à droite de l’andain et semer sur ces rangs, et complémenter en gazon si le sol est sale.
    • Fauché
    • Écrasé au pied ou à la planche à écraser

Annexes


Leviers évoqués dans ce système

Matériels évoqués dans ce retour d'expérience

Cultures évoquées



  • Retour d'expérience recueilli durant l'été 2020 - Publication et mise à jour de l'article effectuées en juillet 2021
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